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Ukraine : Les Marocains résidents à Soumy, otages d'une ville encerclée
Publié dans Yabiladi le 28 - 02 - 2022

Loin d'à peine 30 kilomètres de la frontière russe, Soumy a été en proie à de violentes attaques militaires, dimanche. La ville ukrainienne est désormais encerclée, ce qui rend impossible toute sortie sans s'exposer à des tirs. Une trentaine de ressortissants marocains, étudiants et travailleurs, sont pris au piège. Récit d'une situation cauchemardesque.
Dimanche, les 260 000 habitants de la ville de Soumy (nord-est de l'Ukraine) ont passé pratiquement toute la journée dans les abris souterrains de leurs habitations, en proie à de violents échanges de tirs militaires dans les rues. Les routes qui mènent à l'extérieur de la ville sont désormais infranchissables, laissant la population civile dans la peur de se retrouver victime collatérale des combats armés. Une trentaine de ressortissants marocains figurent parmi eux. Ils lancent un appel de détresse afin qu'une issue soit trouvée pour permettre leur évacuation sans risques.
Etudiante en master d'ingénierie de construction, Yasmine décrit auprès de Yabiladi «une journée épouvantable». «Ça a déjà commencé le premier jour de l'intervention avec des frappes aériennes violentes qui m'ont réveillée à cinq heures du matin. Je n'ai pas fermé l'oeil, en attendant avec angoisse de contacter mes parents dès leur réveil, parce que je ne voulais pas qu'ils tombent sur les images à la télévision, en matinée. J'avais réservé mon billet le 22 février pour rentrer au Maroc, mais l'intervention russe a commencé avant la date de mon vol», déplore-t-elle. Depuis, «il y a eu chaque jour des manœuvres militaires de différente nature, jusqu'à la journée chaotique d'hier», nous confie la jeune étudiante. «Nous avons entendu la sirène, nous sommes immédiatement allés chez nos voisins pour nous abriter au sous-sol», raconte Yasmine.
«Plus tard, nous sommes ressortis en pensant que l'intervention militaire était terminée. Mais une fois dehors, j'ai aperçu un flash de lumière très puissant, qui est passé dans le ciel en une fraction de seconde. J'ai tout de suite alerté mes voisins que ce n'était pas fini. Alors qu'ils essayaient de me rassurer, nous avons entendu une nouvelle déflagration et nous avons couru une nouvelle fois vers la cave. Nous y sommes restés toute la journée.»
Yasmine, étudiante en ingénierie
Des habitants de Soumy pris au piège
Pour l'heure, Yasmine et ses voisins n'ont d'autre choix que de rester regroupés dans leur habitation, dotée d'un sous-sol sécurisé. «Quiconque essaye de sortir de la ville peut être visé. Il y a eu de très rares personnes qui ont pu fuir au début. Je ne sais pas comment ils ont réussi à contourner les soldats, mais ceux qui ont essayé de faire de même par la suite ont été touchés par les tirs. Hier, une femme et un enfant ont pris une balle, lorsque le père de famille conduisait sa voiture pour quitter la ville», relate-t-elle avec frayeur.
La jeune étudiante déplore qu'«il n'y ait ni train ni transport en commun pour sortir les habitants de manière sûre». Elle explique par ailleurs «comme la ville est très petite, les gens ne pensaient peut-être pas qu'il y avait des Marocains à Soumy, puisqu'on est présent surtout à Kharkov».
«Je crains que l'ambassade du Maroc à Kiev ne puisse rien pour nous, car ceux qui nous encerclent à Soumy ne sont pas les Ukrainiens. Mais j'espère que vous n'allez pas pour autant nous oublier ici. A l'heure où je vous parle, nous avons éteint toutes les lumières de la maison, nous tâchons de ne pas faire de bruit et de parler doucement, en redoutant de nouvelles attaques. Les nuits sont longues et on ne dort presque pas, par peur de ne plus se réveiller…»
Yasmine
Les Marocains d'Ukraine dans l'enfer des bombardements russes
Egalement résident à Soumy, Wail, étudiant en première année de médecine, a décrit lui aussi auprès de Yabiladi «un dimanche chaotique». «La ville est encerclée, il y a eu hier des échanges de tirs continus dans toutes les rues, des bombardements, des incendies de bâtiments… Un couvre-feu a été instauré de 17h à 7h et tout véhicule non-militaire qui n'est pas identifié est visé par des tirs, ce qui signifie pour nous l'impossibilité de sortir de la ville», se désole-t-il. «La voie ferrée depuis et vers Soumy a été coupée, probablement en raison d'une attaque ayant visé les infrastructures ferroviaires. Le transport en commun a également cessé toute activité», nous confirme-t-il avec désespoir.
Par ailleurs, l'accès aux denrées alimentaires dans les grandes surface est rendu plus difficile. «Avec les longues files, le premier arrivé est le premier servi. Il arrive parfois de ne pas trouver de pain, de pâtes ou de riz», souligne Wail. Mais dans le chaos, la solidarité entre les habitants de la ville se renforce.
«Dans l'immeuble, nos voisins ukrainiens nous portent une attention particulière, surtout lorsqu'ils ont su que nous étions de jeunes étudiants étrangers. Ils veillent toujours à ce que l'on ne manque pas de nourriture, à ce qu'on soit avec eux lorsque la sirène retentit pour descendre immédiatement au sous-sol. Ils distribuent du lait, des œufs, ne nous laissent pas isolés pendant les longues heures à la cave…»
Yasmine
Des travailleurs MRE bloqués avec leurs enfants
Résident à Soumy depuis dix ans, Amine Errachid tient un restaurant dans le centre-ville. Depuis l'impossibilité pour lui d'ouvrir, il a mis les stocks de denrées alimentaires de son enseigne gratuitement à la disposition des habitants dans le besoins, étudiants et familles. «C'est toute une culture dans des villes comme celle-ci, qui ont gardé des coutumes rurales ancestrales. Les sous-sols servent souvent de cave à nourriture, de lieu de stockage. En temps de crise comme maintenant, ils permettent que tout le monde soit servi», explique-t-il à Yabiladi.
«Je reste à la disposition de tout étudiant en difficulté. Je peux préparer des repas chauds et les leur faire parvenir en ces temps difficiles. Nous avons vécu la guerre de 2014, les violences de 2018, j'ai 36 ans et je suis habitué aux conditions météorologiques dures ici, mais ce n'est pas le cas des jeunes étudiants, qui ont à peine 18 ans et vivent loin de leurs familles. Je suis triste pour eux et j'espère qu'ils seront prioritaires pour les évacuations.»
Amine Errachid, Marocain à Soumy
Amine est par ailleurs père de deux enfants, de cinq et sept ans. En tant que parent, il veille à rassurer son fils et sa fille pour qu'ils ne soient pas rongés par la peur duant les frappes et les échanges de tirs. «La première fois que nous sommes descendus au sous-sol après l'alerte, ils ont eu tellement peur, ma fille a eu des troubles gastriques. Avec leur maman et les voisins, nous avons créé des jeux pour atténuer le traumatisme des longues heures de frappes ou de fusillades», confie-t-il.
Selon le Marocain «tous ceux qui essayent de sortir de la ville se prennent des balles». «L'homme qui a perdu son épouse hier est mon ami. C'est un ressortissant irakien. Sa femme ukrainienne et morte avec son bébé de trois mois, qu'elle portait dans les bras», déplore-t-il. Dans ce contexte, Amine dit «tout faire pour conseiller aux étudiants de Soumy de ne pas bouger de la ville, tant qu'aucune évacuation sécurisée n'est mise en place».
Il précise en effet que la ville reste isolée, bien que la situation est plus apaisée selon lui, ce lundi. Pour rejoindre Kiev depuis Soumy, «il faut au moins cinq heures de route, ou un jour et demi pour rallier directement les frontières de l'Ouest». Sur les groupes de messagerie instantanée réunissant la communauté marocaine de la ville, toutes les possibilités sont proposées, notamment celle d'interpeller la Croix Rouge pour une intervention urgente auprès des civils.


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