Ce vendredi 29 novembre, les férus du 7e art ont rendez-vous avec une nouvelle édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), et dont les activités se poursuivront jusqu'au 7 décembre prochain. Les cinéphiles auront l'occasion de découvrir 98 métrages émanant de 34 pays, réparties sur les différentes sessions de cette 18e mouture du Festival, et dont la compétition officielle n'est que le point d'orgue. Dans cet entretien, Ali Hajji, coordinateur général et membre du comité de sélection du FIFM, nous parle des nouveautés de cette 18e édition du FIFM. 2M.ma: Après l'arrêt du Festival International du Film de Marrakech pendant une année, puis la tenue de sa 17e édition, peut-on dire que le festival a surmonté les difficultés qui avaient provoqué son arrêt? Ali Hajji: Cette année de pause a été bénéfique à plusieurs niveaux. Elle a permis de prendre du recul et de mesurer le chemin parcouru, qui est tout de même considérable. L'édition 2018 a été l'occasion de créer plusieurs nouveaux rendez-vous qui sont venus renforcer le projet, et lui donner encore plus de pertinence et de justesse. On a créé les Ateliers de l'Atlas, qui est la nouvelle plateforme créative du Festival dédiée aux talents d'Afrique et du Moyen Orient. Dès sa première édition, le rendez-vous a connu un grand succès avec la participation de près de 250 professionnels marocains et étrangers. Le film qui a gagné le prix de l'aide à la post production, "143 rue du désert" de Hassan Ferhani, a ensuite été sélectionné au festival de Locarno, où il a été doublement primé. L'année dernière, nous avons également lancé le "Panorama du cinéma marocain" pour permettre aux professionnels étrangers, invités dans le cadre du Festival, de découvrir la production nationale. Plusieurs directeurs, programmateurs de festivals, ainsi que des journalistes ont assisté aux projections de cette section. On a aussi créé un programme "Jeune Public" pour permettre aux plus jeunes de découvrir des films sur grand écran pour la première fois. De plus, nous avons instauré des débats à l'issue des projections des films de la compétition au cinéma Colisée, et des films de la nouvelle section "11e continent", dédiée au cinéma innovant, au musée Yves Saint Laurent. 2M.ma: Plusieurs cinéastes se posent des questions autour du processus de sélection du film marocain qui représente le Royaume dans la compétition officielle. Quels sont ces critères que vous observez dans ce choix ? M. Hajji: Les critères pris en considération pour le choix du film marocain sont les mêmes pour tous les films de la compétition. Nous recherchons toujours les propositions cinématographiques les plus originales et prometteuses, en plus d'exiger que le film soit le premier ou le deuxième de la carrière de son réalisateur, pour que le Festival puisse dénicher les talents de demain et les révéler au grand public. 2M.ma: Parmi les changements qu'a connu le festival, la session "Masterclass" est devenue "In Conversation With". S'agit-il simplement d'un changement de nom, ou également de contenu ? L'exercice s'inscrit dans la continuité du précédent, mais il n'est pas exactement le même. Il s'agit d'une discussion à bâtons rompus avec de grands noms du cinéma, où ils échangent sur leur parcours, partagent des anecdotes et donnent leur vision de leur métier. Ce n'est pas, à proprement parler, une leçon de cinéma mais davantage une discussion qui se fait dans un cadre plus ouvert et plus décontracté. Cette année, compte tenu du succès de ce programme, nous avons décidé de l'intensifier et de proposer encore davantage de conversations avec des stars du cinéma. Nous en proposons 11 cette année, contre 7 en 2018. Parmi les noms qui participeront à "In Conversation With", on retrouvera le grand réalisateur palestinien Elia Suleiman, l'actrice tunisienne Hend Sabry, l'actrice iranienne Golshifteh Farahani, et même l'icône de Bollywood Priyanka Chopra, à laquelle le festival rend hommage cette année sur la Place Jemaa El Fna. J'en profite pour rappeler que l'accès à ces conversations est gratuit. Il suffit de présenter un badge ou un pass journalier, que le grand public peut se procurer via notre site web ou au Théâtre Royal de Marrakech. 2M.ma: Cette édition connaît la participation de l'Arabie Saoudite et le Sénégal, peut-on dire que le festival a décidé de s'ouvrir sur de nouveaux mondes cinématographiques ? M. Hajji: Le festival a toujours présenté une sélection de tous les cinémas du monde. Effectivement, les films en provenance d'Arabie saoudite sont plutôt rares. Celui que nous avons sélectionné en compétition est particulièrement réussi et témoigne d'une grande maîtrise. Les deux films sénégalais que nous présentons sont très forts. C'est une très belle année pour le cinéma d'Afrique et du Moyen Orient. On a pu le constater dans la plupart des sélections des grands festivals internationaux cette année, où le cinéma de notre région était bien représenté. 2M.ma: Ne pensez-vous pas que le festival manque de séances de débats de films, pour favoriser l'échange entre le public, les professionnels et les cinéastes? M.Hajji: L'année dernière, les débats ont connu un très grand succès. C'est pourquoi nous avons décidé d'en organiser beaucoup plus cette année. Il y aura 45 débats au total. Les spectateurs auront ainsi l'occasion d'échanger avec les équipes de films qui feront le déplacement au festival. 2M.ma: En comparaison avec l'année précédente, quelles sont les nouveautés de cette 18e édition ? M. Hajji: Nous avons lancé beaucoup de nouveautés lors de la précédente édition. Nous renouons cette année avec la tradition de rendre hommage à la production cinématographique d'un pays. En 2019, c'est le cinéma australien qui sera à l'honneur avec une importante délégation d'acteurs, réalisateurs et producteurs australiens dont Naomi Watts, Geoffrey Rush, Simon Baker, et autres. Nous avons 25 films australiens au programme, et les membres de la délégation iront dans les salles pour les présenter et participer à des débats avec le public. Comme je l'ai dit précédemment, nous allons augmenter le nombre de débats ainsi que celui des conversations. Pour ce qui est de la 2e édition des Ateliers de l'Atlas, une sélection de 10 projets en développement et de 6 films en postproduction en provenance d'Afrique et du Moyen Orient a été retenue. De même, 6 projets marocains participeront au programme "Regards sur l'Atlas", et 3 cinéastes confirmés dévoileront les premières images de leurs films à des programmateurs de festivals dans le cadre du "Atlas Films Showcase". Les Ateliers mettront également à l'honneur le genre documentaire, en accueillant 4 documentaristes africains invités via le prestigieux festival canadien "Hot Docs".