ALERTE.Devant l'ampleur des pratiques dopantes dans le sport marocain, l'Association marocaine de sensibilisation sur les dangers du dopage dans le sport (AMSDS) plaide pour la mise en place, dans les plus brefs délais, d'un laboratoire antidopage accrédité. Le Maroc est classé au 4ème rang des pays les plus impliqués dans des cas de dopage après la Russie, la France et les Etats- Unis. Sur le terrain, les produits dopants, anabolisants stéroïdes, hormones de croissance, hormones synthétiques, diurétiques… sont commercialisés au vu et au su de tout le monde. Athlètes, footballeurs, bodybuilders, boxeurs, professionnels et amateurs, les cas de contrôles positifs impliquant des sportifs marocains sont nombreux. Pour faire face à cette situation de plus en plus alarmante, l'Association marocaine de sensibilisation sur les dangers du dopage dans le sport (AMSDS), a tenu une rencontre le 28 février 2012, à Rabat. Une occasion pour les instances de veille sur les dérives des pratiques sportives d'appeler à la création d'un laboratoire antidopage. Un projet dont on parle depuis plusieurs années, mais qui n'a pas encore vu le jour. Ce qui est sûr, c'est qu'un laboratoire de ce type au Maroc, entièrement dédié au dopage, est à même d'accroître la surveillance et la vigilance dans le sport national pour éviter des épisodes comme ceux vécus lors des championnats du monde d'athlétisme à Berlin en 2009, où plusieurs athlètes marocains ont été sanctionnés pour dopage. Autrement, dit, il s'agit d'un travail en amont pour lutter contre les fraudes et les tricheries et assainir le sport marocain. De façon plus concrète, le but est de faire des prélèvements biologiques sur les sportifs, les faire analyser dans des laboratoires accrédités par l'Agence mondiale antidopage (AMA), et compter les cas positifs parmi les échantillons prélevés. C'est pour cela que les spécialistes du dopage au Maroc insistent sur le fait que la réalité du fléau est loin d'être connue car les cas révélés au Maroc sont isolés et sont le fruit de contrôles effectués par les fédérations internationales au cours des manifestations sportives internationales. Contrôles inopinés Pourtant, l'autorité nationale de contrôle antidopage avait prévu de procéder à des contrôles inopinés à partir de février 2009. Il faut rappeler ici que cette autorité est composée de médecins et agents de contrôle. Il s'agit donc d'une commission mixte gérée conjointement par le ministère de la Jeunesse et des Sports et le Comité national olympique marocain. Les médecins et agents de contrôle se déplaceront sur les lieux d'entraînements des sportifs nationaux pour contrôle. Le ministère de la Jeunesse et des Sports est engagé dans plusieurs chantiers en matière de lutte contre le dopage à côté d'autres projets à caractère médical tels que le livret médical des sportifs, l'assurance sportive, la formation des médecins et responsables des fédérations ainsi que la mise en place de la Commission nationale de prévention et de lutte contre le dopage (CNPLD). Sauf que, malgré toutes ces dispositions, des sportifs marocains sont toujours pris pour dopage et le recours à ces techniques de tricheries est de plus en plus étendu. Poursuites judiciaires C'est ce qui pousse une association come l'AMSDS à demander en urgence la création d'une agence nationale de lutte contre le dopage, qui remplacera la CNPLD. L'AMSDS propose que l'agence soit sous l'autorité d'un magistrat nommé par le ministère de la Justice, et non sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports, et doit faire l'objet du contrôle et d'un suivi régulier de la part du Parlement et de la Cour des Comptes. Aujourd'hui, plusieurs lacunes sont observées. D'abord le manque au niveau de la recherche scientifique et au niveau des cadres médicaux et juristes spécialisés dans ce domaine. Sans oublier que la justice doit sévir face à des réseaux mafieux de commercialisation des anabolisants. C'est ce qu'a précisé Mohamed Sebbar, le secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Lors d'une journée d'étude consacrée au dopage insistant sur «l'absence d'une loi régissant le contrôle et la répression des cas impliqués de dopage, malgré l'adoption par le conseil ministériel du projet de loi n 08/51 relatif à cette question, à une époque où le sport au Maroc est entré dans le professionnalisme» Contrôles et sanctions Six mois à un an de prison pour les sportifs qui refuseront de se soumettre aux examens Selon l'article 13 du projet de loi, ce sont les officiers de la police judiciaire agissant dans le cadre des dispositions du Code de procédure pénale, les agents de l'Administration assermentés et commissionnés à cet effet, qui seront chargés du contrôle antidopage. Ces agents font effectuer, selon le cas, par des médecins ou des vétérinaires, agréés à cet effet, des prélèvements d'échantillons biologiques, urinaires ou sanguins, sur les sportifs ou sur les animaux utilisés dans le sport, destinés à mettre en évidence l'utilisation des méthodes prohibées ou à déceler la présence dans l'organisme de substances interdites. Outre les sanctions disciplinaires, le projet prévoit des sanctions pénales drastiques contre les contrevenants à cette loi. Ainsi l'article 36 stipule: «Est puni d'un emprisonnement de six mois à un an et d'une amende de 10.000 à 50.000 DH ou de l'une de ces deux peines seulement, le fait de s'opposer à l'exercice des fonctions dont sont chargés les agents et les médecins». De même le projet punit d'un emprisonnement de un à trois ans et d'une amende de 50.000 à 100.000 DH ou de l'une de ces deux peines seulement, le fait de prescrire, de céder, d'offrir, d'administrer ou d'appliquer à un joueur ou athlète licencié ou à un animal utilisé dans le sport une substance ou une méthode interdites. Le même projet institue une “Commission nationale de prévention et de lutte contre le dopage”. Sa présidence sera confiée à une personnalité désignée par décret, elle sera composée de cinq représentants de l'Administration et de cinq personnalités représentant le secteur privé, dont trois doivent être compétentes dans les domaines de la pharmacologie, la toxicologie et de la médecine du sport. Les deux autres sont des personnalités qualifiées dans le domaine du sport, dont un membre du Comité national olympique marocain