Au moins 1.634 personnes ont été exécutées en 2015, selon un rapport d'Amnesty International, soit une hausse de 54% par rapport à 2014. 25 pays sont concernés, contre 22 l'année d'avant. D'après l'ONG, l'intensification des exécutions conduites en Arabie Saoudite, en Iran et au Pakistan expliquerait cette tragique tendance. 89% des exécutions recensées en 2015 s'y concentreraient. Qu'en est-il du Maroc ? Dans les trois pays incriminés L'Arabie Saoudite a exécuté au moins 158 personnes, généralement après des procès iniques car concernant majoritairement des étrangers qui ne parlent pas l'arabe et qui n'ont donc pas droit à un procès équitable. Les motifs ? Apostasies, offenses à l'islam, adultères, viols et meurtres. Pour sa part, l'Iran a tué au moins 977 condamnés, une grande partie d'entre eux ayant été pendus ou fusillés pour trafic de stupéfiants, « ce qui va à l'encontre du droit international qui tolère la peine capitale pour les crimes les plus graves », explique Anne Denis, responsable de la commission pour l'abolition de la peine de mort d'Amnesty. Quant au Pakistan, 320 peines de mort y ont été exécutées en 2015, un chiffre macabrement record pour ce pays, expliqué par la levée du moratoire sur les exécutions civiles en décembre 2014. Il y a également les Etats-Unis, où 28 personnes ont été exécutées en 2015, mais on notera que les chiffres d'AI n'incluent pas les mises à mort en Chine, où ces chiffres relèvent du secret d'Etat et où on estime le nombre de personnes exécutées à « des milliers », souvent pour corruption, considérée comme crime économique passible de la peine capitale. Et au Maroc ? Lors d'une conférence de presse d'AI Maroc, son directeur Mohamed Sektaoui a révélé que 9 condamnations au châtiment suprême ont été prononcées en 2015 dans les tribunaux marocains, ce qui place quand même le pays dans une position « acceptable » par rapport à la zone MENA dans laquelle 831 condamnations à mort ont été prononcées dans 17 pays. Sektaoui a rappelé les recommandations d'abolition de la peine de mort de l'Instance Equité et Réconciliation et il a également mentionné l'article 20 de la constitution sur le droit à la vie. Le Maroc applique un moratoire sur l'application de la peine de mort depuis 1993, date de la dernière mise à mort, celle du commissaire Tabit. Néanmoins, le projet de Code pénal actuellement (encore) en discussion prévoit la peine capitale, même si le nombre de crimes qui en sont passibles est en nette régression. AI Maroc appelle à une suppression pure et simple de ce châtiment des textes marocains, civils ou militaires. Une lueur d'espoir ? Avec 102 pays abolitionnistes, on peut estimer que « les Etats qui procèdent à des exécutions sont minoritaires et de plus en plus isolés. Les autres ont pour la plupart renoncé à la peine capitale et, en 2015, quatre nouveaux pays ont complètement retiré ce châtiment barbare de leur législation », explique AI. Et les justices des différents pays se montrent plus sensibles à la peine capitale… En effet, pour ce qui est des condamnations à mort en 2015, Amnesty en a recensé « au moins 1.998 dans 61 pays, soit beaucoup moins qu'en 2014 (au moins 2.466 dans 55 pays) ».