Le Festival International de Film de Femmes de Salé, n'en finit pas de créer la surprise. Mardi soir, l'assistance de l'espace culturel cinématographique «Hollywood» à Salé a eu, lors de la dernière projection programmée en compétition officielle, rendez-vous avec le cinéma roumain, représenté par le film «La Fille la plus heureuse du Monde» de Radu Jude. C'est l'histoire de Délia. Cette dernière est la fille la plus heureuse du monde, elle a 18 ans et vient de gagner une belle voiture grâce au jeu-concours d'une marque de jus d'orange. Pour en prendre possession elle doit tourner une pub. Mais Délia n'est pas très bonne comédienne…Et puis il y'a ses parents qui tentent de lui faire signer une décharge afin de revendre sa voiture. Seulement, Délia sait ce qu'elle veut. Elle veut garder la voiture et partir à la mer avec ses copines… «La fille la plus heureuse du monde» décrit la vie familiale avec tous les avatars inhérents aux conflits entre parents et enfants. Un film de jeunes avec un regard extrêmement sarcastique. Une histoire simple, banale, mais qui reflète la réalité de la société roumaine. Le public était ravi, les professionnels aussi. Critiques et journalistes avaient rendez-vous le lendemain matin, avec l'équipe du film, pour une séance débat. Débat d'ailleurs qui s'est révélé très fructueux. Les critiques étaient unanimes : «La fille la plus heureuse du monde» est une vraie leçon de cinéma. On ne peut pas s'empêcher de faire la comparaison avec notre cinéma marocain : « Si ce film avait été doublé en Darija marocaine, on aurait juré que c'était un film marocain ». On ressent un sentiment de vécu. Autour de l'histoire de cette jeune fille qui gagne une voiture grâce à un jeu et qui, tout en tournant un spot publicitaire, se dispute avec son père pour savoir si elle va la garder ou la vendre, c'est toute la société roumaine (ou marocaine) qui est exposée, avec ses nouvelles libertés et ses vieilles combines. Un film intimiste et doux-amer, avec au centre, un père, une mère et leur fille, une adolescente qui résiste pied à pied à ses parents, coincée entre un univers familial étouffant et des rêves qui prennent l'eau, suite au chantage affectif et financier de ses parents. «La fille la plus heureuse du monde » a déjà gagné son pari auprès des critiques et du public. «Cette farce dépressive mais classique», a rapproché le public marocain du cinéma Roumain. Et vous, le cinéma Roumain, ça vous dit quelque chose ? Comment non ? C'est celui qui est en plein boom. Prenez le plus grand festival au monde : Cannes. Chaque année le cinéma Roumain est couronné. Ça a commencé en 2004 avec la Palme d'Or du court métrage remise à «Trafic» de Catalin Mitulescu ; en 2005 «La Mort de Dante Lazarescu» de Cristi Puiu reçoit le Prix Un Certain Regard ; puis Corneliu Porumboiu remporte la Caméra d'Or en 2006 avec son film «12 h 08 à l'est de Bucarest» ; en 2007, c'est carton plein avec «California Dreamin» de Cristian Nemescu (Prix Un Certain Regard) et surtout avec «4 mois, 3 semaines, 2 jours» de Cristian Mungiu consacré Palme d'Or ; en 2008, autre Palme : celle du court-métrage pour « Megatron » de Marian Crisan ; et l'année dernière le prix du Jury à Un Certain Regard a été attribué à «Policier, adjectif» de Corneliu Porumboiu, réalisateur une nouvelle fois primé. Non, la Roumanie ne se limite pas au peuple Tsigane avec ses enfants dépenaillés et ses vieilles femmes qui tirent les cartes. Il y a d'autres souffrances en Roumanie qu'il est bon de découvrir. Tous ces films primés sont fortement à conseiller car ils nous en apprennent beaucoup sur la vie de ce peuple, sur son système politique, hospitalier et policier.