Une étude parue dans Next Research révèle que la région de Dakhla présente, au sein du territoire marocain, les conditions les plus favorables au développement de l'énergie éolienne tant sur le plan économique qu'environnemental. Menée par l'équipe dirigée par Fatima-Azahraa Bourhim, cette recherche compare méthodiquement les sites de Dakhla, Essaouira et Tanger à l'aide d'un double modèle fondé sur la valeur actuelle nette (Net Present Value, NPV) et le coût actualisé de l'électricité (Levelized Cost of Energy, LCOE). Grâce à un facteur de charge de 45 % et un LCOE de 0,022 dollar/kWh, Dakhla se détache nettement. La valeur actuelle nette de son exploitation atteint 24,69 millions de dollars, contre 8,42 millions pour Essaouira. Le site permettrait, chaque année, une réduction de 17 184,61 tonnes d'émissions de dioxyde de carbone, correspondant à une économie énergétique chiffrée à 1,2 million de dollars. Un potentiel énergétique freiné par les limites du réseau Le Maroc, dont la capacité éolienne installée s'élève à 1,545 gigawatt, dispose selon cette étude d'un potentiel considérable le long de ses côtes, estimé à 43 gigawatts au nord et 135 gigawatts sur le littoral atlantique méridional. Toutefois, les chercheurs soulignent l'importance de résoudre les contraintes pesant sur les capacités de raccordement au réseau électrique afin de libérer pleinement ces ressources. La méthodologie, qui croise paramètres techniques, données économiques et retombées environnementales, repose sur l'analyse de la distribution de Weibull appliquée aux vitesses de vent locales, avec des puissances de turbines comprises entre 2,3 et 3,6 mégawatts. Le modèle prend également en compte les limites du réseau, évaluées entre 20 et 30 mégawatts selon les sites. Une corrélation directe entre la vitesse du vent et la rentabilité La recherche met pour la première fois en évidence l'effet linéaire de la vitesse du vent sur la rentabilité : chaque augmentation de 1 mètre par seconde fait baisser le LCOE de 0,005 dollar/kWh. Cette relation directe confère à Dakhla un avantage structurel majeur. Selon les auteurs, «l'analyse démontre que les disparités régionales sont déterminantes pour l'avenir de l'éolien marocain». L'introduction d'un modèle décisionnel fondé sur la double contrainte «vent/réseau» confère à cette étude une portée qui dépasse les frontières nationales. En soutien à l'objectif fixé par les autorités marocaines de porter à 20 % la part de l'éolien dans le bouquet énergétique d'ici à 2030, ce travail fournit des éléments de chiffrage rigoureux à destination des instances de planification. L'approche proposée pourrait, selon les chercheurs, servir de référence aux pays confrontés à des défis similaires.