La fondation El Hamouti Mohand Elkhadir pour préserver la mémoire de l'Afrique du Nord, gardienne déclarée de l'héritage rifain, a publié dimanche une déclaration virulente condamnant des réunions organisées en Algérie, qu'elle accuse de ressusciter des «projets séparatistes périmés» financés par les revenus des hydrocarbures. Dans son préambule, la fondation affirme avoir suivi «avec une colère extrême et un dégoût profond» des tractations tenues «derrière des portes closes chez la voisine orientale». Ces réunions seraient, selon elle, alimentées par des «fonds de Sonatrach dilapidés pour acheter des loyautés que l'histoire et la terre ont déjà rejetées». Le texte convoque ensuite la figure de Mohand Elkhadir El Hamouti, résistant rifain engagé dans la libération du Maghreb et rescapé de la peine capitale infligée par les autorités espagnoles. La fondation souligne qu'il «consacra son existence à délivrer l'Algérie – qui aujourd'hui héberge, hélas, ceux qui marchandent au nom du Rif – et l'Afrique du Nord du joug colonial». Elle rappelle qu'il «échappa à la guillotine espagnole avec un courage qu'ils ignorent, avant d'être poignardé par des mains 'amies', désarmé et n'ayant pour seule arme que son rêve d'un grand Maroc libre et uni, d'un pays allant de Saïdia à Lagouira en passant par Tanger». Relecture de la «république du Rif» et rejet de l'argument onusien La déclaration s'attaque aux références faites par certains militants exilés à la «république du Rif». La fondation juge qu'il ne s'agissait nullement d'un projet de séparation, mais d'une «flamme de résistance ayant libéré la terre des colonialismes espagnol et français». Elle cite Mohamed Ameziane et Abdelkrim El Khattabi, «qui jamais n'appelèrent à détacher le Rif du reste du pays», mais versèrent leur sang «pour la libération de tout le Maroc». La fondation critique également l'usage de la résolution 1514 de l'ONU par ces militants. Selon elle, ce texte «vise les peuples soumis à une occupation étrangère, et non une nation qui a conquis sa liberté en 1956». Elle martèle que «le Rif constitue un élément constitutif du territoire marocain, aux frontières reconnues internationalement». Dénonciation des exilés et mise en garde contre Alger La fondation s'en prend aussi aux accusations récurrentes sur l'usage d'armes chimiques, rappelant que les bombardements au gaz des années 1920 furent perpétrés par l'Espagne coloniale. Elle insiste sur le fait que «le Maroc, malgré ces blessures, tourne la page dans une volonté réelle de justice et de développement». Cette démarche s'effectuerait, précise-t-elle, «sous contrôle interne et surveillance des instances des droits humains, et non sous chantage de capitales étrangères ni mendicité au nom de la souffrance». Les militants basés à Paris et en Algérie sont qualifiés de «minorité creuse, n'ayant pour elle que le vacarme de la nuisance et la pratique de la vénalité». La fondation affirme que «le véritable Rifain porte en lui l'honneur de la résistance et non le métier de la mendicité ; il a bâti l'autre rive de la Méditerranée par son labeur, et non par des illusions de tribunes stipendiées». Elle met en garde les acteurs extérieurs : «L'unité et la souveraineté du Maroc ne sont pas négociables et ne tremblent pas devant les campagnes d'extorsion». La déclaration poursuit : «Vous jouez avec le feu de la division et vous serez les premiers à vous y brûler». Le texte affirme que le Maroc, «Etat solidement établi», respecte «le droit de protestation légitime et corrige ses propres déséquilibres dans le cadre de ses institutions», mais qu'il «refuse qu'on touche à son intégrité territoriale au profit d'agendas stipendiés qui se réclament de la liberté tout en obéissant à des fidélités d'appareil ayant seulement changé le masque du colonialisme en carte bancaire». Enfin, l'Algérie est directement accusée d'être «celle qui finance aujourd'hui ces spectacles dérisoires avec l'argent de son peuple». La fondation l'accuse de n'avoir «jamais soutenu une véritable résistance», préférant «accueillir les traîtres et marginaliser les survivants des potences espagnoles». Selon elle, «il n'est donc pas surprenant qu'elle ouvre aujourd'hui les bras à ceux qui ont vendu leur cause contre la rente du gaz». Un serment de fidélité à l'unité nationale En conclusion, la fondation avertit «quiconque tenterait de manipuler la cause rifaine» en assurant que la région «demeurera une épine dans la gorge de tout traître et une citadelle de patriotisme et de dignité». Elle se dit «gardienne fidèle de l'unité nationale, de Saïdia à Lagouira», indifférente «aux conférences suspectes ou aux réunions obscures organisées dans des capitales nourries aux braises de la discorde». Le texte conclut que «le Rif, par ses hommes et ses femmes libres, restera rebelle à toute falsification, fidèle au serment des martyrs, d'Ameziane à El Khattabi jusqu'à El Hamouti, ceux qui n'ont tendu la main qu'à une arme face au colonialisme et non à des boîtes d'aumône quémandées dans les couloirs des pressions européennes». La fondation prévient enfin que «tout projet illusoire concocté sous la table du pétrole et du gaz ne sera qu'une poussière que les vents de l'histoire souffleront au visage de ceux qui croyaient le Rif malléable ou négociable».