Membre de la Communauté israélite de Casablanca, Raphael Devico accuse Serge Berdugo de bloquer toute velléité de réforme des institutions israélites du Maroc. Les membres de la communauté des Marocains de confession juive revendiquent la démocratisation du Conseil des communautés israélites du Maroc (CCIM). Depuis plus de quatre ans, certaines voix au sein de cette communauté appellent à ce que la gestion des affaires de cette instance obéisse aux règles fondamentales de la transparence et de la démocratie. Les représentants de ce mouvement revendicatif estiment que les méthodes de gestion des affaires israélites et le mode de choix des personnes qui en assument la responsabilité ne sont pas en harmonie avec l'esprit d'ouverture et de modernisation qui caractérisent le Maroc nouveau. Ce mouvement est mené par un des membres importants de cette communauté à Casablanca. Il s'agit de Raphael Devico, qui mène, depuis 2001, une grande bataille au sein du Conseil des communautés israélites au Maroc pour exiger une démocratisation de ses instances et une meilleure transparence dans la tenue et la gestion de ses comptes. Selon M. Devico, son action bénéficie du soutien d'un comité de soutien composé de "plusieurs centaines de membres" qui l'ont mandaté pour mener ce combat pour le respect de la légalité et de la démocratie au sein de l'instance dirigeante des affaires israélites au Maroc. Les exigences de ce mouvement sont claires: ils veulent que le conseil des communautés et les comités régionaux soient gérés par des gens élus par les membres d'une manière démocratique, que les femmes aient le droit de participer à ces élections et que les comptes gérés de manière transparente. "Nos institutions représentatives doivent être administrées par des membres élus librement et démocratiquement comme nous y autorise la loi et en urgence avant démobilisation de ceux qui composent les nouvelles élites, force doit rester à la loi", indique M. Devico dans une lettre ouverte qu'il a adressée, en septembre 2004, aux membres de la communauté israélite en général et au secrétaire général du Conseil des communautés israélites au Maroc, Serge Berdugo. En fait, il ne s'agit pas de la première lettre ouverte qu'il adresse aux membres de cette communauté. La première aurait été rendue publique en 2001. Mais, ces lettres sont restées sans réponse de la part de ceux qui dirigent l'instance aujourd'hui, affirme le chef de file du mouvement revendicatif. Pour M. Devico, ceux qui sont à la tête du Conseil ne cessent de dresser des obstacles devant toutes les tentatives d'application de la loi en ce qui concerne les modalités d'élection du secrétaire général et des présidents de comités. «Notre action était à la fois fort simple mais combien semée d'embûches, particulièrement par ceux qui se considèrent Représentants ou Propriétaires du "Fonds de commerce" communautaire », dit-il à l'adresse des membres de la communauté israélite. Ce qui signifie que le mouvement revendicatif dirigé par M. Devico serait harcelé par les dirigeants du CCIM qui voudraient l'empêcher de poursuivre son combat pour le respect de la loi. Quelles sont donc ces revendications qui dérangeraient tellement l'équipe dirigée par Serge Berdugo ? Concrètement, M. Devico et son comité de soutien exigent la transparence des comptes du Comité de Casablanca, que des élections soient organisées pour la désignation du président et du bureau de ce comité tout en garantissant aux femmes le droit à la participation, et enfin que le secrétaire général du conseil national soit élu parmi les présidents des comités régionaux. Ce dernier point concerne spécialement le cas de M. Berdugo qui a accédé au secrétariat général alors qu'il n'est pas un président de comité. S'agissant de la gestion financière, M. Devico affirme que les comptes du comité de Casablanca n'oint jamais été rendus publics et ce contrairement à ce qui se fait dans toutes les autres villes du Royaume. De ce fait, il exige qu'un audit soit réalisé sur ces comptes. Une demande qu'il avait formulée en 2001 et qui est restée sans réponse jusqu'à aujourd'hui. Une information démentie par M. Berdugo qui précise que lesdits comptes sont transparents et que la réalisation d'un audit ne peut nullement se faire sur la base d'une demande formulée par un seul membre. "En plus, ajoute-t-il, c'est le ministère de tutelle à savoir l'Intérieur qui a le droit de contrôle sur ces comptes et peut demander en cas de besoin qu'un audit soit effectué pour vérifier la bonne gestion des finances des comités". S'agissant des élections, le secrétaire général du CCIM affirme qu'il s'agit d'un problème d'ordre juridique. "Le dahir portant création et organisation du Conseil des communautés israélites au Maroc a été créé en 1918 et sa dernière réforme remonte à 1945. Nous sommes tous conscients de la nécessité d'en réformer certains aspects, et nous avons déjà pris des initiatives dans ce sens", explique-t-il. Selon M. Berdugo, la question du droit des femmes au vote devrait être réglée dans ce cadre étant donné que ledit dahir ne permet pas aux femmes de voter. En ce qui concerne le choix du secrétaire général parmi les présidents de comités, M. Berdugo affirme que cette règle n'a jamais existé. "D'ailleurs, la majorité de mes prédécesseurs n'étaient pas des présidents de comités", affirme-t-il avant de rajouter que "MM. Jacques Dahon et David Amar, pour ne citer que ces deux exemples, n'étaient pas des présidents de comités alors qu'ils assumaient le secrétariat général". Ainsi, entre les accusations des uns et les réponses des autres, ce qui est certain est que la communauté israélite est en train de connaître un débat sérieux sur la réforme de ses statuts et de ses instances. En clair : elle a besoin d'une action de modernisation pour qu'elle puisse accompagner le rythme des réformes que connaît le pays.