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Quand Paul Bowles documentait la musique ramadanesque des Jbala
Publié dans Yabiladi le 22 - 05 - 2018

Musicologue et écrivain, Paul Bowles élit domicile au Maroc pendant 52 ans, jusqu'à son décès à Tanger en 1999. Au cours de ses voyages, il enregistra les musiques des Jbalas pour documenter cet art populaire, notamment des morceaux joués lors des occasions religieuses comme le ramadan.
Le 27 août 1959, Paul Bowles (1910 – 1999) avait passé plus de dix ans déjà au Maroc. Il sillonnait le pays et s'installa à Tanger, dans la rue Sidi Bouknadel au cœur de la Kasbah. Ce jour-là, un voyage le mena à Assilah, où il enregistra un morceau spécialement joué durant le ramadan par les ghaïata. Il s'agissait d'Ech chiffa, de Maalem Abdeslam Sarsri el Mahet Arzila et ensemble.
Dans ses notes explicatives, l'auteur américain indiqua avoir enregistré une version de ce morceau de ghaïta depuis le minaret d'une mosquée pendant le ramadan, incluant de longues pauses entre une partie et une autre, tandis que dans cet enregistrement, ces temps morts furent omis.
En effet, les collections musicales de Paul Bowles inclurent musique festive et séculaire, des musiques d'occasion accompagnant les rites religieux, enregistrées chez des tribus amazighes comme arabes. Cet enregistrement n'était d'ailleurs pas des rares que le compositeur américain avait pris dans la région du Nord, des Jbala et du Rif.
Interdit par le ministère de l'Intérieur
Cependant, ce travail prit fin après que Paul Bowles fut notifié par les autorités marocaines de l'interdiction de prendre des enregistrements de la sorte. Sur le plan musical et culturel, son contact avec les artistes locaux de Jajouka attirait l'attention du ministère de l'Intérieur, surtout lorsque celui-ci remarqua que le musicologue enregistrait les pistes sonores.
Dans son ouvrage Travels, collected writings, il raconta ainsi que les autorités locales lui avaient signalé qu'une approbation gouvernementale était indispensable pour effectuer son projet. Mais l'auteur resta dans le flou total, ne sachant à qui s'adresser. Comme ces enregistrements devaient être archivés à la Bibliothèque du Congrès à Washington, l'ambassade des Etats-Unis à Rabat accepta d'aider Paul Bowles, en le mettant en contact avec des officiels marocains habilités à accorder les autorisations nécessaires.
Mais ces efforts restèrent vains, comme il l'expliqua dans son ouvrage :
«Nous avons approché plusieurs ministères. Certains avançaient être compétents dans l'octroi d'une telle autorisation, mais aucun n'était prêt à donner son accord formel au projet. Il n'y avait probablement jamais eu de précédent et personne ne voulait assumer la responsabilité d'en créer un.»
Paul Bowles à Fès, 1947 / Ph. DR.
Circulant avec des papiers professionnels pour justifier son activité, Paul Bowles continua malgré l'interdiction à collecter ses enregistrements, jusqu'à ce que le ministère de l'Intérieur lui notifia officiellement qu'il ne pouvait poursuivre son entreprise sans l'aval des autorités.
Le musicologue avait réussi à collecter plus de 60 heures d'enregistrements. L'hiver approchait et les régions enneigées s'enclavaient. Paul Bowles s'aperçut qu'il avait rassemblé assez de matière et choisit donc de se plier aux ordres du ministère, mettant ainsi fin à son travail de terrain.
Une fresque musicale et historique
Cette recherche abondante constitua l'une des rares fresques musicales et historiques qui documentèrent le patrimoine populaire de Jajouka, suivant son évolution dans le milieu rural des Jbala, puis son introduction dans les villes du Nord, comme Tanger, Chefchaouen et Tétouan.
La valeur de cette œuvre n'échappa certainement pas aux autorités à l'époque, à tel point qu'elles auraient exigé d'en garder une copie. Un second exemplaire existe aujourd'hui à Tanger, conservé à la bibliothèque de l'Institut de la Légion américaine pour les études marocaines, communément appelé la Légation américaine.
Dans le grand espace de cette structure culturelle, la chambre de Paul Bowles est précieusement conservée, avec des affaires de l'artiste, des objets personnels, des instruments de Jajouka, une machine à écrire... On y trouve également des livres, des manuscrits, des photos, des papiers administratifs de Paul Bowles, ses compositions musicales ou encore ses valises. Comme une manière de garder en vie ce Tangérois de cœur, qui tomba sous le charme de la citadelle dans les années 1930 pour s'y installer plus longuement à partir des années 1940, jusqu'à sa mort en 1999.
Durant la seconde moitié du 20e siècle et à l'image des auteurs de la Beat Generation dont il est une figure de proue, Paul Bowles incita plusieurs autres auteurs anglo-saxons à venir visiter la ville septentrionale.
La chanteuse, écrivaine et compositrice américaine Patti Smith visitant Paul Bowles à Tanger en 1997 / Ph. AP


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