Le blog du European Journal of International Law (EJIL:Talk!) observe, dans un billet publié le 22 juillet, une réorientation significative du traitement multilatéral du dossier saharien : la proposition d'autonomie soumise par le Maroc en 2007 tend désormais à s'imposer comme le fondement implicite de tout règlement politique envisagé par les puissances influentes. «Le plan d'autonomie marocain pourrait dès lors s'enraciner plus comme point de départ obligé de toute future négociation sur le Sahara [occidental]», souligne le blog, en évoquant le poids croissant de cette option dans les délibérations du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU). Le Conseil entérine de facto le paradigme marocain Depuis l'adoption de la résolution 1754, le 30 avril 2007, le Conseil de sécurité qualifie systématiquement l'initiative marocaine de «sérieuse et crédible» — une formule reprise, sans altération, dans l'ensemble des résolutions subséquentes. Cette constance terminologique nourrit une interprétation favorable à Rabat. Elle permet, comme le note le EJIL:Talk!, à plusieurs Etats membres du «Groupe des amis du Sahara occidental» (GASO) de «soutenir indirectement la revendication marocaine de souveraineté sur le Sahara occidental tout en affirmant leur adhésion au processus onusien». Cette logique confère un avantage stratégique à la diplomatie marocaine. Elle permet à ses alliés de conjuguer soutien au plan d'autonomie et attachement proclamé au droit à scruter les options possibles, dans une posture que le blog qualifie d'utile dans les enceintes internationales. Les positions occidentales s'alignent progressivement L'analyse retrace avec précision l'évolution des quatre membres occidentaux du GASO. Washington a ouvert la voie en décembre 2020, en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le territoire et en adoubant le plan d'autonomie comme seule solution viable. Madrid a suivi en mars 2022, jugeant cette proposition «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour résoudre le différend. Paris, longtemps favorable sans se déclarer, a franchi un seuil en juillet 2024 : «L'autonomie sous souveraineté marocaine [...] constitue désormais la seule base pour parvenir à une solution juste, durable et négociée», a affirmé M. Macron. Enfin, Londres a opéré un revirement spectaculaire le 1er juin, en plein accord bilatéral sur des infrastructures liées à la Coupe du monde 2030 : «Le plan d'autonomie marocain offre la base la plus crédible, viable et pragmatique pour une résolution durable du différend», a déclaré la diplomatie britannique. Ce changement de cap a été confirmé par un communiqué conjoint, puis précisé au Parlement. Le EJIL:Talk! note cependant que la convergence diplomatique des quatre membres occidentaux du Conseil, hors Russie, est désormais manifeste. Une impasse diplomatique entre autonomie et autodétermination Le blog met en garde contre une impasse structurelle : le Conseil de sécurité semble de plus en plus enfermé dans une dichotomie binaire — la poursuite d'un conflit armé ou l'adoption du projet marocain. Ce cadrage ne serait recevable, souligne-t-on, «que s'il existe une version de l'autonomie susceptible d'être validée par la volonté librement exprimée des populations au Sahara». Autrement dit, une volonté libérée des lectures algériennes. La Russie, seule puissance du Conseil de sécurité à maintenir une lecture orthodoxe du supposé droit à l'autodétermination, poursuit sa politique d'abstention systématique. Elle critique la procédure, le fond et l'opacité des consultations, souvent pilotées par les Etats-Unis en tant que «rédacteur» (penholder) attitré des résolutions. Le EJIL:Talk! conclut en soulignant l'absence persistante d'une voix africaine au sein du GASO. L'Afrique du Sud, forte de son engagement dans l'Assemblée générale et ses mandats passés au Conseil, serait légitime à y siéger. Mais «le Groupe aurait systématiquement opposé une fin de non-recevoir à toute proposition visant à élargir sa composition».