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Ce que dit le Coran du mariage de la femme musulmane avec un non-musulman (1ère partie)
Publié dans Yabiladi le 13 - 09 - 2012

Il va sans dire que l'union conjugale entre une musulmane et un non-musulman représente l'un des grands sujets tabou des débats sur l'islam. Selon un consensus quasi général et religieusement hermétique, il est formellement interdit pour une musulmane de contracter un mariage avec un non musulman et ce quelle que soit la religion de ce dernier. Tandis qu'il est permis pour le musulman de se marier avec une non musulmane, notamment chrétienne ou juive, ces dernières étant considérées par la tradition scolastique islamique comme appartenant aux «gens du Livre».
Que dit donc le Coran et comment y est traitée cette question du mariage des musulmans et des musulmanes avec ceux qui n'appartiennent pas à cette même religion ?
Il y a dans le Coran, un seul verset qui parle de ce sujet de façon évidente. Ce verset, est sans conteste, le verset principal définissant la prescription concernant le mariage avec une certaine catégorie de non musulmans.
«N'épousez pas les femmes idolâtres (al mouchrikate) tant qu'elles ne sont pas des croyantes (hata you'mina). Une esclave croyante est préférable à une idolâtre libre même si celle-ci a l'avantage de vous plaire. N'épousez pas les hommes idolâtres (al mouchrikine) tant qu'ils ne sont pas des croyants (hata you'minou). Un esclave croyant est préférable à un idolâtre, même si ce dernier a l'avantage de vous plaire ; Car ceux-ci (les négateurs) vous convient à l'enfer alors que Dieu, par Sa Grâce, vous invite au paradis et à l'absolution de vos péchés. Dieu décrit avec clarté Ses versets aux êtres humains afin de les amener à réfléchir » Coran 2 ;221.
Ce verset est tout à fait clair quant à l'injonction coranique prohibant le mariage entre les croyants - hommes ou femmes – et ceux ou celles qui, à l'époque, étaient désignés par le terme de «mouchrikine», autrement dit des polythéistes.
Il faudrait tenir compte du fait que cette prescription avait tout son sens à l'époque où, faudrait t-il le rappeler, les polythéistes (al mouchrikine) s'étaient engagés dans une guerre sans merci contre les croyants musulmans. Il est à rappeler aussi que les polythéistes représentaient la caste des nantis de l'époque, qui vivaient dans l'opulence et les fastes d'une richesse qui frisaient l'indécence et dont le mode de vie était justement fortement remis en question par l'impartialité et l'équité des nouvelles valeurs sociales imposées par l'éthique islamique.
Le Coran, semble comprendre qu'il puisse y avoir des affinités entre un croyant ou une croyante et une personne polythéiste, mais recommande fortement d'éviter une telle alliance. C'est ainsi que le verset semble inciter les musulmans, hommes et femmes, à préférer les humbles esclaves croyants aux riches et arrogants polythéistes, même si dans leurs apparences ils pouvaient être plus attirants que les pauvres esclaves.
Cette allusion aux «esclaves», hommes ou femmes, est assez révélatrice des valeurs morales que tentait d'inculquer la Révélation coranique. D'abord, tout en «tolérant» l'état de fait d'une situation universelle où l'esclavage était chose courante, le Coran tentait parallèlement de briser les premières chaines de la hiérarchie sociale, en préférant ces «pauvres» esclaves croyants à ceux qui vivaient dans l'insolence de la richesse et les fastes de l'élite de l'époque.
En se mariant avec les esclaves, malgré leur situation de précarité sociale, l'islam incitait les musulmans à évaluer les personnes au-delà de leur statut social et, de là, à rééquilibrer les disparités voulues par le système ethnico tribal de l'époque.
D'autre part, il fallait protéger les nouveaux croyants des exactions portées par les polythéistes qui voyaient dans cette nouvelle religion un danger pour leurs propres intérêts. Le Coran exhorte les musulmans et les musulmanes à s'unir avec des croyants, qui comme eux, avaient cette conscience de la foi et de la justice sur terre. Il s'agissait d'éviter à tout prix le mariage avec des polythéistes qui s'acharnaient à renier et à combattre une religion qui, incontestablement, était en faveur des plus démunis et des opprimés sur terre.
Les musulmans et les musulmanes étaient donc invités à s'unir avec ceux qui, comme eux, étaient dans cette croyance en un Dieu transcendant, symbole d'un monothéisme épuré de toutes les divinités matérielles et de toutes les injustices.
Le verset en question stipule donc qu'il est permis aux hommes musulmans et aux femmes musulmanes de contracter un mariage avec des croyants (mou'minine) et de s'abstenir d'épouser des polythéistes (mouchrikine). Notons, tout d'abord, l'approche totalement égalitaire du verset envers les hommes et les femmes et qui ne prête à aucune confusion. L'injonction est parfaitement égalitaire et interpelle les hommes et les femmes d'une façon strictement équivalente.
En contrepartie, ce qui est sujet à débat et qui n'est pas clairement défini par le verset, c'est bien le concept du croyant et de la croyante avec lesquels les musulmans et les musulmanes sont autorisés à s'unir.
De quels «croyants» s'agissait –il ? S'agissait-il de ceux qui venaient uniquement d'embrasser l'islam ? Ou bien s'agissait –il de la croyance dans le sens large du mot, la croyance en un Dieu et en une Révélation monothéiste, ce qui inclut normalement les croyants des autres monothéismes?
Il est vrai que le verset présente des latitudes importantes quant à l'interprétation que l'on pourrait en soutirer. Mais quelle que soit cette interprétation, une chose est au moins évidente dans cette prescription coranique, c'est le fait que ce qui vaut pour les hommes musulmans vaut pour les femmes musulmanes.
Or, ce n'est pas du tout ce qui ressort des différentes compilations d'exégèses islamiques. En effet, quand on parcourt les différents commentaires coraniques classiques, on est assez étonnés de constater qu'à travers un consensus établi, cette notion de «croyants et croyantes» a été perçue différemment selon qu'il s'agissait d'hommes musulmans ou de femmes musulmanes.
En effet, l'ensemble des commentaires classiques, se sont plutôt attardés sur la première partie du verset qui interpelle les hommes musulmans et les débats divergents se sont surtout focalisés autour des concepts de «femme croyante» et de «femme polythéiste» avec laquelle un musulman était légalement autorisé à s'unir[1].
L'exégète Ibn Kathir commence son commentaire sur ce verset, par définir «les polythéistes» en précisant qu'il s'agissait des personnes appartenant à ceux qui adoraient les idoles (abadatou al assnam)[2].
La majorité des exégèses, aussi bien classiques que contemporaines, vont donc détailler avec force la première partie de ce verset qui interpelle les hommes musulmans en ne prêtant finalement que très peu d'attention à la deuxième partie où il est question du même cas, à savoir, celui concernant les femmes musulmanes.
C'est ainsi que l'on constate que les commentateurs vont stipuler que les hommes musulmans sont autorisés à épouser les femmes appartenant «aux gens du livre» (ahl al kitab), à savoir chrétiennes ou juives et qui sont considérées – par la majorité de ces mêmes commentateurs - comme appartenant à la grande communauté des croyants. La majorité des exégètes vont étayer leur argumentaire par le fait que ce verset a, en fait, était légitimé par un autre verset qui confirme la permission donnée aux hommes musulmans à se marier avec les chrétiennes ou les juives et qui, en passant, exclut ces dernières de la notion d'incroyance ou Kufr affirmée par d'autres savants [3].
En effet, le verset auquel font allusion ces différents commentateurs dit ce qui suit «Pour ce qui est du mariage, il vous est permis de vous marier aussi bien avec d'honnêtes musulmanes qu'avec d'honnêtes femmes appartenant à ceux qui ont reçu les Ecritures avant vous, à condition de leur verser leur dot, de vivre avec elles en union régulière, loin de toute luxure et de tout concubinage» Coran 5 ;5.
Ce verset semble, pour la majorité des exégètes, clore le débat sur «l'incroyance» des chrétiens ou juifs et les innocente aussi bien du concept de l'incroyance que de celui du polythéisme Shirk.
L'exégète Ibn Achour, s'étendra un peu plus dans son commentaire en précisant que ce qui est définitivement interdit pour les musulmans hommes ou femmes se sont bien les polythéistes (el mouchrikine) alors que les personnes appartenant aux autres religions monothéistes ne sont pas citées de façon évidente. Il lui semble par ailleurs que le concept de polythéiste n'a pas de contenu clair, même s'il conclut à l'instar des autres savants que le mariage est autorisé pour les musulmans avec les chrétiennes et les juives[4].
Quant à la deuxième partie du verset concerné et qui semble offrir les mêmes latitudes pour les femmes musulmanes que celles offertes pour les hommes musulmans, on peut affirmer sans équivoque, qu'à l'unanimité, les savants et juristes musulmans s'accordent à ce que l'union entre une musulmane avec un non musulman qu'il soit polythéiste, chrétien ou juif est strictement interdite.
Ibn Achour affirme qu'il n'y a pas de textes qui permettent ou interdisent l'union conjugale entre des musulmanes et les hommes chrétiens ou juifs. Il affirme aussi que l'ensemble de la communauté savante s'est accordée à l'interdire pour diverses raisons, certaines relevant de l'analogie (al quiyass), d'autres du consensus (Ijmaa), mais avoue qu'il n'y a pas de raisons précises relevant des textes scripturaires[5]. Pour ce même savant, l'interdiction du mariage d'une musulmane avec un chrétien ou un juif ne relève d'aucun texte coranique ou prophétique mais plutôt d'un accord décidé par l'ensemble des savants de toutes les époques[6].
[1] A l'instar de Attabari, Ibn Kathir, Azamakhchari et Arrazi .
[2] Tafssir Ibn Kathir , p 604, Vol 4.
[3] Voir commentaires dans Tafssir Attabari , p 299, Vol17 et Tafssir Ibn Kathir supra .
[4] Tafssir atahrir wa atanouwir de Ibn Achour, p359, Vol 1-2.
[5] Supra.
[6] De très rares Hadiths affirmant l'interdiction du mariage des musulmanes avec les «gens du livre» sont considérés faibles de l'avis de la majorité des savants , voir Attabari dans son commentaire sur le verset 2 ;221, références supra.


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