Le parti travailliste (PvDA) néerlandais au pouvoir depuis 2012 a déçu les Marocains qui pourraient le sanctionner lors des élections municipales du 19 mars prochain. Parti 'naturel' des immigrés, il rassemble pourtant encore la plus forte proportion d'élus maroco-néerlandais. «Nous lançons un appel pour que le vote des Marocains ne reste pas à la maison. Habituellement, quand les Marocains sont mécontents de la politique menée ils s'abstiennent de voter, nous leur demandons d'aller voter, même voter blanc si personne ne correspond à leur opinions et de sanctionner le parti travailliste s'ils sont déçus», indique Abdou Menebhi, président du Euro-Mediterraan Centrum Migratie & Ontwikkeling. Hier, dimanche 2 mars, il a participé à une rencontre entre les représentants de la communauté marocaine, acteurs associatifs, jeunes, et représentants des mosquées pour interpeler une quinzaine de candidats marocains aux élections municipales. Elles auront lieu le 19 mars et devraient mettre en difficultés le parti travailliste (PvdA) au pouvoir au niveau national depuis les législatives de 2012. Le parti travailliste a mis en place, par l'action de son ministre des Affaires sociales, Lodewijk Asscher, la politique de restriction budgétaire pointée sur les immigrés. Faisant fi de l'accord de sécurité sociale signé avec le Maroc, il a baissé de 40%, dès janvier 2013, les allocations sociales dévolues aux ayants droits qui résident au Maroc de Marocains vivant aux Pays-Bas. Sa volonté est même de les supprimer complètement. Le même gouvernement resserre sa collaboration avec le Maroc pour identifier les fraudeurs qui auraient un patrimoine au Maroc mais toucheraient des aides sociales aux Pays-Bas. «Nida Rotterdam» «Il y a un fort mécontentement au sein de la communauté marocaine. Avant, le vote des Marocains allait traditionnellement au parti travailliste, mais nous lançons un appel à la communauté pour que ce ne soit plus le cas. Il faut sanctionner le parti au niveau local», estime Abdou Menebhi. S'il souhaite voir les candidats et élus marocains se mobiliser autour des intérêts de la communauté marocaine comme la lutte contre l'islamophobie et contre le chômage, ils appartiennent justement souvent au parti travailliste lui-même. Invités hier, Iman Akel et Achmed Baâdoud, élus locaux à Amsterdam, appartiennent tous les deux au PvDA. Sur 6 députés d'origine marocaine, 3 appartiennent au même parti : Ahmed Marcouch, Khadija Arib et Mohammed Mohandis. Enfin, le maire d'Amsterdam, le fameux élu d'origine marocaine Ahmed Aboutaleb, appartient également au parti travailliste. Abstention, ou report en faveur des partis libéraux d'opposition, les voix des Marocains pourraient également se porter sur un phénomène particulier : les partis locaux. «Ces petits partis qui n'existent qu'au niveau local existent depuis très longtemps aux Pays-Bas, mais le phénomène plus récent est la création de partis locaux faisant référence à l'islam avec des Marocains», explique Abdou Menebhi. Le Partij van de Eenheid (Parti de l'unité) et Islam Democraten (ID) ont été fondés à La Haye. Nés d'une scission, les deux partis comptent quelques élus au niveau local. Le plus fameux de ces partis est sans doute «Nida Rotterdam». Créé fin 2013 dans la perspectives des municipales, il se revendique clairement d'obédience musulmane. Interrogé par Metro, Nouredine El Ouali, tête de liste, a indiqué qu'il voulait endiguer l'islamophobie et montrer que sa religion ne posait pas en soi de problèmes dans la vie néerlandaise. Il a également reconnu avoir reçu des menaces de mort. Nida, un parti local musulman à Rotterdam dont la tête de liste est un Marocain