Confrontées à une envolée des droits de douane américains, plusieurs entreprises indiennes projettent de transférer une partie de leur production vers l'Afrique, notamment au Maroc, afin de préserver leurs débouchés aux Etats-Unis, rapporte Bloomberg. Selon l'agence économique, «les sociétés indiennes cherchent à atténuer les effets des prélèvements imposés par Washington et s'efforcent de trouver des palliatifs pour continuer à approvisionner leurs clients américains.» Les secteurs les plus exposés sont la joaillerie et l'habillement dont les ventes pourraient se contracter de près de 90 % sous l'effet des nouvelles taxes. Toujours d'après Bloomberg, «les exportations indiennes vers les Etats-Unis, leur premier marché, pourraient être réduites de plus de moitié à la suite de l'entrée en vigueur des tarifs relevés.» Les groupes textiles déplacent leurs chaînes vers l'Afrique Un important fournisseur du groupe GAP a confirmé sa stratégie d'adaptation, indiquant que «nous continuerons à développer nos activités en Afrique dans l'hypothèse de droits de douane américains portés à 50 %, même si nous espérons un règlement rapide du différend commercial.» L'entreprise dispose déjà de quatre usines au Kenya et d'une en Ethiopie, deux pays soumis à un taux de 10 % seulement pour leurs exportations textiles vers les Etats-Unis. Un autre acteur majeur du secteur de l'habillement s'efforce de négocier avec ses clients américains afin de rediriger une partie des commandes vers son site éthiopien, estimant que «nous pouvons évidemment transférer certains clients vers l'usine d'Ethiopie.» Dans la joaillerie, une grande société basée à Surat envisage pour sa part un accroissement de ses capacités au Botswana si la hausse tarifaire devait perdurer, selon Reuters. Des incitations africaines et une recomposition des flux Selon Bloomberg, «l'Afrique est apparue comme une alternative crédible, les entreprises indiennes y recherchant des conditions tarifaires plus favorables pour maintenir l'accès au marché américain.» Plusieurs pays, dont l'Ethiopie, le Nigeria, le Botswana et le Maroc, proposent déjà des avantages fiscaux, des exonérations de droits de douane ou de TVA, et développent des zones économiques spéciales pour attirer les investissements. Toujours selon Bloomberg, «les sociétés indiennes doivent renégocier les termes contractuels avec leurs acheteurs américains, alors même que certaines commandes sont différées ou annulées.» Certaines entreprises soulignent toutefois que les clients américains se montrent réticents à accepter des livraisons en provenance d'Ethiopie, en raison du risque de conflits, bien que le coût du travail y soit inférieur d'un tiers à celui de l'Inde. Mais, est-il ajouté, «cet équilibre pourrait évoluer à mesure que l'Inde perd son avantage compétitif avec la hausse des droits de douane.»