Le Brésil s'est réjoui de la décision des Etats-Unis de lever les sanctions imposées en vertu de la loi Magnitsky contre le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, magistrat chargé du procès ayant conduit à la condamnation de l'ex-président Jair Bolsonaro à 27 ans de prison. Dans un communiqué publié vendredi soir, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département américain du Trésor a annoncé le retrait du nom d'Alexandre de Moraes de la liste des personnes sanctionnées, ainsi que ceux de son épouse, l'avocate Viviane Barci de Moraes, et de l'Institut Lex, lié à la famille du magistrat. La décision met fin à des mesures adoptées en juillet dernier par l'administration du président Donald Trump, qui accusait le juge brésilien de violations des droits humains, notamment d'atteintes à la liberté d'expression et de recours à des détentions arbitraires dans le cadre du procès contre Bolsonaro pour tentative de coup d'Etat. Elle intervient après le vote au Brésil d'une proposition de loi susceptible de réduire la peine de prison de l'ancien président de droite (2019-2022) à un peu plus de deux ans, condamné par la Cour suprême pour conspiration en vue de se maintenir au pouvoir « de façon autoritaire » après sa défaite à l'élection présidentielle de 2022. Lire aussi : Brésil: un vote parlementaire pourrait ramener la peine de l'ex-président Bolsonaro à un peu plus de deux ans À Brasília, l'annonce a été accueillie comme une victoire diplomatique et institutionnelle. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a salué une décision « bonne pour le Brésil et pour la démocratie », soulignant qu'il n'était pas acceptable qu'un pays étranger sanctionne un magistrat pour l'exercice de ses fonctions constitutionnelles. Tout en se félicitant du geste américain, il a rappelé l'importance d'institutions fortes et d'une presse libre dans le fonctionnement démocratique. Présent à un événement à Sao Paulo, Alexandre de Moraes a déclaré que « la vérité a prévalu », remerciant le chef de l'Etat pour l'action de la diplomatie brésilienne. Il a estimé que cette décision consacrait « une triple victoire : celle du pouvoir judiciaire, de la souveraineté nationale et de la démocratie brésilienne », affirmant que la Cour suprême continuerait à agir « avec impartialité et courage ». Plusieurs responsables pro-gouvernement ont également célébré la levée des sanctions, y voyant un revers pour l'entourage de l'ancien président Jair Bolsonaro. À l'inverse, le député Eduardo Bolsonaro, fils de l'ex-chef de l'Etat et acteur central des démarches menées auprès de responsables américains en faveur des sanctions, a exprimé son « regret » face à la décision de Washington, se disant toutefois « reconnaissant du soutien du président Trump ». Eduardo Bolsonaro, aujourd'hui poursuivi devant la Cour suprême pour coaction dans le cadre d'une procédure judiciaire, avait été dénoncé par le parquet pour son rôle dans des initiatives visant à faire pression sur la justice brésilienne depuis l'étranger. L'épisode des sanctions Magnitsky a ravivé ces derniers mois les tensions diplomatiques entre Brasilia et Washington, tout en alimentant le débat interne sur l'indépendance des institutions et les limites de l'ingérence étrangère. Mais un apaisement semble s'esquisser, à la faveur notamment d'une rencontre fin octobre en Malaisie entre Luiz Inácio Lula da Silva et Donald Trump. Washington a par ailleurs annoncé jeudi la levée de droits de douane élevés sur plusieurs produits agricoles brésiliens.