Incontestablement, l'ombre de Donald Trump plane sur la COP22. Les prises de position du nouveau président des Etats-Unis sur les questions climatiques inquiètent vraisemblablement les participants à cette manifestation planétaire qui se tient à Marrakech. Climatosceptique avéré, Trump, qui qualifie le réchauffement climatique de «canular», pourrait bien faire fi des engagements pris par Washington dans l'Accord de Paris. Comme nous le rappelions dans notre précédente édition, il avait menacé d'«annuler» la ratification par les EtatsUnis de l'Accord de Paris sur le climat s'il était élu. Mais, juste au lendemain de son élection, plusieurs experts avaient laissé entendre qu'il ne pouvait l'annuler, car l'Accord de Paris équivaut à un traité international, lequel ne peut être rompu avant un délai de trois ans, auquel s'ajoute un an de préavis. Ce qui placera Trump à la fin de son mandat de quatre ans, l'Accord de Paris ayant été signé le 4 nombre 2016. Pourtant, actuellement, Donald Trump semble disposer d'une autre alternative que lui confère une faille juridique contenue dans l'Accord de Paris. Certains juristes estiment, en effet, qu'il n'est pas tenu de respecter le délai théorique de 4 ans prévu dans le texte, et ce en dénonçant la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui abrite les négociations, signée en 1992 par les Américains. Dans ce cas, il peut s'affranchir de l'Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre, dans un délai d'un an. Les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre et acteur majeur dans le succès qu'a connu la COP21, seraient de facto exclus des négociations climatiques mondiales. Trump ira-t-il pour autant jusque-là ? Nul ne peut le dire, tant le milliardaire américain, qui endosse difficilement sa nouvelle tunique «blanche», reste imprévisible et versatile. En tout cas, du côté de Marrakech, la sérénité relative qui devait accompagner les travaux de la COP22 semble visiblement très perturbée. Et c'est le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui est venu en sapeur pompier à Marrakech pour tenter de rassurer les acteurs du climat, non sans adresser un message à peine voilé à Donald Trump : le réchauffement climatique est bien réel et le gouvernement Obama fera tout pour concrétiser l'Accord de Paris sur le climat avant que Donald Trump ne soit investi président. Un message clair pour qui sait écouter. Néanmoins, devant le manque de visibilité criard sur ce que compte faire l'administration Trump sur le dossier climatique, les négociateurs américains sont pour l'instant dans une posture bien délicate. Et s'ils défendent bec et ongles l'Accord de Paris, rien ne garantit que Trump et son équipe se plieront aux engagements pris par Washington. Wait and see.