La 46ème session de l'Académie du Royaume du Maroc qui se tient à Rabat, sur le thème « L'Asie comme horizon de pensée » du 9 au 17 décembre, avec la participation de chercheurs et de spécialistes éminents venus de différents pays et plus particulièrement d'Asie s'est poursuivi ce mardi avec sa première séquence, « La Chine ». La matinée fut consacrée au troisième axe « La Chine et la globalisation ». Présidée par Idriss Dahak, Membre de l'Académie du Royaume du Maroc, la troisième séance a débuté avec l'intervention dans un excellent arabe de Ding Long de la République Populaire de Chine. Le Vice-Doyen de l'Ecole de Langues étrangères à l'Université du Commerce International et de l'économie, qui développa « L'intégration de la globalisation en Chine : Implications pour les pays en voie de développement » Ding Long, après avoir fait un tour d'horizon à propos de l'économique chinoise, a révélé les petits secrets de sa montée en puissance en quatre décennies. « Partie de rien en 1978 la croissance économique a, petit-à-petit permis à la Chine de redevenir une centralité majeure d'abord en Asie orientale puis s'est propagée pour étendre son influence sur le Monde, pour devenir ce qu'elle est actuellement en première ligne (seconde puissance) bien que ces deux dernières années le pays ait pu connaître un ralentissement économique. La stabilité politique est un facteur déterminant », nous dit Ding Long et l'avantage, le plus du modèle chinois, c'est un vaste marché avec ses 1,4 milliard d'habitants. La crise asiatique de 1997 lui a profité également. La politique monétaire de Pékin n'a pas été en reste selon le Vice-Doyen. « Dès l'entrée du 21ème siècle, nous dira-t-il, la donne s'élargit considérablement quand la Chine s'implique économiquement, et diplomatiquement à la recherche de ressources et de nouveaux marchés. Toutefois, il est un bémol quant à l'ouverture aux sociétés occidentales le long de la côte chinoise d'où d'ailleurs son essor économique c'est qu'il a créé des disparités régionales avec l'intérieur du pays. In fine on retiendra cependant cette théorie (une citation du Grand Timonier) + peu importe que le chat soit noir ou blanc l'important c'est qu'il attrape la souris+ ». Le Tunisien Ghazi Ben Ahmed Président de l'Initiative Méditerranéenne pour le Développement, a fait de «la route de la soie numérique, une opportunité pour l'Afrique ». « La priorité n'est pas que les PME africaines développent des outils numériques et algorithmiques mais que des entreprises africaines d'envergure mondiales les produisent afin d'être positionnées sur des segments les plus rentables sur des chaînes de valeur industrielle » a-t-il développé, avant que de céder la parole à l'Italien Enrico Fardella. Ce dernier, Directeur du Centre d'études sur la région méditerranéenne à l'Université de Pékin, prit la parole pour évoquer « l'évolutions du rôle de la Chine en Méditerranée de 2011 à aujourd'hui ». Rachid El Houdaigui, Professeur à Université Abdelmalek Essaadi lui a ensuite emboîté le pas en intervenant sur « Les nouvelles représentations d'influence géostratégique dans le Pacifique ». Son établissement à titre de rappel a installé en 2016, l'Institut Confucius pour l'apprentissage de la langue Chinoise, le troisième à l'échelle nationale. Puis vint le tour du Français Marc Julienne, Chercheur associé Résident Fondation pour la Recherche Stratégique, qui développa quant à lui le thème suivant : Quel modèle de modernité pour la Chine du XXIème siècle ? Photo Youssef Sodor A l'issue de la troisième séance Marc julienne se confia à Hespress FR à propos de l'apport chinois à l'Afrique et de sa position de deuxième puissance commerciale après les Etats-Unis. « Encore une fois je ne suis pas spécialiste de l'Afrique en particulier ni de la Chine en Afrique mais la Chine peut apporter énormément à l'Afrique notamment l'investissement, de la coopération technologique dans l'infrastructure et beaucoup d'autres choses, il y a une montée en puissance c'est évident », soutient-il. Toutefois, nuance notre interlocuteur, « de là à dépasser les Etats-Unis c'est très difficile à dire, ils ont une grande longueur d'avance, la Chine doit arriver à leur niveau. Sur le plan économique c'est possible. Mais sur le plan de la recherche académique, sur le plan militaire et sur beaucoup plus ce sera compliqué pour la Chine. Pour les dépasser il va lui falloir développer d'autres secteurs surtout dans ceux de la prospective».