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Débat : 3- Faire échec à l'implosion de la Kabylie et de l'Algérie
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 23 - 08 - 2002

Voici la troisième partie de l'entretien accordé par Hocine Ait Ahmed, figure historique de la révolution algérienne et dirigeant du Front des forces socialistes, au Quotidien d'Oran, dans son édition du 17 août 2002.
Que dites-vous à vos militants, sympathisants et à de nombreux algériens qui s'interrogent sur la motivation qui vous a amené à témoigner en faveur de Habib Souaïdia dans le procès qui l'a opposé à Paris au général Nezzar?
D'abord j'avais un devoir moral à l'égard de Habib Souaïdia dont le livre est d'une utilité sans précédent ; car il révèle indubitablement la responsabilité des autorités militaires et civiles dans des massacres et tueries auxquels il a assisté. Je voulais lui apporter mon soutien parce que sentimentalement - je l'ai dis au procès, non sans émotion - il représente avec son âge l'un de ces 2000 militants de l'OS qui ont accepté de rentrer dans l'ombre, de se former, de se préparer à donner leur vie contre l'oppression et la hogra..
Nul doute que ses révélations ont aidé à comprendre la nature véritable du régime et du coup à poser l'urgence d'un retour à la paix et à la démocratie. Son innocence, sa franchise et son courage sont émouvants, face à ces espèces de mutants du régime incapables d'autre chose que de mentir. Comme dirait Wells, ils font de la contrefaçon en oubliant comment ils l'ont faite et ils s'installent dans le vrai.
De plus , j'avais à cœur de rétablir la vérité sur deux évènements. Disons tout suite que je n'ai aucun complexe à témoigner devant une cour française de justice et devant n'importe quel autre tribunal. Je voulais expliquer que c'est le coup d'Etat de 1992 qui a engendré l'émergence de la violence.
Des évènements, comme par exemple ?
Cela nous a permis d'expliquer que cette décennie noire a son origine dans la décision prise d'arrêter le processus électoral. Je voulais le dire devant cette Cour française de justice. Aux patriotards qui verraient en mon témoignage une trahison ou que sais-je, je leur redis que ma vie est pour le pays et que mon honneur est à moi. Il m'appartient. Libre à chacun de l'interpréter politiquement.
J'ai raconté les deux rencontres que j'ai eues avec Nezzar avant et après le coup d'Etat . J'ai rappelé au représentant de l'armée, qu'il m'avait promis, qu'il m'avait donné sa parole, que celle-ci n'interviendrait pour arrêter le processus électoral. Il n'a pas dit un mot là-dessus devant la Cour. Je l'ai même interpellé en le regardant franchement les yeux dans les yeux :» Vous m'aviez précisément déclaré :» Nous n'interviendrons jamais » j'avais répondu «laissez faire le 2ème tour, il y aura ensuite forcément un 3ème en raison des dizaines de recours introduits par mon parti, et je peux vous assurer, qu'il y aura des sursauts étonnants chez les 7 millions d'abstentionnistes. Bien sûr, le FIS aura quand même une majorité relative, par votre faute parce que vous avez refait totalement le découpage électoral du gouvernement Hamrouche. De plus, le président Chadli disposait de retranchements constitutionnels pour dissoudre le parlement, selon une procédure prévue par les textes. Et si ces garde-fous ne suffisent pas à maîtriser les choses , c'est à la société qu'il appartient d'intervenir en premier lieu.
C'est pour cela, ai-je encore dit à Nezzar devant le tribunal, que je vous demande de m'autoriser à faire la manifestation prévue pour le 2 janvier 1992.
On a faussement écrit, dans un journal à sensation, que Nezzar m'a proposé d'être chef de l'Etat. Je dois dire, en toute honnêteté, qu'il ne m'a rien proposé du tout. Par contre, je le lui ai rappelé au cours de ce procès qu'ils avaient arrêté le premier processus législatif de juin 1991. On a occulté cela parce que là il y avait la possibilité d'une coalition FFS-Réformateurs dont ne voulait pas le régime.
Et puis, je lui ai dit qu'il faut permettre à la société d'abord de se mobiliser et si tous ces développements ne suffisent pas à la requête du chef de l'Etat vous pouvez intervenir. Il m'a donné sa parole qu'il n'interviendrait pas. C'est le contraire qui s'est produit.
Cette décennie horrible a son origine dans la décision prise d'arrêter le vote .
Ce procès a également été l'occasion d'aborder la question de savoir par qui et pourquoi a été organisée la manifestation du 2 janvier 1992...
J'ai fait un appel à la marche au cours d'une conférence de presse où j'eus pour une fois, le privilège d'être enregistré par la télévision d'Etat . Qui a organisé le service d'ordre ? C'est le FFS qui a trié sur le volet 5000 militants, pour parer aux provocations pouvant venir des uns ou des autres. Qui a préparé les banderoles portant les mots d'ordre hégémoniques du FFS comme « Ni République intégriste, ni Etat policier » ? Au surplus le discours, que j'ai prononcé du haut d'un balcon ne laissait aucune ambiguïté sur les buts de cette gigantesque marche : « je fais confiance à l'intelligence de notre armée pour qu'elle n'annule pas le deuxième tour. Bref , et ceci en m'adressant à la cour, j'ai affirmé qu'il y avait une alternative à l'arrêt du processus électoral et à l'engrenage des violences. Rétablir les faits est un devoir en lui-même. La vie perd toujours contre la mort , mais la mémoire doit gagner contre le néant .La reconstruction du sens est indispensable pour retrouver le sens du problème et accélérer sa solution .
Que vous inspire l'attitude de la communauté internationale , notamment des grandes puissances vis-à-vis de l'Algérie?
Je suis chaque jour plus accablé par les deuils, les souffrances des mes compatriotes , et par le sentiment qu'ils ont d'être laissés au bord de la route comme des chiens…alors même que les chiens et les animaux ont un droit effectif à la protection.
Je suis révolté par l'attitude discriminatoire frisant le cynisme, de la communauté internationale à l'encontre de mon pays, c'est-à-dire des femmes et des hommes considérés comme des sous-êtres humains, des «unten-menschens.»
Il s'agit plutôt d'un retournement sidérant de tout ce monde qui mène l'humanité. Car soyons honnêtes il y a deux années environ, le Congrès du Parti socialiste européen , la Conférence des chefs d'Etats et de gouvernements réunie à Goeteborg, le Comité de l'Internationale Socialiste , avaient voté des résolutions très importantes. Comme de demander au secrétaire général de l'ONU de dépêcher une Commission d'enquête internationale en Algérie , de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation alarmante des droits de l'homme, d'exiger de mettre fin à la répression et de rechercher une solution politique à la crise algérienne. Ce tournant politique fut la conséquence de deux évènements-clé. D'un côté, les révélations d'ex-officiers de l'armée algérienne et de la police politique ainsi que des témoignages de rescapés de la Mitidja et de Relizane , qui ont dénoncé les massacres et les exécutions ciblées contre les populations civiles pendant dix ans . Et de l'autre côté, la répression sanglante - à la limite du racisme - préparée et menée délibérément en Kabylie, et ce, en l'absence d'alibi intégriste. Mais, les abominables attentats qui ont frappé les Etats-unis, le 11 septembre 2001, ont totalement modifié la donne internationale ,à propos de la deuxième guerre d'Algérie . C'est vrai que le terrorisme a revêtu des formes et des niveaux jusque-là sans précèdent.
La guerre internationale anti-terroriste déclenchée par le président Bush était dans la logique initiale de l'onde de choc émotionnelle et politique qui secoua le monde. Mais l'aubaine était miraculeuse pour les responsables algériens qui l'exploitent à fond en vue de légitimer les 10 années d'une guerre éradicatrice et de rendre nulles et non avenues les accusations portées contre eux. Ils s'acharnent à occulter l'équation politique de la confrontation «société-pouvoir». En réduisant la tragédie algérienne à une simple affaire de terrorisme , ils veulent persuader les partenaires de notre pays, que leurs demandes de solution politique sont sans fondement .
Comme par hasard, c'est en Kabylie, qu'on découvre l'implantation du GSPC ! Un communiqué attribué à ces «islamistes liés à Ben Laden» menaçant «les intérêts américains et européens» a même été largement diffusé par les médias. Alors, quand des chefs d'Etat occidentaux s'empressent de féliciter Bouteflika pour son succès aux législatives, quand l'Union Européenne escamote l'Accord d'association avec l'Algérie, en l'amputant de la conditionnalité sur le respect des droits des l'homme; quand des députés européens , belges notamment, font l'éloge de la démocratie algérienne, après des visites touristiques , comment s'étonner que le conflit algérien ne soit plus perçu en fonction de la bonne gouvernance ou de l'Etat de droit, mais sous l'angle mort et falsifié du fondamentalisme. Il faut faire face à cette réalité.
Cette deuxième guerre d'Algérie risque d'être longtemps exclue du champ politique et médiatique international. De dernier quart d'heure en dernier quart d'heure, elle vient de boucler sa 10ème année .. D'un terrorisme résiduel à un autre, on est arrivé à plus de 200 000 morts, sans compter les désastres collatéraux. Les retombées sociales sont inimaginables sous un régime qui engrange chaque année une rente 20 à 22 milliards de dollars et qui dispose d'une réserve de change de 28 milliards de dollars , alors qu'un Algérien sur deux vit au-dessous du seuil de pauvreté , et qu'un Algérien sur trois est sans emploi. Le pire n'est pas derrière, cette situation apocalyptique risque de déboucher sur une troisième guerre.
• Le Quotidien d'Oran
(suivra)


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