Mohamed Nabil est l'un des oiseaux migrateurs. Après ses études supérieurs à Dhar mehraz à Fès, il s'est installé à Berlin, en Allemagne, où il a choisi de poursuivre une carrière de makerfilm. Après des initiatives portant sur des cours-métages, il entend braquer ses projecteurs sur la situation des mamans célibataires. Il s'agit d'un documentaire baptisé : Honte. Al Bayane : Tu as récemment fini le tournage de ton nouveau film, de quoi parle-t-il ? Mohamed Nabil : «Honte», un film documentaire de 52 minutes qui raconte la vie de deux mères célibataires, leurs souffrances mais surtout leurs mésaventures au sein d'une société qui les rejette. Le premier cas est celui d'une jeune employée aux sanitaires. Elle a un passé mouvementé de petite bonne violentée et se retrouve seule avec un enfant à charge. Le second cas est le vécu d'une prostituée mère célibataire de trois enfants dont elle laisse la charge à une voisine du quartier. Le sujet est tabou dans la culture marocaine en particulier, comment comptez-vous l'aborder ? Au côté de la biographie de ces deux mères célibataires , le film Honte traite le phénomène des mamans célibataires vu par des experts et des intervenants, tels que le sociologue Abdessamad Dialmy, la ministre du Développement social,de la Famille et de la Solidarité Nouzha Skalli, le professeur gynécologue et fondateur de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) Chafik Chraïbi, le représentant d'Amnesty International-Maroc Mohamed Sektaoui, Mennana Boukâlouche, elle, est sage-femme, Aicha Alhayane est avocate au barreau de Rabat, ainsi que l'association SOS-Rabat et le prédicateur Abdelbari Zemzemi. En quoi le fait que vous soyez résident en Allemagne vous a-t-il poussé à traiter ce sujet ? Depuis des années, je m'intéresse à la question et à la cause féminine pour plusieurs raisons. D'abord, le travail avec les femmes me donne une grande possibilité de découvrir l'ampleur des marges de la société. Lorsqu'on donne la parole aux femmes, on découvre le noyau de plusieurs silences. Quand je traite un sujet lié aux femmes, je vois vraiment ce qui est minuscule dans une telle société. Par ailleurs, je m'intéresse à l'écriture, dans laquelle la femme occupe une place centrale. J'écris des nouvelles traitant le thème des femmes. Le traitement filmique pour moi reste une aventure pour voir à quel point les sociétés arrivent à vivre cette contradiction entre le «dicible» (la femme représente la moitié de la société) et l'indicible (la femme est marginalisée). Je suis trop passionné et curieux de vivre cette aventure où la pathologie joue son rôle primordial et surtout dans les sociétés comme le Maroc. Quels sont tes projets dans l'avenir ? Des films sur les femmes d'ici et d'ailleurs …entre autres, je travaille sur plusieurs projets traitant la question des femmes derrière les barreaux. Cette question m'intéresse et je suis prêt à entamer cette nouvelle aventure afin de lever le rideau sur un côté sombre et obscur de la femme marocaine.