La garde civile (corps de gendarmerie espagnol), par l'intermédiaire du Service de protection de la nature (Seprona, unité spécialisée), enquête sur la découverte d'un terrain saturé de rebuts textiles dans la zone industrielle du Zabal, à La Línea de la Concepción (province de Cadix). Selon le quotidien Europa Sur (journal régional andalou), il s'agit du troisième site illégal de ce type mis au jour en moins de deux ans dans le Campo de Gibraltar, ce qui nourrit les soupçons d'une filière transfrontalière en provenance du Maroc. L'enquête a été ouverte le 25 septembr à la suite d'un signalement des agents de l'environnement de la Junte d'Andalousie, le gouvernement autonome régional et d'une plainte déposée par Verdemar Ecologistas en Acción (antenne locale de l'organisation écologiste espagnole éponyme). Dans ce document, auquel Europa Sur a eu accès, l'association fournit les coordonnées précises du terrain et signale que «des camions de grand tonnage» y déposaient régulièrement des monceaux de textiles automobiles, de chutes de tissus, de mousse synthétique et d'autres matériaux analogues. La plainte avertit que l'entassement massif de matières inflammables dans une zone dépourvue de toute homologation représente un péril grave d'incendie, de pullulation parasitaire et de contamination des sols et des eaux souterraines. Les premiers éléments recueillis laissent penser que les personnes visées servaient d'intermédiaires pour une société important ces rebuts depuis le Maroc par le port d'Algésiras (principal port de la baie de Gibraltar), sans disposer des autorisations indispensables au transfert transfrontalier de déchets. La parcelle, en outre, ne bénéficiait d'aucune licence municipale ni régionale pour la gestion de matières résiduelles. Les investigations, toujours en cours, cherchent à établir l'ampleur réelle de l'opération et la responsabilité des individus impliqués. L'information judiciaire ouverte à La Línea de la Concepción devra déterminer les motivations de ce trafic de résidus. Si l'hypothèse économique — éviter le coût élevé du traitement légal des textiles usagés — semble la plus probable, certaines conjectures envisagent également que ces cargaisons servent de paravent à d'autres trafics illicites, notamment de stupéfiants, hypothèse qui n'a cependant pas été confirmée. Chaque année, l'industrie textile mondiale génère plusieurs millions de tonnes de déchets. Le coton, la laine et les fibres synthétiques, lorsqu'ils sont abandonnés dans des dépotoirs clandestins, mettent des décennies, parfois des siècles, à se décomposer. Les textiles naturels dégagent des gaz à effet de serre lors de leur dégradation, tandis que les fibres artificielles libèrent des microplastiques qui imprègnent sols et eaux.