Le Maroc a annoncé son intention de mettre un terme à la production d'électricité à partir du charbon à l'horizon 2040, sous réserve d'un accompagnement financier et technique international. Cette orientation figure dans la nouvelle Contribution déterminée au niveau national (CDN) pour 2035, qui redéfinit les engagements climatiques du royaume dans le cadre de l'accord de Paris. Selon le document soumis par Rabat, «le Maroc s'engage à sortir du charbon d'ici 2040, à condition de bénéficier du soutien et des financements nécessaires pour fermer plus tôt que prévu ses centrales thermiques et honorer ses engagements contractuels». Faute d'un tel appui, le pays prévoit «de réduire l'usage du charbon au cours des années 2040». Le Maroc, rappelle la CDN, «a cessé de planifier de nouvelles centrales à charbon», une orientation confirmée par la ministre de la transition énergétique et du développement durable, Mme Leila Benali. En 2023, le royaume avait déjà rejoint la Powering Past Coal Alliance (PPCA), coalition lancée par le Canada et le Royaume-Uni, dont les membres s'engagent à éliminer progressivement la production d'électricité issue du charbon non équipé de systèmes de captage de carbone et à ne plus construire de nouvelles unités de ce type. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le charbon représentait en 2023 «29,2 % de l'approvisionnement énergétique du pays et 62,2 % de sa production électrique», ce qui en fait une composante essentielle du bouquet énergétique national, largement dépendante des importations. L'AIE précise que «le charbon comptait pour 42 % des émissions de dioxyde de carbone issues de la combustion d'énergie au Maroc en 2022». Malgré cette dépendance, les autorités soulignent leur volonté de réorienter le modèle énergétique national vers des sources plus propres. Mme Benali a affirmé que «la sortie progressive du charbon, combinée à l'expansion rapide des énergies renouvelables, consolidera la sécurité énergétique du Maroc et soutiendra une croissance économique et sociale fondée sur la propreté et la stabilité». Une mutation énergétique adossée à la transition verte mondiale Le royaume projette de «tripler sa capacité en énergies renouvelables pour dépasser 15 gigawatts d'ici 2030», tout en modernisant ses réseaux électriques et en développant des infrastructures de stockage. Ces engagements rejoignent l'appel mondial lancé lors de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP 28) à Dubaï en faveur d'un triplement des capacités renouvelables. La nouvelle CDN, qui prolonge la Stratégie nationale bas carbone à l'horizon 2050, fixe un objectif de «réduction des émissions de gaz à effet de serre de 53 % d'ici 2035 par rapport au scénario de référence», lequel repose sur une évolution des politiques actuelles. Environ 31 % de cet effort dépendra de la disponibilité des financements internationaux. Le texte précise que le Maroc, «grand producteur et exportateur d'engrais», prévoit d'abaisser de «8,35 millions de tonnes d'équivalent CO2» les émissions de son secteur des phosphates d'ici 2035, certaines opérations demeurant conditionnées à des soutiens financiers. Rabat, en outre, œuvre à «réduire les émissions de méthane de 23,5 % à 36,2 % d'ici 2030, puis de 31,7 % à 56,8 % d'ici 2050» dans les secteurs agricole et des déchets. Selon les estimations officielles, «le financement total nécessaire pour les mesures d'atténuation et d'adaptation liées à la mise en œuvre de la CDN 2035 avoisine 96 milliards de dollars» (près de 958 milliards de dirhams). Cette trajectoire, fondée sur une transition progressive et conditionnée à un partage équitable des responsabilités, traduit la volonté du Maroc de demeurer un acteur engagé de la lutte climatique mondiale, tout en préservant les équilibres économiques et énergétiques nationaux.