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Débat : Faire échec à l'implosion de la Kabylie et de l'Algérie
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 21 - 08 - 2002

Dans son édition du 17 août 2002, Le Quotidien d'Oran a publié une longue interview de Hocine Aït Ahmed, figure historique de la révolution algérienne et dirigeant du Front des forces socialistes. Nous donnons la première partie de cet entretien.
Trois ans après les présidentielles anticipées, quelle appréciation portez-vous sur la situation actuelle de l'Algérie ?
Hocine Aït Ahmed : Bouteflika n'a pas tardé à épuiser un état de grâce relatif quand le discours a cessé d'être crédible. Globalement et dans le détail, sa gestion parle d'elle-même, à travers les manifestations de ras-le-bol et les émeutes qui ont gagné l'ensemble du pays et toutes les catégories sociales, y compris dans les prisons. Un univers concentrationnaire kafkaien qui, à mon avis, résume l'indescriptible faillite du système dans tous les domaines. Sans perdre de vue la répression en Kabylie et les manipulations fascisantes à ciel ouvert menées tambour battant, dans l'impunité totale. D'ailleurs, seuls les naïfs et les parvenus pouvaient croire à une réelle ouverture, sachant que les techniques de désignation du «président» sont les mêmes depuis quarante ans.
La fraude et la préfabrication n'ont-elle pas présidée à la désignation «du président» ? Le référendum concocté sur la «concorde civile» n'a, au contraire, rien réparé, ni rien arrangé. Deux parjures ne font pas une légitimité... et surtout pas la paix. Les tueries se poursuivent, plus banalisées que jamais. Je ne suis pas un homme de rancoeur et de haine, mais comment placer un espoir de changement positif en un responsable qui dit à propos des disparus «qu'ils ne sont pas dans sa poche», qu'il faudrait marcher sur son corps pour qu'il reconnaisse la langue berbère, ou, sans être exhaustif, que «l'opposition n'a pas le droit de parler à l'ENTV puisqu'elle appartient à l'Etat, qu'elle n'a qu'à attendre la fin de l'état d 'urgence pour monter sa propre télévision».
Que pensez-vous du projet de réforme de l'Etat qui prévoit notamment la responsabilisation exclusive du chef du gouvernement devant le chef de l'Etat :
D'abord une remarque subsidiaire: ce projet de réforme donne tout à fait raison aux algériens d'avoir boycotté les législatives. La perte d'une prérogative par un parlement croupion ne change rien au fait que c'est un parlement croupion. La question est qu'on ne voit pas l'utilité d'une instance massivement délégitimée par les citoyens et citoyennes et réduite à un simple machin d'enregistrement.
Le fond du problème est que nous sommes, à nouveau, empêtrés dans la manie coloniale des statuts octroyés. Les Algériens ignorent tous des fourbis institutionnels cuisinés secrètement par des experts de hasard. Mais leur revendication profonde et prioritaire est connue, ils la clament haut et fort dans la rue : le changement du système lui-même. Le refus d'une solution politique a mené le pays à une impasse totale. A telle enseigne que la seule solution à la crise demeure l'aggravation de la crise. On est devant une planification totalitaire de l'avenir, une trahison des promesses historiques et des aspirations élémentaires de notre jeunesse. Les Algériens ne perdent cependant pas l'espoir de reconquérir leur droit à l'autodétermination en vue de la refondation d'un Etat qu'ils construiront de leurs propres mains.
Ce projet de révision des institutions ou de la constitution ne m'étonne pas. Il ne faut pas se cacher la tragique réalité: ce sont des structures illégitimes issues de coups d'Etat successifs, avec des institutions cooptées par «l'Organisation», au sens mafieux du terme, qui mènent le pays.
«Dans le contexte actuel, il n'y a que de moins mauvaises décisions à prendre»
Avec un tel diagnostic, comment expliquer que le FFS, dont vous êtes le président, annonce sa participation conditionnelle aux élections locales du 10 octobre 2002 ?
Nous faisons de la politique et non de la poésie. Mais nous ne faisons pas de la politique des clowneries politiciennes. Nous sommes déterminés précisément à réhabiliter la politique au regard de jeunesse en contribuant à lui redonner ses titres de noblesse. La spécificité du FFS est d'être resté fidèle à ses idéaux et à ses objectifs fondamentaux. La finalité de notre combat n'a pas bougé d'un iota. Aider le peuple et les citoyens à reconquérir leur droit à l'autodétermination qui est le premier et le plus fondamental des droits de la personne humaine.
«Ce droit d'avoir des droits» grâce auquel ils reprendront possession de leur destinée, de leurs richesses et de leur patrimoine culturel. Quant aux décisions de participation ou non, tout en étant indissociables de ces principes, nous les adaptons, selon les paramètres qui s'imposent à nous, au cas par cas. Nous avons participé aux élections législatives en 1997 dans le seul but de garder un espace d'expression - si réduit soit-il - à l'APN et surtout en dehors d'elle pour continuer à faire entendre les aspirations et le ras-le-bol de la population. Vous savez bien que dans l'état d'exception de fait et les manipulations diaboliques qui pèsent sur la société, il n'y a pas de meilleures décisions. Il faut bien peser les choses : il n'y a que de moins mauvaises décisions à prendre.
Le scrutin législatif de mai 2002 s'inscrivait dans un contexte totalement différent, avec le Printemps Noir en Kabylie et les sursauts de solidarité et de résistance citoyenne qui ont rendu espoir et confiance en elle-même à notre jeunesse.
Dans cette extraordinaire dynamique, l'appel à la dissidence citoyenne nationale et pacifique était la seule alternative. Il a été parfaitement entendu et compris. Le taux élevé de non-participation a été sans précèdent. Ce fut la première et la plus cinglante déroute du pouvoir depuis l'indépendance. Les électeurs ont dit un non historique au rouleau compresseur pressé d'imposer des instances falsifiées pour traficoter une nouvelle vitrine démocratique Les trois instances de la vitrine précédente s'étant discréditées par leur silence et leur indifférence inqualifiable, pendant toute la durée des expéditions punitives et de chasse à balles réelles contre notre belle et brave jeunesse.
Après de larges consultations au sein de toutes nos structures, nous avons décidé de participer aux APC et APW pour deux raisons principales. D'abord, développer la dynamique pacifique citoyenne à l'échelle nationale. La jeunesse en général, le mouvement associatif, les syndicats autonomes, qui sont en émeutes quasi permanentes à propos des problèmes d'emplois, de logements, de l'eau , de la hogra, peuvent commencer à les résoudre en allant à la conquête des municipalités. Au lieu d'être entraînés dans des aventures violentes et sans issues. Nous avons conditionné notre participation par la cessation des poursuites contre les élus locaux FFS et par la libération des détenus, même impliqués dans des émeutes .. qui a été rapidement suivie d'effet. Outre que ce sont des gestes d'apaisement, ces libérations sont de nature à convaincre les jeunes exclus de ne pas s'exclure eux-mêmes du pouvoir local, de se prendre dignement en charge et de s'efforcer de solutionner leurs problèmes. Je souhaite vivement que les manifestants arrêtés à El Bayadh , Khenchela , In menas, Souk Ahras, Aïn Abid et ailleurs ne tardent pas à bénéficier de cette mesure. Deuxième raison de notre participation, ne pas laisser le vide dans les communes de Kabylie et barrer la route à toutes les catégories de maffias qui les ont privatisées et pillées.
C'est d'ailleurs l'échec de celles-ci aux élections locales de 1997, suivi des révélations sur la corruption et le pillage des biens publics qui les a pousseés à se joindre à toutes les forces des ténèbres qui veulent faire imploser la région et exploser toute l'Algérie.
• Le Quotidien d'Oran
(Suivra)


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