Le tout frais représentant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a suscité une réaction mesurée de la part du Haut commissariat au plan, lorsqu'il a déclaré que le PNUD ne changera pas de méthodologie ni de critères dans le classement mondial en matière de développement humain, malgré les critiques du Maroc. Pour lui, ces critères sont pertinents autant que le classement qui en découle. Bruno Pouëzat anticipe et estime que «Même si on change de méthode de calcul, le classement ne changera pas. On travaille avec un indice pertinent et il reste pertinent» L'approche du PNUD reste pourtant partielle et donc incomplète. De ce fait, elle reste arbitraire et peu cohérente dans beaucoup de cas de comparaison entre pays à développement similaire. Basé essentiellement sur la situation du monde rural et du système d'éducation -deux parents pauvres du développement malgré les efforts colossaux du Maroc- le classement du PNUD écarte de nombreux critères qui, s'ils étaient retenus dans les calculs, changeraient la donne. S'agissant du développement humain, il est aisé de comprendre que la liberté et la protection des droits de l'homme sont des vecteurs de ce développement. Sur le plan socio-économique, il y a lieu de regarder les efforts du Maroc en matière d'électrification rurale, d'accès à l'eau potable et au logement. L'accès à l'information et aux nouvelles technologies de l'information et de la communication est également un indice sur le développement humain. De plus, le classement du PNUD doit tenir compte également de la dynamique du développement humain dans chaque pays et ne pas se contenter d'axes généraux qui ne vont pas dans le détail. Le calcul simpliste conduit nécessairement à des aberrations et à des injustices, même si le classement du PNUD reste, aux yeux des experts et des spécialistes du développement humain, à titre indicatif et ne permet pas des conclusions pertinentes. Car si l'on jette un regard sur de nombreux pays sur les 129 classés avant le Maroc, le paradoxe saute aux yeux. Sans citer de pays précis, il est aisé de constater que la méthodologie ne tient plus la route. Elle a besoin d'une réelle actualisation. Les responsables du PNUD, au plus haut niveau, reconnaissent cette insuffisance. Le Maroc, en partenaire fiable de l'ONU, entend contribuer au débat en cours pour une notation juste et équitable des efforts de chaque pays dans le domaine du développement humain.