Si les industriels de la conserve veulent accéder aux ressources, ils devront acheter des bateaux. Ce dispositif incorporé dans le plan d'aménagement de la pêcherie suscite la colère de toute une profession. Après plusieurs années de gestations, le plan d'aménagement de la pêcherie est enfin prêt. Gardé au secret dans les locaux du ministère de tutelle, en attendant une annonce officielle prévue la semaine prochaine, ce texte devra déterminer sur la base de la biomasse les quotas affectés aux différentes activités, à savoir les conserves, la congélation, la farine de poisson. A ce niveau, apprend-on, deux taux s'affrontent : un quota annuel de 10 ou de 15%. Chaque secteur aura une quantité à pêcher. Le pan d'aménagement déterminera en outre les zones et les modes de pêches avec des rectifications périodiques, en fonction de l'Etat de la ressource. Compte tenu de l'importance de la zone C, entre Boujdour et au delà, les différentes phases d'élaboration de ce texte ont été suivies avec intérêt par les professionnels, en particulier les membres de l'UNICOP. Ces derniers de l'Union nationale des industries de conserves savent qu'ils jouent gros. D'autant que, selon des sources bien informées dans les milieux professionnels croient savoir que ce plan accorde aux industriels le droit d'accès à la ressource, mais tout en dressant devant eux une montagne : «pour pêcher, il faudra investir dans l'achat de bateaux sardiniers. Tout affrètement est interdit ». C'est cette condition qui serait à l'origine de la colère palpable dans le secteur. En déplacement actuellement en Allemagne où se tient une grande foire internationale sur la pêche, les membres de l'UNICOP sont injoignables pour la plupart. Une conférence de presse est prévue au courant de la semaine prochaine. En attendant, c'est bouche et motus cousue. Même Hassan Sentissi, président de la FENIP, tout en faisant remarquer que le ministre de tutelle, Mohand Laenser qui a réussi en quelques temps à mettre en place un plan d'aménagement global contrairement à ses prédécesseurs, préfère s'en tenir au statu quo. Le brouillard est complet. D'où les spéculations. A entendre un ancien représentant ministériel, c'est un puissant lobby au sein du corps des armateurs qui a réussi le tour de force d'introduire la clause d'interdiction de l'affrètement aux industriels. Déjà sinistrée par une activité en dents de scie, la flotte côtière voyait d'un mauvais œil l'arrivée de cette concurrence supplémentaire. Pourtant à la Chambre maritime d'Agadir, où l'assemblée générale s'est tenue hier, on n'est pas loin de penser que l'UNICOP a raison : puisque on donne des licences aux Russes et aux Espagnols, pourquoi ne pas en faire bénéficier aux industriels. Interrogé sur le plan d'aménagement de la pêcherie, le secrétaire général du ministère a été très clair, tout en veillant à rester dans les aspects techniques du dossier. Il y a deux plans : le premier concerne le stock de poisson A et B. Il s'agit d'un plan de réaménagement de différentes destinations qui existent actuellement. Le deuxième concerne le stock C, au sud de Boujdour. C'est un plan de développement. En plus, il y aura des affectations des quotas par destination. Le ministère a mis beaucoup du temps pour réaliser ce travail, tenant compte du volet de la recherche scientifique et des différentes évolutions du secteur. Le projet sera présenté et débattu avec les professionnels pour trouver un consensus. Reste seulement à trouver le moyen de donner aux conserveries l'accès aux ressources à des conditions acceptables tout en évitant de pénaliser la flotte hauturière. Plus qu'un jeu d'équilibriste.