Les candidats ont jusqu'au mardi 5 mai prochain pour déposer leurs candidatures. Deux binômes se profilent, dont les programmes s'inscrivent dans la continuité de la présidence sortante. Une campagne menée sur Facebook. Il ne s'agit pas du lancement du dernier album du dernier groupe de musique underground du coin ou encore d'un appel à la solidarité pour une cause quelconque, mais de campagne électorale pour celui qui deviendra le 21 mai prochain le patron des patrons. Dans la situation actuelle, du binôme qui prendra les rênes de la CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc). Voyez-vous, le sujet est des plus sérieux et relève même de l'avenir du tissu économique du pays. Mais, il n'en demeure pas moins que Mohamed Horani, dont la physionomie était encore il y a quelques jours méconnue du grand public, s'offre au regard de tous les internautes, non seulement nationaux mais du monde entier. Précisons que rien ne prouve que ce soit de sa propre initiative, mais de celle d'un supporter qui s'approprie son image et milite pour son mandat. Ceci est une autre histoire. Il n'en demeure pas moins que l'option du support web est un moyen qui compte dans la démarche participative que compte adopter ce duo, constitué par M. Horani et Mohamed Tamer, ce qui est d'ailleurs explicité dans la déclaration du premier : «tout au long de notre campagne, nous allons communiquer au fur et à mesure sur nos propositions et engagements sur le blog officiel ». Du déjà vu… Quant au second binôme, qui comprend Mohamed Chaïbi et Youssef Alaoui, il annonce le lancement officiel du site web pour le 5 mai prochain, le jour du dépôt des candidatures. Si la campagne ne promet pas d'être torride en termes de programme, il reste qu'elle sera tout de même d'un genre nouveau. A ceux qui s'attendent à des débats houleux, comme il est de coutume depuis des années, il semblerait que cette année, l'ambiance soit au fair-play. Nous ne sommes qu'à quelques jours du début des hostilités et aucun des candidats n'a fait de déclaration ou de sortie intempestive. Aussi, quelles sont les forces en présence ? L'une des équipes candidates faisait déjà partie du cénacle de la présidence sortante. Mohamed Chaïbi, candidat à la présidence de la CGEM, est l'actuel vice-président de la confédération. Aux côtés de Moulay Hafid Elalami, ils ont formé ce duo, dans lequel l'un représentait la rupture avec l'ancienne génération, incarnant le golden boy par excellence, et l'autre cette force de l'expérience fondée sur « l'industrie lourde ». Aujourd'hui, c'est le jeunot de l'équipe qui lui servirait d'acolyte. Aussi, c'est sans surprise que Youssef Alaoui annonce: « notre action s'inscrit dans la continuité. Nous avions, durant les trois dernières années, mené plusieurs chantiers ». Président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole, il s'est distingué à maintes reprises par ses prises de position durant les crises qu'a traversées cette activité, notamment en ce qui concerne la grippe aviaire. Ce duo compte bâtir son plan d'action sur la capitalisation des mesures menées auprès de la présidence sortante. « Il n'y a qu'à établir un comparatif entre le bilan de Hassan Chami et celui de My Hafid », souligne-t-il. Et il se plaît à rappeler quelques-unes des réalisations de l'ancien mandat. Sur le plan structurel viennent la restructuration de l'institution, l'augmentation des ressources humaines, notamment en termes de compétences, la construction du nouveau siège…Puis il est question de chiffres: « de 30 millions de DH de ressources annuelles, nous sommes passés durant la dernière assemblée générale de la CGEM, à un résultat de 75 millions de DH ». Au sujet des acquis arrachés aux pouvoirs publics, ils consistent en la baisse de l'IS, le code du travail et son corollaire, le dialogue social, et la formation continue. Et puis comme le précise Youssef Alaoui, cette candidature, c'est également le maintien du rajeunissement des instances, puisque Chaïbi sera secondé par un co-équipier de 44 ans. Il est vrai que la deuxième équipe en présence ne dénote pas par sa jeunesse, mais il reste que le rapprochement entre ces deux candidats interpelle. Pourquoi un opérateur en nouvelles technologies s'associe-t-il à un textilien ? Mohamed Horani rétorque : « je rappelle que nous sommes présidents de deux fédérations importantes de la CGEM, à savoir l'AMITH et l'Apebi. Notre rapprochement est le résultat de notre approche convergente des problématiques du tissu économique du Royaume». Sauf qu'en termes de « puissance », l'Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement (AMITH) n'a guère besoin de siéger à la présidence de la CGEM pour défendre ses intérêts. Que ce soit sur le plan de son organisation ou de ses revendications, l'AMITH a toujours su s'imposer. En tant que secteur pourvoyeur d'empois, elle a su s'adapter aux exigences des marchés émetteurs. Ce qui n'est pas le cas pour l'APEBI, qui reste tout de même une association qui pêche par le nombre moins important des entreprises adhérentes. L'enjeu électoral Revenons à l'enjeu électoral, si le premier binôme traduit une continuité dans la politique générale de la CGEM, les opérateurs pourront-ils opter pour une rupture ? « Notre candidature s'inscrit dans une perspective de renforcement des acquis de la confédération et de l'exploration de nouveaux axes de développement », précise à ce propos M. Horani. Et de préciser par la suite que : « l'engagement de notre binôme dans la course au renouvellement des instances de la CGEM est placé sous le signe : «l'entreprise marocaine : oser et innover». Avec toutefois, une certaine nuance : «la continuité doit aussi prendre en considération le contexte international ». A cette contrainte de taille, à laquelle le duo sortant n'avait pas à s'atteler au début de son mandat, le binôme Chaïbi/Alaoui répond quant à lui que « le candidat à la présidence siège déjà dans la cellule de veille aux cotés de Salaheddine Mézouar, laquelle se réunit mensuellement ». En d'autres termes, l'équipe a déjà un pied dans l'avenir. La deuxième équipe n'est pas en reste, puisque un manifeste intitulé : «Oser et innover » est en cours de finalisation. Le document est présenté comme « une feuille de route triennale de la CGEM », destinée à «inciter l'entreprise marocaine à améliorer sa productivité et sa compétitivité par la création de produits et services authentiquement marocains à très forte valeur ajoutée ». Sur le plan des structures, les deux duos visent à améliorer la représentativité des fédérations et des unités régionales, tant au niveau de la prise de décision que dans la mise en place d'actions. Un air de déjà entendu… Vraisemblablement, l'ère de Moulay Hafid Elalamy n'est pas révolue. Ce dernier pourrait disparaître de l'interface pour devenir l'homme des coulisses. Il sera aux côtés de l'équipe constituée de Mohamed Chaïbi et de Youssef Alaoui, si celle-ci venait à remporter les élections. D'ailleurs, leur victoire se confirme de jour en jour. Comme le fait remarquer Youssef Alaoui : «My Hafid avait déjà annoncé qu'il ne pourrait s'investir complètement dans sa fonction de président de la CGEM que durant trois années ». Ses propres affaires nécessiteraient-elles plus de présence ?