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L'héritage de la maudite..., par Hicham Rouzzak
Publié dans PanoraPost le 02 - 11 - 2015

Il n'existe pas d'islam modéré et un autre radical… non, il y a un islam tel qu'il était supposé être, et un islam comme on a voulu qu'il soit. Il y a l'islam comme relation directe avec le Créateur, fondé sur la base du principe « interroge ton cœur » pour distinguer le Bien du Mal… cet islam qui a été expliqué par le Prophète dans cette phrase : « Le Bien est ce qui est dicté par l'âme, et le Mal est ce qui écorche cette âme et marque une hésitation dans le cœur, même s'il est inspiré par les autres ».
Et puis, nous avons aussi l'islam de la fatwa… cet islam « ecclésiastique » qui a été créé pour mettre en place une « institution de la (inter)médiation » trompeuse entre l'être et son Créateur, un islam constitutif d'une « église islamique » en tant qu'entité autonome et fondée sur des interprétations fausses, née par la force et ayant fait naître ce qu'on peut appeler « la classe des hommes de religion », un ersatz de clergé musulman.
Cette classe a posé les fondements de son existence, dès le départ, sur la (mauvaise) foi de mensonges et de mystifications dont les principaux sont cette interprétation et cette exégèse du Coran. Ces gens expliquent la parole de Dieu aux fidèles, comme s'ils voulaient nous dire et nous faire croire que Dieu n'a pas révélé, en fait, Sa parole, à tous les croyants pour qu'ils la comprennent et l'appliquent… Non, ils veulent nous faire accroire que le Divin n'a pas voulu que Sa révélation soit claire et explicite, mais qu'il a souhaité, en l'adressant aux hommes, qu'elle soit accompagnée d'une caste ecclésiastique qui s'est accaparée des clés de lecture de la Parole afin de rester la seule à maîtriser l'interprétation de cet islam qu'elle a voulu, effectivement, valable en tous lieux et de tous temps…
Oui… nous sommes aujourd'hui tenus d'admettre que l'évolution de l'Etat en islam n'aurait pu être en dehors de ce clergé, ces gens qui ont théorisé le « califat », qui ont fait de la politique au nom de la religion, en louant et rendant possible la victoire des Omeyyades et des Abbassides, et avant en inspirant la révolte contre Ali bnou Abi Talib (gendre du Prophète et 4ème Cailfe) et en dictant encore bien avant la succession d'Abou Bakr Es-Seddik.
Une classe… qui a fondé sa création, posé sa symbolique et imposé sa domination absolue par l'offense faite à un verset du Coran. Ces gens ont, un jour, pris le dessus sur les croyants considérés « égaux comme les dents d'un peigne », et ont mis en place l'idée de la « rente islamique », puis se sont érigés en « héritiers des prophètes », et, enfin, ont signifié leur argument à travers un verset qu'ils ont détourné… ce verset a été sorti de son contexte, interprété selon leur bon vouloir et présenté éhontément sous l'aspect une vérité absolue et indéniable : « Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas » (16 :43).
« Les gens du rappel » se sont transformés ici, abusivement, en « gens de religion » que l'islam n'a absolument pas entériné ni même mentionné. La vérité est que dans cette affaire, l'interprétation faite du verset est une parfaite forfaiture… En effet, que dit le verset ? « Nous n'avons envoyé, avant toi, que des hommes auxquels Nous avons fait des révélations. Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas ». Ce qui signifie que le Prophète de l'islam, comme ses prédécesseurs, sont tous des hommes, que des hommes, des créatures que Dieu a choisi pour ses révélations. Ils ne sont ni anges ni dieux, ils ne sont que des créatures…
Le plus important dans ce verset est que « les gens du rappel » y évoqués, et que le Coran recommande de consulter de la part de ceux qui ont « renié Mohammed » et qui lui ont refusé sa prophétie… ces « gens du rappel » sont les « gens de la Bible » et les « gens de l'Evangile » qui rappelleront les légendes prophétiques et qui informeront de leur réalité et leur essence purement humaines. Ce sont donc ces gens qui sont désignés par « les gens du rappel » et non ceux qui se sont autoproclamés « faquihs » et « théologiens » d'une religion dont le fondement est la relation directe entre le Créateur et ses créatures, sans intermédiation artificielle et superficielle.
La fausse interprétation faite par ces individus, donc, ne se contente pas seulement d'identifier une « caste d'exégètes » non mentionnés dans et par l'islam mais pose aussi à travers les siècles les jalons d'un écart illusoire entre l'Homme et Dieu afin d'empêcher les croyants de poser des questions, de s'interroger et de questionner leurs besoins spirituels… ce verset a été instrumentalisé pour dissuader le musulman d' « interroger son cœur » et aussi pour consacrer ceux qui se présentent en « hommes de religion » comme les seuls responsables de la compréhension de la religion, de son interprétation et de la promulgation de fatwas… reléguant les autres, tous les autres, comme de simples récipiendaires interdits d'approcher de tout ce que ce « clergé » considère comme une science… d'approcher en fait de « leur » religion.
Et puis, avec le temps qui passe, l'interprétation a pris un caractère de sacralité, encore plus sacré que l'islam en lui-même. Les « théologiens » et leurs « rites » sont devenus plus sacrés que le texte… A mesure que les siècles s'écoulaient, on ne croyait plus au principe voulant que « le Bien est ce qui est dicté par l'âme, et le Mal est ce qui écorche cette âme et marque une hésitation dans le cœur, même s'il est inspiré par les autres »… on ne croyait plus qu'à la fatwa, une fatwa devenue désormais plus sacrée que « ce qui est dicté par l'âme »…
L'islam… il n'a pas interdit l'esclavage, mais a fait de l'affranchissement des esclaves une forme de sanction contre ceux qui fautent. Or, plus tard, avec le temps et l'humanité avançant avec le progrès des valeurs de liberté et de justice, l'esclavage est devenu un crime et la liberté a été consacrée comme étant la règle. On ne se rappelle pas qu'avec cette nouvelle législation, les musulmans aient un jour été offusqués ou heurtés. Ils n'ont jamais considéré que la criminalisation de l'esclavage fût un ébranlement de leur foi ou une déviation des principes de l'islam. Non, les croyants ont estimé que l'évolution des hommes et de leurs sociétés ne pouvait plus s'accommoder de l'esclavage, mais sans pour autant renoncer à leur religion dans sa globalité.
Les musulmans… dans tous les lieux où ils vivent et dans tous les pays qui sont les leurs (excepté certains bastions géographiques de l'injustice la plus inhumaine), ne pratiquent plus l'amputation de la main du voleur ou la lapidation d'un être humain, quelle que soit sa faute… Ils ont transformé bien des châtiments corporels en sanctions de droit positif, et cela n'a aucunement fait d'eux de mauvais musulmans ou de croyants en mal de foi…
Mais aujourd'hui… quand on évoque la question de l'héritage en droit musulman, et plus particulièrement le statut de la femme face à cette question, nous nous retrouvons confrontés aux mêmes campagnes de forfaitures, d'impostures et de fausses conjectures.
Et en s'aidant, en s'armant du texte coranique, l'interprétation servie aux croyants devient plus sacrée.
Ainsi, au nom de cette explication tendancieuse du verset « Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas », les autoproclamés exégètes et « gens du rappel » veulent nous empêcher de débattre des progrès de nos sociétés… de chercher de nouvelles clés de lecture et de mettre en place de nouvelles grilles d'explications pour une religion que l'on veut autant qu'elle se veut elle-même, valable de tous temps et en tous lieux, coexistant avec toutes les évolutions et les avancées que nous connaissons.
Ces gens-là souhaitent que l'on s'arrête à l'interprétation, mais pas au texte lui-même ; ils veulent que l'on croit que les limites du testament sont celles qui ont été faites par l'exégèse et non par le Coran… que le testament ne peut dépasser la barre du tiers, alors même que le texte sacré n'a rien dit de tel… Ils veulent que nous admettions qu'Ibn Taymiya et d'autres encore sont plus sacrés que « l'interrogation de son cœur »…
Ils veulent que nous considérions la femme aujourd'hui dans les mêmes conditions qui lui avaient valu d'être, naguère, « la moitié d'un humain »… qui l'avaient estimé inapte à gérer, à commander, à diriger… bref, à être un être à part entière, et non la moitié de cette part.
Ceux qui pensaient que l'esclavage que l'islam n'interdisait pas n'allait jamais disparaître, qu'il n'allait jamais devenir ce crime monstrueux que tous les droits condamnent, sont les mêmes que ceux qui voudraient que, aujourd'hui, personne ne s'attelle à un débat sur l'héritage, que personne « n'interroge son cœur » sur ce sujet, face à l'évolution des mœurs et des sociétés… ce sont ces gens qui dénient au musulman/être humain le droit d'interroger sa religion, de questionner son âme pour trouver des réponses adéquates à des points devenus inadéquats… Ce sont toujours eux qui se sont emparés de l'autorité religieuse qu'ils ont monopolisée, qui récusent tout droit à quiconque ne serait pas des leurs de faire une autre lecture de ce qu'ils voient et de ce qu'ils lisent… Ils ne veulent pas, en quelques mots, que les croyants établissent d'autres règles, qui ne seraient pas contraires à l'esprit du texte et qui seraient, dans le même temps, conformes à la marche de leur temps et la nature de leur humanité…
Ils ont fait de la religion un monopole autour duquel ils ont bâti un marché qu'ils défendent à tout autre qu'eux d'arpenter…
L'affaire peut paraître surréaliste… causer héritage des femmes au temps de Daech et des adorateurs du sang qui ont fait d'elles des marchandises qu'on s'échange dans les marchés aux esclaves…
…causer héritage des femmes à l'époque de Jamal Qotb, le ci-devant président de la commission des fatwas de l'université d'al-Azhar, et qui avait dit un jour que « la travailleuse à domicile est la propriété de celui qui l'emploie et la paie »…
… causer héritage des femmes en ces temps troubles à quelque chose d'irréel, d'illogique, mais ce qui est sûr est que le véritable combat n'est pas vraiment celui de faire hériter les femmes au même titre que les hommes car la raison humaine et l'esprit de la Révélation finiront bien par l'emporter… Non, la bataille la plus importante est celle qui aura lieu contre ceux qui ont volé la religion et l'ont détournée à leur profit, qui l'ont soumise à leur volonté alors qu'ils sont humains comme nous tous, de simples humains mais qui se sont érigés en tuteurs de la foi, en gardiens des consciences, en intermédiaires entre Dieu et ses créatures dans une religion de la médiation, telle qu'ils la conçoivent.
Etrange… oui, il est étrange aujourd'hui de constater le degré de rapprochement entre le mot « journaliste » et l'expression « militant religieux », tous deux s'en prenant avec la même admirable virulence à ceux qui s'approchent du domaine de l'héritage.
Etrange de voir comment ils nous opposent « leur sacralité » pour ne pas nous atteler à une (vraie) sacralité qui est notre bien commun, et de constater comment ils manœuvrent avec une louable régularité à diaboliser tous ceux qui veulent aborder cette question…
Etrange de noter comment ils nous demandent de nous soumettre à l'interprétation du texte et non au texte lui-même…
Ceux qui nous demandent aujourd'hui, qui exigent de nous, le silence sont les mêmes qui ont accepté l'interdiction temporelle de l'esclavage, faisant fi de l'absence d'interdiction céleste. Ils comprendront, un jour venu, que la question de l'héritage des femmes ouvrira plus tard sur une vérité bien plus grande et encore plus vaste… et cette vérité est que la pire forme d'héritage est celle que nous avons reçue à travers ce hold-up contre la religion, un hold-up qui l'a transformée en cette chose rigide et statufiée, ce hold-up qui a fait de l'interprétation outrageuse une plus grande sacralité que la religion et son texte, véritablement sacrés.
Ce n'est aujourd'hui plus la femme qui est maudite, elle qui mérite aujourd'hui plus que jamais d'être l'égale de l'homme… Non, c'est cette classe hybride, mélange de tout et de tous, peuplée d'individus qui se font appeler « hommes de la religion », qui ont créé un clergé qui n'a jamais été voulu ni souhaité.
Et donc, pour pouvoir discuter et débattre de l'héritage de la femme, de la liberté des gens, de leur vie avant la mort et de leur existence dans l'au-delà, il nous faut faire le plus important…
… en l'occurrence de récupérer notre religion des mains de ceux qui se la sont accaparée, de ces voleurs qui l'ont monopolisée…
De comprendre et d'admettre que la relation de l'homme à son Dieu n'a pas besoin d'intermédiaires, que le texte est sacré mais qu'il peut être interprété, que les exégèses trompeuses, que les faquihs et autres oulémas autoproclamés et tout ce clergé auto-désigné ne sont nullement sacrés… qu'ils n'ont aucune légitimité pour exister, du moment qu'ils ont bâti tout leur argumentaire concernant la question de l'héritage sur les attaques contre la légitimité du CNDH !!


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