L'ancien chef de l'Etat sud-africain Jacob Zuma, par le biais de son parti uMkhonto weSizwe (MK), a exprimé son, adhésion publique à la thèse marocaine relative au Sahara au point de remuer le Congrès national africain (ANC), selon des sources sud-africaines. La nouvelle position du parti sud-africain uMkhonto weSizwe (MK), rendue manifeste dans un document doctrinal mis au jour pour la première fois par Barlamane.com et intitulé «Partenariat stratégique pour l'unité africaine, l'émancipation économique et l'intégrité territoriale : le Maroc», continue de remuer les sphères politiques et diplomatiques africaines. Interrogé par The Africa Report, le porte-parole du MK, Nhlamulo Ndhlela, a affirmé que cette annonce s'inscrit dans le prolongement d'un compagnonnage ancien : «Le texte reflète l'héritage des relations historiques entre le Maroc et la branche armée de l'ANC», a-t-il déclaré, en référence au soutien militaire et logistique que Rabat aurait accordé à uMkhonto weSizwe dès 1962. Un document stratégique et historique Le document programmatique du MK constitue l'une des premières prises de position doctrinales du parti depuis son entrée au Parlement en tant que troisième force politique, à l'issue des élections du 29 mai 2024. Dans ce texte, le MK plaide en faveur d'un rapprochement entre l'Afrique du Sud et le Maroc, en s'appuyant sur des liens historiques. «L'identité du parti MK est profondément ancrée dans la lutte historique pour la libération et la dignité en Afrique du Sud. De manière analogue, l'histoire du Maroc est marquée par sa résistance à la domination coloniale et sa quête d'unité nationale», indique le document. Le texte insiste sur les convergences anticoloniales entre les deux nations : «l'Afrique du Sud contre l'apartheid et le Maroc contre la domination française et espagnole». Il rappelle également le «rôle déterminant» joué par le Maroc dans le soutien, tant financier que militaire, à la branche armée de l'ANC — uMkhonto weSizwe — dès 1962. Soutien explicite à la position marocaine sur le Sahara Le document affirme sans ambiguïté l'adhésion du MK à la position du Maroc concernant le Sahara, au nom des principes de «l'autodétermination, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la libération des peuples opprimés», en déclarant que le Sahara occidental a «toujours été une composante du Maroc». Revirement ou glissement doctrinal ? Ce ralliement tranche avec les précédentes déclarations du MK. Deux mois auparavant, la direction du parti, connue sous le nom de National High Command, avait annoncé son intention de jouer un rôle de médiateur entre le Maroc et le Polisario, en vue d'un règlement définitif du différend. Un communiqué publié à l'époque mentionnait que Jacob Zuma et des responsables du MK prévoyaient de se rendre au Maroc afin d'y rencontrer les différentes parties impliquées. Les choses ont radicalement évolué depuis. Vers un dégel inédit ? Le positionnement actuel du MK s'inscrit dans la continuité des efforts antérieurs de Jacob Zuma pour renouer avec Rabat. En 2017, alors président, il avait rencontré le roi Mohammed VI en marge du sommet Union africaine–Union européenne à Abidjan. Cette rencontre avait permis le rétablissement des ambassadeurs entre les deux pays. Le document s'attarde longuement sur les affinités historiques entre les deux Etats, décrivant une filiation dans la lutte pour l'émancipation nationale : «L'Afrique du Sud s'est dressée contre l'apartheid, comme le Maroc a résisté à l'occupation française et espagnole.» Il y est souligné que le royaume chérifien «a joué un rôle central dans l'appui au combat de libération mené par l'ANC», conférant à cette solidarité ancienne une valeur fondatrice. Cette profession de foi, qui consacre le Sahara comme partie intégrante du territoire marocain, s'aligne sur les thèses défendues par Rabat au sein des enceintes internationales. Cette déclaration marque en outre un jalon supplémentaire dans la stratégie déployée depuis plusieurs années par M. Zuma, soucieux d'approfondir les relations avec le Maroc. Pour l'heure, aucune réaction officielle de l'ANC n'est venue clarifier sa position à l'égard du MK, désormais troisième force parlementaire à l'Assemblée nationale locale.