L'ONG Freedom House a publié jeudi un nouveau rapport sur la liberté sur le net. Bien que le Maroc ne soit pas classé parmi les pays où la liberté sur le net est inexistante, une section dédiée au royaume retrace une série de violations de la vie privée, de restrictions vis-à-vis du contenu en ligne et de poursuites à l'égard de fondateurs de médias digitaux. Le Maroc est un pays «partiellement libre» en matière de liberté sur le net, indique jeudi l'organisation Freedom House dans un nouveau rapport. Un classement dû à des «violences des droits d'utilisateurs», des «limitation de contenu» ainsi que des «obstacles à l'accès» aux informations. Dans le détail, le Maroc récolte 24 points sur 40 pour ce qui est des violences des droits d'utilisateurs, 11 points sur 25 pour les obstacles à l'accès à l'information et 10 points sur 35 pour les limitations de contenu. Aucun changement de score par rapport à l'année dernière Le document souligne également «trois contrôles majeurs d'internet ayant été observés», pour le cas du Maroc. Il s'agit de «commentateurs du gouvernement manipulant les discussions en ligne», de «blogueurs ou utilisateurs de TIC arrêtés, emprisonnés ou en détention prolongée pour contenu politique ou social» ainsi que «des attaques techniques contre les critiques du gouvernement ou les organisations de défense des droits de l'Homme». Quant au classement, le Maroc arrive à deuxième place dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, derrière la Tunisie. Le Maroc est suivi du Liban (47 points sur 100), la Jordanie et la Libye (51). Le rapport ne couvrant que 65 pays, l'Algérie et la Mauritanie tout comme un bon nombre de pays ne figurent pas dans le classement. Le document considère que le royaume n'enregistre cette année aucun changement de score. Dans une section dédiée au royaume, Freedom House affirme que «la liberté d'Internet au Maroc est restée faible au cours de l'année écoulée en raison de la répression exercée sur les journalistes et les militants en ligne qui avaient couvert des manifestations, sur des reporters et ceux qui expriment leur désaccord en ligne». Les violations au Maroc listées dans une section dédiée Couvrant la période allant du 1er juin 2017 au 31 mai 2018, le rapport estime aussi que «les autorités marocaines utilisent des moyens nuancés pour limiter le contenu en ligne et violer les droits des utilisateurs». Evoquant une «disparité entre connectivité urbaine et rurale[qui] s'élargit», le rapport de Freedom House évoque aussi les limitations du contenu. Il donne plusieurs exemples dont celui de Hespress, qui «a supprimé des vidéos de manifestations de rue et des interviews de personnalités de l'opposition en raison de pressions réelles ou anticipées exercées par les autorités». Il fait également état de «nombreux comptes créés sur Twitter et Facebook dans le seul but de harceler, d'intimider et de menacer des militants». Le document ne manque pas de rappeler le refus, par le ministère de la Communication, d'accorder des cartes de presse aux directeurs de publication de Yabiladi et Le Desk. «Il a fallu sept mois avant que Mohamed Ezzouak et Ali Amar reçoivent leurs cartes en mai 2018», poursuivent les rédacteurs du rapport, qui citent aussi la taxe imposée aux annonceurs publicitaires depuis janvier dernier. Figure aussi dans la section dédiée au royaume, un rappel de plusieurs campagnes en ligne lancée au Maroc, dont celle du boycott, mais également les poursuites contre des activistes en ligne ou à l'encontre de directeurs de publication de médias en ligne. Le document cite Abdelkabir Al-Hor, fondateur de Rassd Maroc, condamné en février 2018 à quatre ans de prison ferme, celle de Hamid Mahdaoui, fondateur de Badil.info ou encore celle de Mohamed Al Asrihi et Jawad Sabiri du site d'information Rif 24. Le document dénonce enfin les violations de la vie privée sur le net et les attaques techniques à l'encontre des activistes.