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Entretien : «En plus d'être injuste, la politique fiscale de ces dernières années a été masochiste !»
Publié dans Finances news le 16 - 09 - 2010

* Avant de parler de croissance, le Maroc devrait d’abord lancer le débat sur le modèle économique à adopter.
* On a placé la charrette avant les bœufs en adoptant des plans sectoriaux, au lieu d’une vision plus globale.
* Ramener la compensation à 2 % du PIB est un objectif qui ne dépend pas de la bonne volonté des pouvoirs publics.
* Mener à bien des réformes économiques, financières et sociales, nécessite une forte volonté politique.
* Najib Akesbi, économiste et enseignant-chercheur à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, met le doigt là où ça fait mal.
- Finances News Hebdo : Dans la conjoncture actuelle marquée par les signes de crise, est-il plus judicieux de parler de croissance ou de relance économique ?
- Najib Akesbi : Je parlerais plutôt de développement, qui comprend la croissance mais ne se réduit pas à elle. Je crois que nous avons besoin d’un véritable développement à forte dimension humaine. Certes, nous avons besoin d’un rythme de croissance du PIB plus élevé, mais nous avons encore davantage besoin d’un modèle qui redistribue plus équitablement les richesses produites. Et donc le débat aujourd'hui ne peut se réduire à de simples discussions techniques sur les «modèles de croissance» ou sur les modèles de prévision des taux de croissance. Il est vrai qu'on est consternés par les différences entre les taux de croissance prévisionnels annoncés par différents organismes officiels ou officieux, alors qu'il s'agit bien du même pays et de la même économie ! Discuter de l'origine de tels écarts est nécessaire, mais insuffisant. Ce qu'il faut, c'est un vrai débat sur une vision stratégique globale pour le pays.
- F. N. H. : Cela laisse entendre l’absence de la dimension humaine dans le modèle actuel…
- N. A. : D'abord, disposons-nous déjà d’un modèle économique ? Vous savez, au Cercle d’Analyse Economique de la Fondation Abderrahim Bouabid, nous avons produit, au mois de juillet dernier, un rapport où nous avons essayé de montrer que, malheureusement, notre pays ne dispose pas d’une stratégie de développement économique. Le discours royal du mois de juillet dit qu’il y a une stratégie de développement. Bien. Disons que nous avons là les éléments d’un débat. Alors, engageons-le ! Que chacun avance ses arguments et engageons un débat sérieux sur une telle question.
À mon avis, ce que chacun peut constater, c’est que nous avons des plans mais pas une vision. Chacun reconnaît aujourd’hui qu’il n’y a aucune coordination, aucune cohérence entre la multitude de plans sectoriels qui ont proliféré depuis quelques années. Ils sont même contradictoires sur un certain nombre de points comme celui, par exemple, des ressources naturelles ou financières. Malheureusement, l’addition de ces différents plans ne donne pas une vision d'ensemble ni une stratégie de développement digne de ce nom.
- F.N.H. : Dans son discours lors de la fête du Trône, le Roi a appelé à redoubler d'efforts pour une mise en œuvre optimale des multiples stratégies de développement qui ont été adoptées. Donc, à une meilleure coordination …
- N. A. : Je pense que nous avons besoin plus que d’une simple coordination. Nous avons besoin de refonder les différents plans sectoriels pour les intégrer dans un plan d'ensemble qui tienne compte des ressources du pays dans leur globalité, de ses contraintes et de ses atouts, de son potentiel et de ses ambitions… Au Maroc, on a fait la démarche inverse : on a commencé par multiplier dans le désordre des plans sectoriels, et maintenant on se réveille pour constater que ces plans pèchent par excès d'incohérence ! Or, c’est la démarche inverse qu’on aurait dû suivre : commencer par une vision d'ensemble, puis décliner celle-ci aux niveaux sectoriel et territorial. D'une certaine manière, il s’agit maintenant de remettre les choses à l’endroit.
- F. N. H. : Pour revenir au développement économique, les mesures d’urgence se sont traduites par une détérioration des déficits budgétaires et une pression sur la dette. Quelle est la politique budgétaire qui sera plus adaptée à l’année 2011, tout en tenant compte de la soutenabilité du déficit budgétaire ?
- N. A. : Nous sommes quelques-uns à répéter, depuis plusieurs années, que la politique du gouvernement en matière de finances publiques nous mène droit au mur. Eh bien, nous y sommes maintenant !
En gros, on a réduit les sources de recettes, augmenté les dépenses, et néanmoins laissé croire qu'on pouvait ainsi maintenir le budget de l'Etat en équilibre, voire en excédent ! C’est ce que j’appelle aller droit au mur.
Côté dépenses, on a certes accru le budget d'investissement, ce qui est en soi positif. Encore faut-il ajouter que le vrai problème des investissements publics, aujourd’hui, n’est pas la quantité, mais la qualité. Le problème réside dans le contenu et non dans le contenant. Construire
1.500 km d'autoroutes dans un pays où la moitié du monde rural reste enclavée, faute de simples pistes praticables, se lancer dans l'aventure du TGV alors que le réseau ferroviaire ordinaire reste dans l'état qu'on lui connaît, est-ce raisonnable ? Ce qui m’inquiète vraiment, c’est qu'on soit, en ce moment, en train de programmer des «éléphants blancs» pour les cinq à dix prochaines années ! Même dans le meilleur des cas, on sait que les infrastructures ne sont «rentables» qu’indirectement et à long terme. En tout cas, ce qui est certain, c'est que pour une grande part, ce ne sont pas ces investissements-là qui sont de nature à accélérer rapidement et durablement le rythme de croissance du pays.
- F. N. H. : Il y a la question des dépenses de fonctionnement qui se pose également…
- N. A. : C’est le serpent de mer qui revient régulièrement. Sans pour autant qu'aucune réforme sérieuse n’ait été entamée en la matière…
À commencer par la masse salariale…
- F. N. H. : Justement, lors de l’élaboration de la Loi de Finances, on entend toujours parler des requêtes devenues classiques, à savoir la baisse des impôts phares (IS, TVA, IGR) et des indicateurs traditionnels comme la maîtrise de la dépense ou de la masse salariale. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de réfléchir à d’autres mesures plus innovantes comme sous d'autres cieux ?
- N. A. : En ce qui concerne la masse salariale, allons à l'essentiel : tout le monde sait que la masse salariale, dans la fonction publique, souffre d’abord de l’extrême inégalité des niveaux des salaires qui y prévaut. Cette masse n’est pas élevée parce que le petit fonctionnaire est trop bien payé ou parce qu’il y a trop de fonctionnaires (le tristement célèbre «Départ volontaire à la retraite» est passé par là…). Le vrai problème est l’absence d’une politique salariale qui soit à la fois rationnelle, incitative et équitable.
Que reste-t-il dans les dépenses publiques ? La compensation ? Parlons-en ! Là encore, cela fait des décennies que ce problème se pose, qu’on parle de la réforme de la compensation, et chaque gouvernement qui arrive constitue une commission, commande une étude, puis renvoie tout aux placards… et refile la patate chaude au gouvernement suivant et ainsi de suite !
- F. N. H. : Mais l’actuel gouvernement a déjà entamé une expérience pilote dans ce sens dans certaines régions du Maroc en octroyant une aide directe aux populations démunies. N’est-ce pas là les prémices d’une réelle réforme ?
- N. A. : Le problème avec ce gouvernement c’est qu’il annonce la réforme mais reste au milieu du gué. Il est question, dans la réforme de la compensation, de supprimer les subventions et leur substituer une aide directe aux revenus; et le gouvernement a effectivement lancé une expérience dans la région d'Azilal, mais cela fait près de deux ans que cette expérience avait été lancée. Qui en sait quelque chose et quels enseignements en a-t-on tirés ? Qu’est-ce qu’on attend pour annoncer la réforme grandeur nature ? En attendant, on reste au milieu du gué parce qu'on a mis un bout de pied dans le nouveau système, mais en gardant tout le reste dans l'ancien système, c'est-à-dire en continuant à subventionner les prix de certains produits… De sorte que, pour l'instant, nous cumulons les inconvénients des deux systèmes sans aucun de leurs avantages !
- F. N. H. : Croyez-vous, qu’actuellement, ramener la compensation à
2 % du PIB soit un objectif réalisable ?
- N. A. : Personne ne peut prendre cet objectif au sérieux puisqu’il ne dépend ni de la volonté de notre ministre des Finances ni de celle de qui que ce soit au Maroc. Pour la simple raison que la source du problème est externe et non interne. Fondamentalement, nous payons là le prix de notre dépendance, notamment alimentaire; et le drame de la situation du Maroc, actuellement, est que nous devons subir la hausse des cours mondiaux à un moment où nous sommes plus que jamais dépendants de l’extérieur. Qui peut aujourd’hui prétendre avoir la moindre maîtrise de ces données-là pour s'engager à maintenir le budget de la compensation à 2% du PIB ? Il ne me semble pas sérieux de se fixer un objectif pareil. À moins que «l’alternative» soit le relèvement des prix des produits en question. Dans le contexte actuel, je vous laisse imaginer les conséquences économiques et sociales, voire politiques d’une telle décision…
- F. N. H. : Il y a également le problème de la dette. Pensez-vous qu’elle a sérieusement baissé ?
- N. A. : La dette extérieure a baissé, mais la dette intérieure a explosé ! Le résultat, et puisque nous parlons de finances publiques, est que la pression du service de la dette sur le budget est toujours aussi forte, absorbant bon an mal an près du tiers des recettes.
Pour résumer, on voit bien que, qu'il s'agisse des salaires, de la compensation ou encore de la dette, on est face à des structures extrêmement rigides et qui ne peuvent pas être bouleversées par des «mesurettes» ponctuelles ou conjoncturelles. Des solutions existent, mais elles nécessitent avant tout une ferme volonté politique pour les réaliser.
- F. N. H. : Vous aviez parlé aussi des recettes. Qu'en est-il ?
- N. A. : La politique qu'on a conduite ces dernières années en la matière n'a pas été seulement injuste, inefficace, mais elle défie le bon sens et je dirais même que, d'une certaine manière, elle est masochiste ! Je m'explique. On s'est appliqué à supprimer les sources de recettes fiscales -à coups de baisses des taux et d'exonérations- en réduisant la matière imposable précisément là où celle-ci pouvait encore constituer une assiette fiscale féconde ! On a notamment baissé le taux de l'impôt sur les sociétés de 35 à 30 %, alors qu'on sait très bien que ceux qui paient l'essentiel de cet impôt sont une centaine de grandes entreprises qui réalisent des profits conséquents. Ce fut un cadeau à certains nantis qui n'était justifié ni socialement ni économiquement (que je sache, ni l'investissement privé ni les créations d'emplois n'ont explosé depuis !). Au niveau de l’impôt sur le revenu, on a surtout baissé les taux marginaux qui s'appliquaient aux revenus élevés, c’est-à-dire précisément là où il y a de la matière imposable qu'on peut mettre à contribution tout en améliorant le caractère redistributif du système.
Ce faisant, on n'a pas seulement accentué le caractère régressif et injuste de ces impôts, mais on a aussi scié la branche sur laquelle on était assis ! Je dis bien que, en plus d’être inéquitable, c’est une politique inefficace parce qu’elle interdit maintenant aux responsables -à un moment où ils en ont plus que jamais besoin- de puiser les ressources budgétaires nécessaires là où elles existent.
Plus qu’une erreur, c’est une faute grave que le pays va payer cher et longtemps. D'autant plus que nos gouvernants montrent ainsi, une fois de plus, qu’ils sont toujours en retard d'une guerre ! Car tout de même, la «mode» des baisses d'impôts en Europe et aux Etats-Unis remonte aux années 80 et au début des années 90, au plus fort du néo-libéralisme triomphant et délirant… Mais depuis, le monde s'en est remis ! Aujourd'hui, et surtout après la dernière crise, partout il n'est question que de réhabiliter l'Etat, et l'impôt avec. Par choix ou par nécessité (crise des finances publiques oblige), tous les Etats du monde sont en train de chercher à relever les taux d'imposition, en particulier ceux appliqués aux hauts revenus et aux grandes fortunes. C'est le moment que nos gouvernants ont choisi pour aller à contre-courant… C'est un choix injuste, contre-productif et, disons-le crûment, stupide !
- F. N. H. : Au cas où les pouvoirs publics prôneraient une politique d'austérité, quel en serait l'impact sur l'économie nationale et sur la population ?
- N. A. : Austérité dites-vous, mais pour qui ? La vérité est que la majorité des Marocains vit déjà dans une austérité permanente. La vraie question qu’on doit se poser est la suivante : est-ce que ceux qui ont toujours profité du système, ceux qui ne savent pas ce qu'est l'austérité et qui ont aujourd’hui les moyens de contribuer un peu plus aux efforts collectifs de la nation pour son redressement, est-ce que ceux-là vont accepter de renoncer un tant soit peu à leur opulence et leurs privilèges ?
- F. N. H. : Pensez-vous qu’on dispose d’assez de courage politique pour le faire déjà ?
- N. A. : Le problème n’est pas technique, mais politique. Les solutions existent et on les connaît. Ce qui fait défaut, répétons-le, c’est la volonté politique pour les mettre en œuvre. C’est pour ça que je ne me fais pas d’illusions à ce sujet. Il faut d’abord commencer par une réelle réforme du système politique dans le pays pour être ensuite en mesure d’engager les réformes économiques, sociales et financières qui s'imposent.
- F. N. H. : N’est-il pas opportun d’avoir une politique pérenne et structurelle de gestion des dépenses publiques, au lieu de mesures extrêmes de circonstance ? Autrement dit, le Maroc apprend-il des erreurs du passé ?
- N. A. : Nous revenons à vos questions du début de cet entretien. Ce que nous subissons aujourd’hui est la conséquence directe d’une absence de vision, et donc d'objectifs précis assortis d'une action conséquente et durable. Nous réagissons plus que nous agissons, et nous agissons au jour le jour. Rappelez-vous quand la crise mondiale a éclaté, on a commencé par nous dire que le Maroc n'était pas concerné ! Après, il a bien fallu se rendre à l'évidence et donc reconnaître son impact, mais aussitôt pour en minimiser la portée, parlant même de «résilience» de l'économie marocaine… Maintenant que nous sommes le dos au mur, il faudra attendre le discours du ministre des Finances lors de la présentation de la prochaine Loi de Finances pour découvrir l'artifice qu'on va encore nous sortir…
Tout se passe comme s'il suffisait pour ce gouvernement de «bien communiquer» sur un problème pour qu'il soit résolu ! La Com est devenue une fin en soi ! Le problème, est que, pour cela, nos responsables sont acculés à tricher, notamment sur les chiffres qu'ils manipulent ou falsifient pour être en cohérence avec leurs discours lénifiants. Le dernier exemple en date est le chiffre sur la récolte des céréales avancé au printemps par le ministre de l’Agriculture : 80 millions de quintaux ! Tous les professionnels (agriculteurs, agronomes, agents sur le terrain…) savaient parfaitement que ce chiffre était faux. Et même si le ministre a fini par reconnaître son «optimisme excessif », on peut encore montrer que les 75 millions de quintaux annoncés au cours du mois d'août sont encore au-dessus de la réalité. Du reste, il suffit de prendre la mesure du volume annoncé des importations de céréales pour comprendre… Le problème est qu'on ne triche pas impunément avec un tel chiffre, puisqu'en fait c'est le taux de croissance de l'économie dans son ensemble qui en dépend !
Je voudrais d'ailleurs, si vous le permettez, terminer là-dessus, car en tant qu'enseignant-chercheur, et donc utilisateur assidu de la production statistique dans le pays, je suis très inquiet de l'évolution des choses dans ce domaine, et les fréquentes controverses que suscite la publication des résultats de certaines études (notamment du HCP) ne peuvent tout de même pas être totalement artificielles ou calomnieuses ! Comment voulez-vous accorder du crédit à des résultats partiels et sélectifs, publiés à l'occasion de conférences de presse, sans note méthodologique expliquant comment ils ont été obtenus ? Il y a là une dérive et un réel risque de régression que personne ne peut accepter.


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