La question du Sahara marocain demeure l'un des différends géopolitiques les plus enracinés et tenaces de l'agenda international. Le soutien des Etats-Unis au plan d'autonomie proposé par Rabat a toutefois constitué un tournant diplomatique majeur, susceptible de redéfinir les équilibres stratégiques, ouvrant la voie à une recalibration de l'action onusienne, selon un récent Policy Brief élaboré par les chercheurs Rida Lyammouri et Fadoua Ammari et publié par le Policy Center For the New South (PCNS). Baptisé « Sahara marocain : le consensus international autour du Plan d'autonomie peut-il enclencher une nouvelle dynamique onusienne ? », le Policy Brief met en exergue l'opportunité actuelle d'une inflexion onusienne, en analysant les signaux positifs à l'ONU et les blocages persistants dans la situation actuelle, notamment le renforcement des positions en faveur de la marocanité du Sahara. Cinquante ans après le début du conflit du Sahara marocain, la situation à l'ONU présente un contraste entre des signaux positifs et un blocage persistant, ont indiqué les chercheurs. D'un côté, le Conseil de sécurité adopte une approche plus pragmatique en soutenant la solution d'autonomie du Maroc, appuyée par plusieurs Etats. De l'autre, le processus diplomatique reste bloqué, le cessez-le-feu est fragile, la MINURSO inefficace, et les négociations stagnent sous l'impasse, ont-ils expliqué. Selon Lyammouri et Ammari, les divisions internes au Conseil, notamment entre majorité favorable à la proposition marocaine et minorités enclines à des positions anciennes, compliquent toute avancée. S'ajoute à cela, l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara, Steffan de Mistura, nommé en 2021, qui n'a pas réussi à relancer les discussions et les négociations entre les parties, accentuant davantage l'enlisement. Cependant, en dehors de l'ONU, une large coalition internationale en faveur de la position marocaine s'est constituée, portée notamment par le soutien renouvelé des Etats-Unis, suivis par de nombreux pays européens, arabes, africains et latino-américains, qui reconnaissent de facto la souveraineté marocaine sur le Sahara, ont-ils rappelé. En outre, de nombreux pays ont retiré ou gelé leur reconnaissance de la « République arabe sahraouie démocratique » (RASD) autoproclamée par le polisario. « Si bien qu'en ce début 2025, plus de 85 % des Etats membres des Nations Unies ne reconnaissent pas l'entité séparatiste du polisario . Ce chiffre éloquent traduit l'érosion constante, presque irréversible, du soutien international au projet séparatiste du polisario », ont avancé les chercheurs. Ils ont affirmé en ce sens que ce consensus favorise la promotion d'un plan d'autonomie comme solution crédible, notamment au sein du Conseil de sécurité. Cette dynamique offre une opportunité pour l'ONU d'orienter le processus vers une résolution multilatérale autour de l'autonomie, mais reste à voir si elle parviendra à transformer cette reconnaissance diplomatique en une action concrète. Et de préciser : « Lorsque 60% des pays du monde, dont plusieurs membres influents du Conseil, considèrent qu'il n'existe pas d'alternative viable à l'autonomie, il devient difficile pour l'ONU de maintenir l'idée que le Sahara marocain peut devenir un Etat indépendant comme option équivalente... Pour les Nations Unies, cela signifie qu'une nouvelle doctrine, ou du moins une nouvelle approche stratégique, pourrait voir le jour concernant le Sahara marocain ». Pour les chercheurs du PCNS, l'ONU doit rompre avec l'attentisme qui a prévalu jusque-là et adopter une approche plus proactive au Sahara marocain, en privilégiant le réalisme et le compromis autour de l'autonomie sous souveraineté marocaine, quitte à abandonner l'option d'un référendum d'autodétermination. « Concrètement, le Secrétaire général et son Envoyé personnel, soutenus par le Conseil, pourraient recentrer explicitement le processus de négociation sur la seule voie réaliste identifiée : celle d'une autonomie sous souveraineté marocaine. Cela implique de clarifier définitivement que l'option d'un référendum d'autodétermination binaire (indépendance ou intégration) n'est plus à l'ordre du jour car inapplicable dans les faits », ont-ils poursuivi. De plus, elle devrait renforcer son implication sur le terrain en soutenant la mise en œuvre de cette autonomie, tout en reconnaissant le rôle central du Maroc dans la stabilité régionale et le développement. Une telle stratégie permettrait de répondre aux enjeux locaux et internationaux, en montrant que l'ONU sait s'adapter à la réalité du terrain et favoriser une solution durable.