Lors d'un événement tenu à Francfort, dimanche 13 octobre, la jeunesse du Rassemblement national des indépendants (RNI), a dénoncé les mécanismes qui ont présidé à la désignation de certains ministres PJD au gouvernement. Des nominations appréhendées au prisme des factions ou des individualités, au détriment des compétences. Entre la nécessité de composer, d'en rabattre sur ses positions, de démontrer sa solidarité, et les moments de réaffirmation d'une identité partisane, les relations entre le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de la justice et du développement (PJD) semblent n'obéir qu'aux rapports de force. Dimanche 13 octobre, à Francfort, en Allemagne, le congrès de la Jeunesse RNI se déroule dans une ambiance houleuse. La vice-présidente du groupement, Yasmine Lamrhaouar, a réprouvé la désignation de Mohamed Amekraz, 34 ans, à la tête du ministère de l'Emploi et de l'insertion professionnelle. Elle y soutient que M. Amekraz « jure comme un charretier ». Or, elle estime que son poste ne lui permet pas d'employer un vocabulaire, insultant, grossier ou ordurier. «La politisation, c'est le remplacement des critères basés sur le mérite par des critères politiques dans la sélection aux postes de hauts fonctionnaires» a-t-elle asséné. Mme Lamrhaouar a particulièrement fulminé contre les calculs partisans qui ont présidé à la nomination de M. Amekraz. Alors que l'appareil étatique connaît une profonde transformation, au niveau à la fois de sa composition, de son fonctionnement et de ses attributions, Mme Lamrhaouar soutient que : «le critère de sélection fondé sur les diplômes est incompatible avec la compétence. Celle-ci, la seule qui doit être prise en compte, est souvent diluée dans la multitude des critères de recrutement. «J'ignore les critères et les indicateurs concrets de performance qui ont présidé à la mise en place de M. Amekraz à la tête du département de l'emploi. C'est une désignation que nous récusons». Nezha El Ouafi, nommée dans la nouvelle configuration gouvernementale ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, chargée des Marocains résidant à l'étranger (MRE), a été également vivement contestée. Mme Lamrhaouar reproche à Mme El Ouafi ses connaissances linguistiques limitées alors que son poste ministériel requiert, à son sens, la connaissance et la maîtrise de langues étrangères, sachant que son département concerne la communauté marocaine résidant à l'étranger. «L'on sait comment se déroule l'essentiel des interactions dans les coulisses des institutions du PJD» a tonné la vice-présidente de la jeunesse du RNI. En revanche, proclame Mme Lamrhaouar : «au sein du RNI, la concertation et la consultation font partie de notre processus décisionnel. Notre action est motivée par des valeurs collectives et communes, alors que le PJD cultive sans cesse le nihilisme». Il y a quelques semaines, une guerre silencieuse a éclaté entre le RNI et le PJD, alimentée par les enjeux de positionnement et de clivage au sein de l'alliance, ainsi que certaines désignations dans le dernier remaniement, qui ne remplissent pas les critères d'éligibilité à même de répondre à la pluralité des attentes et des défis en vue. Il semble que se tirer dessus à boulets rouges, de part et d'autre, risque de durer encore un temps.