L'ONG dénonce des «dossiers fabriqués» et un «contexte de répression croissant» qui sévit au détriment «du droit et des engagements internationaux du pays». Près de deux ans et demi après le début du mouvement de contestation, les manifestations ont cessé mais les condamnations et les fausses accusations continuent de pleuvoir sur les militants, journalistes et défenseurs des droits humains. Amnesty International a demandé aux autorités algériennes, lundi 29 novembre, de libérer «immédiatement» Abderraouf Arslane, avocat et militant des droits humains ayant activement participé au mouvement de contestation antirégime, le Hirak, estimant qu'il affronte «de fausses accusations» liées au terrorisme. L'organisation non gouvernementale (ONG) précise que ce militant, dont le procès commence aujourd'hui, est poursuivi pour ses opinions sur les réseaux sociaux. Abderraouf Arslane a été détenu le 26 mai 2021 au tribunal de Tébessa, où il défendait trois militants – Aziz Bekakria, Redouane Hamidi et Azeddine Mansouri – qui avaient été arrêtés plus tôt dans la journée. Après l'audience, le procureur a ordonné la détention d'Arslane dans l'attente d'une enquête sur de vagues accusations de liens présumés avec des membres de Rachad, un mouvement politique non enregistré, et sa participation aux débats publics sur les manifestations algériennes de 2019-2021, également connues sous le nom de Hirak, ni l'un ni l'autre n'étant des crimes reconnus par le droit international. «Il est terrible que les autorités algériennes incarcèrent un avocat simplement pour avoir fait son travail et exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expression. L'incarcération et les poursuites d'Abderraouf Arslane envoient un message effrayant aux avocats de tout le pays qui osent défendre des militants ou s'exprimer sur les droits humains, en particulier dans le contexte de la répression en cours contre la dissidence en Algérie», a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et Afrique du Nord. «Les autorités algériennes doivent immédiatement libérer Abderraouf Arslane de sa détention provisoire arbitraire, abandonner toutes les charges non fondées retenues contre lui et cesser le harcèlement judiciaire et les intimidations visant à réprimer illégalement ses activités légales», a-t-elle ajouté. Les procureurs ont inculpé M. Arslane de «participation à un groupe terroriste» en vertu de l'article 87 du Code pénal, passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison, et de «diffusion de fausses nouvelles» en vertu de l'article 196, qui entraîne une peine supplémentaire de trois ans et une amende. Les autorités algériennes ciblent depuis des mois militants, opposants politiques, journalistes et internautes, multipliant interpellations, poursuites judiciaires et condamnations afin d'empêcher toute reprise du Hirak, suspendu en raison d'une sauvage répression politique. Selon un décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, quelque 90 militants du Hirak sont actuellement incarcérés, la plupart pour des publications sur le réseau social Facebook.