Les premières Assises nationales de l'intelligence artificielle, organisées à Rabat les 1er et 2 juillet 2025, représentent un moment clé dans la trajectoire numérique du Maroc. L'événement a mis en lumière une volonté claire d'intégrer l'IA non seulement comme une technologie, mais comme un levier transversal de transformation économique, sociale et environnementale. À travers les interventions des principaux acteurs publics se dessine une approche stratégique articulée autour de quatre axes majeurs : l'intégration énergétique, l'éducation, l'inclusion économique et le rôle du secteur privé. Mme Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a souligné l'interdépendance cruciale entre l'IA et les systèmes énergétiques, insistant sur la réalité selon laquelle aucune application d'IA ne peut se concevoir sans une infrastructure énergétique fiable et durable. Elle a mis en garde contre la consommation énergétique croissante liée à l'IA, tout en exposant les opportunités que représente l'intégration de systèmes intelligents dans la gestion et l'optimisation des ressources énergétiques, notamment dans le contexte marocain marqué par un important développement des énergies renouvelables. Cette analyse fait ressortir la nécessité d'une synergie entre politique énergétique et stratégie numérique, condition sine qua non d'une transition réussie. Lire aussi : IA: Le Maroc ambitionne de mettre en œuvre une stratégie efficace au service d'un développement humain durable L'intervention de M. Mohamed Saad Berrada, ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, a mis en exergue le stade embryonnaire de l'intégration de l'IA dans le système éducatif marocain, qualifiant cette phase de « bébé en gestation ». Cette métaphore souligne la reconnaissance des défis pédagogiques et institutionnels à relever pour que l'IA devienne un outil pleinement intégré au service de l'apprentissage. La réflexion portée sur la « maturité » de cette intégration invite à considérer l'éducation comme un levier fondamental pour la pérennité des politiques d'IA, en ancrant les compétences et la culture numérique dès le plus jeune âge. Younes Sekkouri, Ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, a mis en lumière la nécessité d'accompagner la population, en particulier les jeunes, dans la compréhension et l'appropriation des technologies d'IA. Son discours illustre l'importance d'une politique inclusive qui dépasse la simple diffusion technologique, pour favoriser l'accélération des usages et la réduction des inégalités d'accès. Cette approche est essentielle pour garantir que l'intelligence artificielle devienne un moteur de création d'emplois et d'opportunités, plutôt qu'un facteur d'exclusion. De son côté, Chakib Alj, président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), a insisté sur l'urgence d'une réponse structurée et systématique du secteur privé pour développer les compétences nécessaires face à la transformation numérique. Il souligne que la formation, notamment dans les domaines de la santé et de l'enseignement supérieur, doit être repensée en profondeur pour répondre aux besoins émergents. Son appel à la multiplication des écoles spécialisées illustre la volonté de doter le pays d'un capital humain capable d'accompagner et de soutenir le développement de l'écosystème IA. L'ensemble des interventions convergent vers la nécessité de construire une intelligence artificielle qui soit à la fois éthique, durable et intégrée aux enjeux stratégiques nationaux. Ainsi, la combinaison des défis énergétiques, éducatifs, économiques et industriels nécessite une gouvernance inclusive et coordonnée, plaçant les valeurs humaines au cœur des politiques publiques. Le Maroc, conscient de l'urgence et de la complexité de cette transformation, semble s'engager dans une démarche pragmatique, tournée vers l'intégration sectorielle et la coopération internationale avec des partenaires partageant des valeurs similaires.