A l'Académie du Royaume du Maroc de Rabat, la 46ème session ayant pour thème « l'Asie comme horizon de pensée : expériences de modernisation et de développement » en est à sa troisième et dernière séquence ce lundi 16 décembre 2019 et elle est consacrée pour deux jours au Japon après que la semaine dernière, elle fut dédiée à la Chine puis à l'Inde. Photo Youssef Sodor A la séance d'ouverture de cette séquence présidée par Mohamed Essaouri, Professeur de l'Enseignement Supérieur, le Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a souligné que « le but de cette troisième séquence était de mettre en évidence la riche expérience du Japon afin de s'inspirer de sa réussite. L'un des premiers rôles de l'Académie du Royaume étant, de rapprocher les nations, privilégier la réflexion et profiter des expériences de celles qui modernisent leurs sociétés dans les domaines économique, culturel, politique, social et historique ». Photo Jaouad El Kanabi On retiendra aussi cette phrase riche de sens, « le Japon a une civilisation ancestrale qui nous surprend et nous fascine, qu'elle extrait de son patrimoine culturel et traditionnel et dont les éléments réels qui le légitiment sont philosophiques et intellectuels contrairement aux idées reçues qui louent la production industrielle en premier lieu ». Photo Jaouad El Kanabi Les dés jetés, la conférence inaugurale pouvait débuter et c'est le Grand Prêtre de Todai-ji (littéralement « Grand Temple de l'Est » temple bouddhique situé à Nara au Japon), Morimoto Kosei qui l'a lancée. Il a plongé l'assistance dans un magistral cours d'histoire à travers son exposé sur « Le rôle du bouddhisme dans la politique japonaise ». Remontant le temps, il a détaillé l'influence du bouddhisme sur le continent asiatique depuis des millénaires avant qu'il ne fasse son apparition au milieu du VIème siècle au Japon. Puis il a promené la galerie sur ce qu'était le bouddhisme qui tire ses origines d'il y a environ 2 500 ans de l'Inde lorsque Siddhârta Gotama, devenu Bouddha, s'est lui-même réveillé (dans le sens illuminé) en abandonnant son titre de prince pour parcourir le monde. Il a également fait la part des choses entre le shinto ensemble de croyances datant de l'histoire ancienne du Japon mélangeant le polythéisme et l'animiste et le Bouddhisme. Une intéressante entrée en la matière pour cette séance matinale qui se voulait par la suite sous le thème « Le Japon et la Modernisation » que relayèrent Yamushi Masayuki, chercheur et professeur émérite à l'Université de Tokyo spécialiste du Moyen-Orient et de Kiyomitsi Yui sociologue et professeur en sociologie dans plusieurs établissements universitaires de par le monde (Japon, Etats-Unis, France, Hong Kong etc...) ainsi que El Mostafa Rezrazi professeur en relations internationales également dans plusieurs grands établissements universitaires du Maroc (Al-Akhawayne, Mohammed V…) en plus d'être Directeur du Centre africain d'études asiatiques. Photo Youssef Sodor Yamushi Masayuki exposa son thème « Japon 1.0 et la Pax Tokugawana-Leysasu Yogugawa et 430 ans après l'édification de Tokyo » et nous fit, à l'image de Morimoto Kasei une jolie démonstration en divisant le temps du Japon par quatre périodes bien distinctes. Le Japon 1.0, 1853 et les Navires ou Vaisseaux noirs, le Japon 2.0 la modernisation et l'industrialisation sous la restauration de Meiji, le Japon 3.0 où l'après défaite de 1945 qui lui a fait adopter une politique pacifique, qu'il en est devenu une puissance économique, incontournable. Et enfin le Japon actuel de moins en moins sous la tutelle américaine et plutôt tourné vers l'Asie. Photo Youssef Sodor Pour le sociologue et professeur à l'Université de Kobe (« Modernités multiples en comparaison ; le cas du Japon et sa signification dans la modernisation du monde »), le Japon a été le premier pays asiatique en dehors de l'Occident à avoir modernisé son économie, sa société grâce à un processus paradoxal, fait de succès et d'échec, de consistances et de contradictions et qui a été, in fine à la fois une source de fierté et d'humilité. Photo Youssef Sodor Quant à El Mostafa Rezrazi professeur de culture nipponne, heureux d'être parmi ses professeurs, il développa « la modernisation au cœur des représentations mutuelles des Elites du Moyen-Orient et de l'Asie de l'Est. Photo Youssef Sodor