Le Maroc manifeste un attrait soutenu pour les médicaments complexes russes, notamment les insulines, les traitements oncologiques et les vaccins, tout en multipliant les ouvertures dans le domaine des technologies médicales et numériques. C'est ce qu'a déclaré le représentant commercial russe à Rabat, Alexey Andreev, dans un entretien accordé à African Initiative. Coopération pharmaceutique et réforme sanitaire Dans le sillage d'une vaste réforme de son système de santé, le Maroc multiplie les partenariats extérieurs. Selon M. Andreev, «le Maroc s'intéresse aux approvisionnements en médicaments "complexes" – insulines, vaccins, anticancéreux – et, comme je l'ai mentionné, il coopère déjà avec plusieurs entreprises russes.» L'élargissement de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) augmente substantiellement les besoins en matière de fourniture pharmaceutique. À cet égard, des entreprises russes sont déjà présentes sur le marché marocain et ont amorcé la localisation de certaines productions. «Des négociations sont en cours en matière de transfert de technologie, et les partenaires marocains manifestent un intérêt constant pour cette coopération,» a ajouté M. Andreev. Des débouchés sectoriels variés Au-delà du médicament, d'autres secteurs sont jugés prometteurs pour les exportateurs russes. «Les technologies médicales, les produits chimiques, la métallurgie, l'agroalimentaire et les solutions numériques représentent des axes d'exportation particulièrement porteurs,» a précisé le représentant commercial. La demande marocaine en produits métallurgiques, tels que la fonte ou les aciers laminés, croît à mesure que se développent les projets d'infrastructure. La Fédération de Russie renforce également sa position sur le marché céréalier marocain, notamment pour le blé, en s'appuyant sur les besoins structurels du secteur agricole marocain. Obstacles tarifaires et préférences commerciales L'entrée sur le marché marocain n'est pas sans exigences. Le Maroc dispose d'un réseau étendu d'accords de libre-échange, notamment avec l'Union européenne, les Etats-Unis et la Chine, ce qui rend la concurrence particulièrement vive. «Les droits de douane appliqués aux produits en provenance de pays hors accords peuvent atteindre 200 %, notamment pour les viandes et les produits laitiers,» a relevé M. Andreev. Il a cependant rappelé que «les barrières ne sont pas figées. Face à certaines pénuries, les autorités marocaines ont temporairement réduit certains droits à zéro – les importations de viande et de bétail sont ainsi exonérées depuis 2024.» Une plateforme stratégique pour le continent La position géographique du Maroc, alliée à une politique volontariste de développement industriel, confère au pays un rôle charnière pour l'Afrique. «Le Maroc offre un environnement attractif pour les affaires – avec des zones industrielles, des incitations fiscales et un accès à des marchés aussi divers que l'Europe, le Moyen-Orient ou l'Afrique de l'Ouest,» a souligné M. Andreev. Le représentant russe a insisté sur l'importance d'une présence locale et d'une stratégie d'adaptation : «Il faut coopérer avec des partenaires marocains, produire sous une marque locale ou localiser partiellement la fabrication. Cela permet d'accéder aux aides publiques et de contourner certaines barrières tarifaires.» Le secteur du numérique n'est pas en reste : dans le cadre de sa stratégie Maroc Digital 2030, le royaume ambitionne de devenir l'un des pôles technologiques du continent. «Les entreprises russes trouvent leur place dans la cybersécurité, la gouvernance numérique, les agrotechnologies et les systèmes intelligents de transport,» a indiqué M. Andreev, concluant que «la transformation numérique n'est pas une vitrine mais l'ossature d'une économie contemporaine.»