Des protestations pour s'opposer à la tenue du festival de rai de Sidi Bel Abbes . Mode opératoire de contestation : prière de rue. Ce n'est pas une première, puisque depuis environ un mois, plusieurs manifestations culturelles ont dû être annulées pour des raisons similaires. Prévue initialement le 4 Août, la soirée d'ouverture du festival de rai de Sidi Bel Abbés, au nord-ouest de l'Algérie, a été perturbée par un rassemblement de quelques dizaines d'habitants qui contestaient la tenue de ce festival en faisant la prière en pleine rue. En début de soirée, les individus se sont rassemblés devant la Maison de la Culture Kateb Yacine. La vidéo, publiée par la suite sur les réseaux sociaux, montre les personnes présentes sur les lieux en train d'effectuer la prière du maghreb. Après plusieurs interpellations par les forces de l'ordre, la cérémonie a eu lieu comme prévue. Aux premiers jets de pierres lancés en direction de l'édifice culturel, les forces antiémeute sont intervenues pour disperser la foule dans le calme et procéder à l'interpellation de plusieurs individus. «Six personnes ont été interpellées puis relâchées dans la soirée après avoir été soumises à un examen de situation. Le dispositif policier déployé à l'occasion du festival du raï sera maintenu afin de préserver la quiétude des citoyens et maintenir l'ordre public», a indiqué le chargé de la communication de la sûreté de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Il est important de rappeler que Sidi Bel Abbès est le berceau du rai algérien, d'où l'importance de cet événement annuel. Selon le site Maghreb Emergent, l'origine de cet incident remonte à l'appel au boycott initié sur le compte non officiel « Wilaya de Sidi Bel Abbès », dès le premier août. Il a été repris ensuite par plusieurs pages connues pour leurs influences islamistes, rapporte le site. Un incident similaire s'est produit le 26 juillet dernier. Le festival « Timgad » de Ouargla a annulé un concert de Kader Japonais suite à des protestations de la même forme. Après l'annonce de l'annulation de la 16ème édition du festival de la chanson Amazigh par le maire de Béjaïa, La ONDA (Organisation Nationale des Droits d'Auteurs) a été contrainte d'annuler d'autres concerts prévus en août, pour éviter les mêmes protestations. Les habitants regrettent "des faiblesses dans l'ensemble de l'infrastructure et des services sociaux", d'où les revendications socio-économiques entraînées par l'indignation de certains qui voient en ces événements culturels « un gaspillage« . D'après plusieurs activistes, ce ras-le-bol peut facilement être repris par des islamistes. Car pour plusieurs, le soupçon de manipulation de partis islamistes pèse lourd sur cette affaire. La presse algérienne, quant à elle, voit en ces manifestations la volonté cachée des islamistes de réprimer des actes jugés immoraux. Une indignation qu'on peut clairement ressentir à travers une chronique intitulée « Algéristan en devenir » de Moustapha Hammouche, parue dans le quotidien « Liberté » le 2 août. " Des spectacles ont été annulés dans plusieurs endroits du pays. Ici, par des groupes improvisés de « maintien de l'ordre moral », et là, par décision d'autorités prévoyantes préférant battre en retraite devant la menace de descentes islamistes en colère contre la fête« . On retrouve le même sentiment dans l'article de l'écrivain Kamel Daoud intitulé « Kader Japonais est le problème, le FIS (Front Islamique du Salut) est la solution« , qui rappelle la « bonne vieille méthode d'opposer Islam et Rai ». L'opposition que fait l'écrivain Daoud entre le rai et l'islam rappelle la « décennie noire » des années 90, pendant laquelle la culture était prise pour principale cible et la guerre des islamistes contre le rai faisait rage, entraînant de graves persécutions contre les chanteurs.