Bourita s'entretient avec une délégation de l'intergroupe parlementaire italien de "Soutien à l'initiative d'Autonomie au Sahara"    Le dossier du Sahara à l'heure de la décision... Le Maroc aborde la session du Conseil de sécurité en position de force    L'ONMT et Delta Air Lines inaugurent la première liaison directe Atlanta-Marrakech    Programme pour le transport public urbain: 257 autobus réceptionnés au Port de Casablanca    Maroc Telecom : un effort d'investissement sans précédent    Retour sur la 16ème édition du Marathon International de Casablanca (VIDEO)    Les professionnels de la santé RNIstes appellent à la mobilisation des compétences médicales des MRE    Tindouf. Guterres alerte sur la situation des droits de l'Homme    Le Club des avocats du Maroc poursuit Tawakkol Karman pour incitation au terrorisme    5G, CNSS, Enseignement... au menu du prochain Conseil de gouvernement    Maroc-Vietnam : Deux accords signés sur l'entraide pénale et l'extradition    Vétérinaires. Al Barid Bank lance une offre dédiée    Nouaceur : Coca-Cola inaugure deux nouvelles lignes de production à l'usine Cobomi    Nizar Baraka : « Près de 48.000 km de routes sont bitumées au Maroc »    Tomates marocaines : les producteurs dénoncent une campagne «injustifiée» en Europe    Energies renouvelables : Lancement du programme régional sur les appels d'offres compétitifs    Sénateur américain : "Si j'étais Maduro, je me serais enfui en Russie ou en Chine"    Le Turc Baykar s'apprête à lancer au Maroc la production de drones nouvelle génération    Massad Boulos confirme que l'Algérie est ouverte au dialogue avec le Maroc    Football : Le Maroc au cœur de l'organisation de la CAN, de 1988 à 2025    Ligue 1 : Achraf Hakimi absent face à Lorient ce mercredi    Karting : Le Maroc remporte la Coupe des nations FIA MENA 2025    Air France amplía su programa de vuelos de invierno y sus servicios a bordo en Marruecos    Green March relay race celebrates 50th anniversary with 10th stage in Guelmim    Azzedine Ounahi shines in Girona's comeback against Real Oviedo    Le Maroc compte 1.311 établissements de protection sociale d'une capacité d'accueil d'environ 115.000 personnes    Transition énergétique : Convention de partenariat pour le programme de bourses des doctorants-moniteurs    Tahraoui : 24 projets hospitaliers réalisés dans différentes régions sur la période 2025-2026    Industrie cinématographique : La loi 18-23 a fait son cinéma... et maintenant ?    Jeunesse et culture : Bensaid met en avant le "Pass Jeunes", les députés réclament plus de participation    Invité d'honneur de l'IFJ : Fouad Souiba, funambule entre réel et fiction    Guelmim : Le site des gravures rupestres intact mais menacé (CNDH)    Présidentielle ivoirienne. Alassane Ouattara en tête    Algérie : Le PDG de Sonatrach limogé - Les raisons inavouées    En Algérie, Rachid Hachichi écarté de la présidence de Sonatrach, Noureddine Daoudi lui succède, la gestion chaotique du géant pétrolier en question    Trump rejette l'idée d'une candidature à la vice-présidence en 2028    Dopage. L'athlète kényane Ruth Chepngetich suspendue    Le Festival du Film Méditerranéen de Tétouan rend hommage à Nabil Ayouch et Eyad Nassar    Cotonou, scène des musiques d'Afrique francophone    Essaouira. Le Festival des Andalousies Atlantiques se rêve en Zyriab des temps modernes    Revue de presse de ce lundi 27 octobre 2025    Liga / Clasico : Mbappé et Bellingham font plier le Barça    LDC : La RSB ramène un nul précieux de Tripoli    Mondial de Handball U17 / Groupe A : Le Maroc, s'inclinant face au Brésil, est hors course pour les demi-finales    Donald Trump entame ce lundi une visite officielle au Japon    Le groupe chinois Guizhou Tyre officialise la création d'une base industrielle au Maroc tournée vers l'Afrique et l'Europe pour étendre sa présence mondiale    Aéroport Mohammed V: interpellation d'un Français d'origine algérienne    Entre mémoire et culture, le Maroc à l'honneur à Bruxelles    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Entretien avec Hajooj Kuka, réalisateur soudanais : «Mon long-métrage est le premier film soudanais depuis vingt an»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 06 - 12 - 2018

Tout investissement en film n'a pas de retour puisqu'il n'y a pas de public qui veut voir un film africain qui n'existe même pas. Le public préfère les films américains ou indiens ou encore d'action.
ALM : Comment évaluez-vous votre participation au festival ?
Hajooj Kuka : D'abord, j'aimerais bien préciser que la diffusion de mon film, qui est un drame programmé en compétition officielle du festival, est une première dans les pays arabes. Pour moi, cela est important. Ce qui m'importe également c'est de me mettre aux côtés du public et ressentir les sentiments des spectateurs arabes en regardant un film soudanais. Par l'occasion, mon long-métrage est le premier film soudanais depuis vingt ans. Bien avant, il n'y avait pas beaucoup de films soudanais vu les pressions du régime militaire du Soudan qui n'apprécie pas les films. D'autant plus qu'il n'existe pas de développement et d'appui aux films. Actuellement, pour bien des raisons dont les nouvelles technologies, de jeunes réalisateurs tentent de créer des films. Dans les années à venir, nous pensons qu'il y aura des films de mes amis qui seront lancés. C'est le cas de celui de Souhaib Kism El Bari prévu pour l'an prochain dont il a terminé le tournage. Aussi Amjad Abu El Ela est en train de tourner son premier long-métrage. Nous espérons bien qu'il y aura au moins un film par an. Nous nous entraidons pour avoir un bon retour du cinéma soudanais.
Pendant ces vingt ans, que faisiez-vous?
Je tournais des films documentaires aux Noubas du Soudan où je suis né et je vis. Déjà il existe une guerre tribale au Soudan divisé en deux Etats. Je parle du Soudan du Nord, là où il y a les Noubas. C'est là où je crée mes films. Pour «Akasha», c'est ma première expérience en drame. Je travaille aussi avec des gens qui vivent dans ma région et qui adorent l'art bien qu'ils ne soient pas des acteurs. Nous avons créé un club dans un village appelé «Kauda» où, nous jeunes, faisons des répétitions en «théâtre des misérables» et créons des mini-pièces de théâtre. C'est ainsi que nous avons évolué en faisant des courts-métrages puis ce long-métrage. Pendant les vingt ans précédents, j'étais à Abu Dhabi aux Emirats. J'y ai grandi. Pour l'heure, j'ai 36 ans. J'ai reçu mon éducation à Beiruth après quoi je suis parti aux Etats-Unis pour des études à l'université. C'est là que je me suis formé au cinéma à New York où je travaillais dans les annonces. En 2011, il y a eu la nouvelle guerre tribale au Soudan. En 2012, j'y suis parti pour essayer de documenter la situation au Soudan. Quand j'ai vu ma famille dans des situations difficiles, j'ai décidé de rester. Je vis dans cette contrée depuis 2012 à ce jour.
Votre film sera projeté aujourd'hui. Pourrions-nous en avoir un avant-goût ?
Le film est une comédie. Bien que ce soit un long-métrage, les faits se déroulent en une seule journée. Le film parle du mode de vie dans les zones de conflit. Ce qui y arrive au Soudan est bizarre. En automne, la pluie est abondante dans ces régions. La terre devient argileuse. Ainsi, les charrettes et les voitures n'arrivent pas à bouger. La guerre s'arrête complètement. C'est comme une opportunité pour les soldats pour partir. Le film raconte l'histoire de trois personnages principaux. Adnan, Lina et Absi. Adnan est un jeune qui aime la guerre. Il adore être aimé et perçu comme héros. Il a une bien-aimée qui s'appelle Lina. Le film commence par une dispute entre Adnan et Lina qui finit par l'expulser de chez elle. Mais il ne prend pas son arme avec lui. Tout au long du film, il essaie de la récupérer. Ainsi, la comédie se crée en tentant de récupérer cette arme. Mais en même temps, dans cette comédie, le spectateur ressent l'existence d'une vie dans les zones de guerre et conflit. Aussi, il y a un mariage célébré dans le même jour. Histoire de permettre au spectateur de ressentir l'existence de la musique, du patrimoine et du mode de vie dans ces zones marginalisées.
Lors de la conférence de presse du jury de ce 17ème festival, la réalisatrice d'origine marocaine, Tala Hadid, a indiqué que l'Afrique a de la créativité mais manque de moyens. Que répondez-vous à cela ?
Je suis d'accord. Il est assez difficile pour un réalisateur africain de produire un film vu le manque de moyens à cause de l'inexistence d'un mode de distribution des films. Tout investissement en film n'a pas de retour puisqu'il n'y a pas de public qui veut voir un film africain qui n'existe même pas. Le public préfère les films américains ou indiens ou encore d'action. Les films africains ne font pas l'objet de marketing qui est fait par des personnes qui ne connaissent pas la valeur et l'importance du film africain en tant qu'art ou d'outil d'échange. Il y a plus d'une raison pour s' intéresser au film africain. Chose qui ne se fait pas. Même après la création de films, il est difficile de les diffuser de par le monde.
Le Maroc mène une belle politique d'ouverture sur l'Afrique. N'est-il pas temps pour les pays du continent de coopérer avec le Maroc pour l'art, notamment le cinéma?
Il est connu que le Maroc est le seul pays dans le continent où l'Etat consacre des montants pour la production de films marocains. C'est pourquoi le niveau des films marocains est supérieur par rapport à d'autres. Il existe des ressources de France et d'autres pays mais il faut que la production ait cette touche étrangère. Et donc elle sera loin de ce sentiment africain. Mais le Maroc fait des films marocains et proches des peuples marocain et africains voire arabes. Nous ressentons cela. C'est une nouveauté que le Maroc a créée. Auparavant, l'Egypte entreprenait cette démarche qu'il ne fait plus. Peu de pays prennent cette initiative pour peu de temps. Quand il y a des problèmes financiers, l'art est laissé pour compte. Actuellement, il n'existe pas de financement en Afrique pour des films africains. D'autant plus qu'il n'y a pas de festival dans cette partie du monde qui me donne l'impression que je peux y aller, où je serai respecté et où il y aura un intérêt pour le film africain. D'ailleurs, pour parler de Marrakech, c'est pour la première fois que je fréquente un festival arabe et en Afrique.
Un dernier mot… ?
Je suis le seul parmi l'équipe à assister au festival. Les autres participants au film n'ont pu y être parce qu'ils vivent dans des zones de conflit, ils n'ont pas d'identité et ne peuvent pas voyager. Dans mon film, c'est tout un village qui a contribué. Ce qui est important c'est que la production a commencé il y a environ trois ans et dans un club de jeunesse. Le début était simple puisque les jeunes ne trouvent pas quoi faire. L'idée était de commencer simplement pour faire un film dramatique pour celui qui aime. Ainsi les gens sont devenus enthousiastes. Quand on terminait un projet nous entamions l'autre. Nous avons fait 4 courts-métrages et nous partions aux environs avec un petit projecteur ainsi tout le monde s'est passionné pour le cinéma et veut participer aux films. Nous avons fini par faire le mien. Les membres de l'équipe ne s'attendaient pas à ce que le film soit présenté sur un grand écran au Maroc et dans le monde. Je suis fier d'eux et je me sens leur ambassadeur. Le film appartient à nous tous.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.