Après l'Association de lutte contre le sida (ALCS), d'autres ONG élèvent la voix et protestent contre l'accord commercial anti-contrefaçon (ACTA). Le Réseau marocain pour la défense du droit à la santé (RMDDS) réclame la suspension et le rejet immédiat de cet accord par le gouvernement. Ali Lotfi, président du RMDDS appelle le gouvernement «à assumer ses responsabilités quant à la défense des intérêts de la population marocaine et de son droit universel à l'accès aux médicaments, de revoir sa politique antisociale et anticonstitutionnelle». L'association reproche également le fait que ce traité ait été négocié en secret par plusieurs pays dont le Maroc pour lutter contre la contrefaçon. Pour le RMDDS, le gouvernement devra désormais impliquer tous les acteurs de la santé et les organisations de la société civile intéressées dans toutes les négociations ayant trait à la santé des citoyens. Quant à la finalité de cet accord, il s'agit, selon le RMDDS, d'un traité qui vise la protection des intérêts des multinationales au détriment des malades démunis et des pays pauvres ou à économie modeste. «La primauté de la santé des populations sur la protection des droits de propriété intellectuelle et des brevets doit être un défi à relever pour ouvrir la voie et les possibilités d'accès aux médicaments pour tous et de faire face aux pressions du lobby pharmaceutique qui ne s'arrête pas de multiplier ses initiatives pour restreindre la production et la commercialisation du médicament générique et à un prix abordable pour la communauté marocaine», indique le RMDDS dans son communiqué. Et par conséquent, cet accord constitue pour cette ONG une violation des droits inaliénables des citoyens à accéder aux médicaments génériques, ce qui est contraire aux objectifs de l'OMS et des Nations Unies pour l'atteinte des pays des Objectifs du millénaire, (OMD). Par ailleurs, le RMDDS revendique l'élaboration d'une véritable stratégie politique pour la révision des prix des médicaments à la baisse et l'encouragement des médicaments génériques qui, selon l'association, «reste sérieusement compromis par le diktat de l'industrie pharmaceutique et des multinationales». Rappelons que l'Acta a été rejetée, mercredi dernier, par le Parlement européen. Le texte avait recueilli 478 voix contre, 39 pour et 165 abstentions. De nombreuses ONG avaient dénoncé en Europe cet accord qui fait l'amalgame entre faux médicaments et médicaments génériques sans licence et tend à considérer tout médicament qui ne respecte pas les brevets comme une contrefaçon.