Plusieurs vidéos postées sur YouTube et Facebook montrent des centaines de manifestants scandant dans la rue des slogans contre chef du gouvernement. «Dégagez ! Pour vous les élections nationales ne sont plus un canal d'accès significatif aux ressources publiques» a-t-on fulminé contre lui. Le chef du gouvernement Saad-Dine El Otmani a été hué et sifflé pendant une vingtaine de minutes lors d'un bain de foule à Rabat, ce dimanche. Au micro de la BBC, El Otmani, vexé, a déclaré au micro de la BBC que la foule qui l'a conspué «a été payée» pour cela. Des propos qui ont scandalisé nombre de commentateurs, au moment où le Mouvement Unicité Réforme (matrice idéologique du PJD) et la jeunesse PJD — par la voix de son chef, le ministre du Travail, Mohamed Amekraz — sont sortis secourir le parti islamiste, très impopulaire et déchiré. «Cette démobilisation s'est également ressentie dans les rangs de l'élite politique locale du PJD. Abdel-lilah Benkirane et Aziz Aftati, par exemple, ont préféré rester en retrait» a affirmé un militant proche du PJD à Barlamane.com. «Comment se fait-il que le chef du gouvernement puisse affirmer à un média étranger qu'une fraude programmée cherche à modifier la volonté du corps électoral ?» ont réagi plusieurs internautes sur les réseaux sociaux. «Que le parti au pouvoir prétende que la lutte électorale n'est pas menée à armes égales incarne l'intériorisation que ces scrutins ne vont pas dans le sens défini par les normes. C'est de la pure la surenchère clientéliste d'un parti incapable d'assumer le sentiment de rejet qu'il inspire, qui s'est accru lors de cette campagne» ont-ils ajouté. Quelques jours auparavant, la famille politique d'El Otmani, le Parti de la Justice et du Développement (PJD,majorité), au pouvoir, a également condamné «l'utilisation obscène de fonds pour attirer les électeurs et certains superviseurs des bureaux de vote», sans nommer aucun parti, selon un communiqué au ton peu amène. El Otmani, qui a passé son mandat à faire les équilibristes entre les différentes branches de sa majorité tentaculaire, est confronté à un bilan terne, aux limogeages de ministres en exercice en deux vagues, aux scandales de ses camarades Plusieurs cadres du PJD avait déjà suscité une levée de boucliers en semant le doute sur la réalisation du scrutin de 2021, accusant à mots ouverts le le RNI, qui appartient à la coalition gouvernementale, piloté par Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture, de saper la transparence des scrutins à venir. Ce parti, dans un communiqué, a «rejett[é] catégoriquement toute atteinte au bon déroulement du processus électoral de nature à entacher l'image du Royaume», ajoute le communiqué. La campagne électorale a démarré, il y a une semaine. Une trentaine de partis sont mobilisés pour tenter de convaincre près de 18 millions de Marocains à se déplacer pour élire les 395 députés de la Chambre des représentants et plus de 31 000 élus communaux et régionaux.