Le secrétariat général du PJD tente de faire taire les voix ayant critiqué son alliance avec le PAM au conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Le n°2 du parti l'a présentée comme une contribution des islamistes à défendre «l'intérêt général de la région et de l'ensemble de ses citoyens». Depuis hier, le PJD a rejoint les rangs de la majorité au conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Les islamistes ont vite tiré les dividendes du retrait de leur candidat et du vote en faveur de la PAMiste Fatima El Hassani. Désormais, ils occupent la première et la cinquième vice-présidence, revenues respectivement à Saïd Khairoun et Nabil Chlih. Ce dernier est d'ailleurs le secrétaire régional de la Lampe. Ce pacte avec l'«ennemi naturel» a suscité des grincements de dents chez des membres de la Lampe. Néanmoins, peu nombreuses sont pour l'heure les voix qui ont osé exprimer leur opposition à cette entente. «C'est une décision illégitime car elle n'a été prise par aucune institution du parti», a affirmé le député de la circonscription de Tanger, Mohamed Khouyi. La réponse aux critiques du parlementaire ne s'est pas fait attendre. «La décision de rejoindre la majorité au sein du conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima est institutionnelle et correcte de par sa procédure», a précisé Slimane El Amrani, le n°2 du PJD, dans des déclarations au site officiel de la formation politique. Il y a une semaine, le PJD mettait en garde contre la «création de majorités hybrides» «Nous souhaitons que le parti contribue ainsi à faire avancer le développement de cette région et à remédier aux déficiences enregistrées au cours des quatre dernières années», indique la même source, en allusion à la présidence d'Ilyas El Omari du PAM. «Notre crédo, c'est l'intérêt général de la région avec l'ensemble de ses citoyens et collectivités territoriales», a-t-il expliqué au terme de la réunion, hier soir, du secrétariat général du PJD sous la présidence de Saâdeddine El Othmani. Des propos qui tranchent complètement avec la mise en garde lancée le 21 octobre par le secrétariat régional de la Lampe que préside Nabil Chlih, désormais cinquième vice-président de la présidente de la région. Il avait dénoncé des «tentatives de l'autoritarisme de constituer une majorité». Ce dernier a également averti que le fait de «poursuivre dans la logique de la création de majorités hybrides est une répétition du même scénario de 2015 qui a conduit à la déperdition du temps de développement. Ce processus va à l'encontre de la démocratie régionale et locale et sape les bases d'une régionalisation réellement avancée». C'est justement ce communiqué que Hassan Hammourou, membre du conseil national du PJD, a tenu à rappeler à l'ensemble des islamistes dans un post au ton ironique publié sur sa page Facebook. Pour rappel, en juillet dernier, le secrétariat général du PJD a décidé de dissoudre sa section à Oujda, et d'exclure de ses rangs certains conseillers communaux à la mairie ayant conclu une alliance avec le PAM, lors du vote des nouveaux présidents des commissions au sein de la collectivité locale. Un flagrant cas de deux poids, deux mesures.