Ce que l'on savait depuis belle lurette, le gouvernement a fini par l'admettre en ce début de semaine. Un retour logique à la raison. Par la voix de l'argentier du Royaume, il a revu officiellement à la baisse le taux de croissance de l'économie nationale au titre de cet exercice 2016. «Sur la base d'une prévision de production céréalière de 33,5 millions quintaux, la valeur ajoutée agricole connaîtra une régression de 7,3% par rapport à 2015, ce qui impactera le taux de croissance», a avoué Mohamed Boussaid. Adieu les 3% prévus dans le cadre de la Loi de Finances 2016. Boussaid parle désormais d'un taux de croissance «au-dessous de 2%». En restant volontairement imprécis sur la prévision réelle du gouvernement, il accrédite parallèlement les pronostics du haut-commissariat au Plan (HCP) et du Centre marocain de conjoncture (CMC). Il y a quelques mois, le HCP, réputé pour la justesse de ses prévisions toujours en déphasage avec celles du gouvernement, annonçait en effet un petit 1,3%. Sauf que c'était sur la base d'une production céréalière de 40 millions de quintaux. Avec 33,5 millions de quintaux prévus, ce taux sera-t-il alors revu à la baisse ? Le CMC, lui aussi, était dans la même fourchette, tablant sur une croissance de 1,2% en termes réels. Avec un taux de croissance si faible, il y a évidemment de quoi afficher grise mine. Surtout, se pose encore une fois la pertinence du modèle économique marocain. Aujourd'hui, malgré toutes les réformes initiées et la mise en orbite des Métiers mondiaux du Maroc, la croissance reste toujours étroitement liée à dame météo. Une bonne année agricole, comme c'était le cas durant la campagne 2014/2015 avec une production céréalière record de 110 millions de quintaux, s'accompagne toujours d'un taux de croissance qui flirte avec les 5%. Un taux qui fond littéralement dès lors que la pluviométrie n'est pas au rendez-vous. Ce n'est évidemment pas avec ces taux de croissance moyens, voire faibles parfois, souvent chahutés par dame météo que le Maroc pourra juguler le problème endémique du chômage, dont le taux s'établit actuellement à 10%.