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Au complexe artisanal de l'Oulja, la tradition s'ouvre difficilement sur la modernité
Publié dans Hespress le 28 - 03 - 2021

Salé, nous sommes au complexe artisanal de l'Oulja, appelé aussi "la cité des potiers et vanniers". Au Maroc, ce lieu demeure l'une des grandes références en matière d'artisanat, et réunit une centaine de maâllems (professionnels).
Ces derniers, qui se sont habitués à créer leurs œuvres dans des conditions difficiles, marquées par l'insuffisance des normes de sécurité et de prévention, ont reçu, en juillet dernier , le premier lot de fours à gaz remis par le ministère du Tourisme, du Transport aérien, de l'Artisanat et de l'Economie sociale. Comment se servent-ils de ce cadeau aujourd'hui? nous nous sommes rendus en plein cœur de ce complexe pour y répondre. Reportage.
Tajines, cruches, jarres, taârija, assiettes, bols, cendriers, plats émaillés… On trouve un peu de tout dans ce paradis de la poterie de la région de Rabat- Salé-Kénitra. Ici, une centaine d'artisans qu'on appelle communément "les maâllems" sont en compétition au quotidien. Réalisant les mêmes produits, ils doivent chacun faire preuve de talent. Devant les vitrines des magasins, il est difficile d'imaginer l'intense travail derrière les murs. Ce n'est qu'une fois ces derniers franchis que l'on découvre un univers sombre fait de terre et de feu. Au fond du magasin du maâllem Mustapha, se trouve le grand atelier, l'endroit où l'argile se transforme par la magie des potiers. L'argile prend des formes aussi diverses qu'infinies. Les artisans commencent par la sécher, puis la concasser. Ensuite, la matière est pulvérisée et imbibée d'eau avant de passer à l'étape du lissage. Elle est alors découpée en bandes puis roulée. La matière est enfin prête pour être modelée.
Maâllem Mustapha nous explique que c'est après l'étape du modelage que vient celle de la cuisson, la plus compliquée de tout le processus. Cet artisan fait partie des huit maâllems chanceux qui ont bénéficié du premier lot de fours à gaz remis par le ministère du Tourisme, sauf qu'il n'est pas très optimiste quant à l'idée de s'en servir. D'ailleurs, il l'a placé au milieu de son atelier, en gardant son four traditionnel opérationnel pour toute cuisson. "On les a reçus il y a quelques mois, et en vérité, je préfère continuer à travailler avec mon four traditionnel pour le moment. C'est sans aucun doute dangereux et surtout mauvais pour l'environnement, mais c'est comme ça qu'on a appris à travailler. Il nous faudra beaucoup de temps pour apprendre à le faire avec un four à gaz", nous confie-t-il, n'ignorant pourtant pas les inconvénients des fours traditionnels.
Ahmed, ouvrier chez le maâllem Mustapha, lui, ne semble pas partager l'avis de son patron. Pour lui, le four à gaz doit être opérationnel le plus tôt possible. "Nous avons été soulagés lorsqu'on a reçu ce four qu'on attendait depuis des années déjà. Là, on essaie de convaincre le maâllem de nous donner le feu vert pour l'utiliser", lance-t-il, pelle à la main, poussant des branches d'arbres dans le brasier du four traditionnel. Ces petites branches sont, pour lui, la matière la plus propre qu'on peut utiliser dans la cuisson traditionnelle. "Nous utilisons différentes matières pour la combustion: des pneus, des cartons, et parfois même des déchets hospitaliers. Ça peut vous paraître choquant, mais c'est comme ça!", poursuit Ahmed.
Dans un magasin pas loin de celui du maâllem Mustapha, se trouve celui du maâllem Rachid. Lui aussi a bénéficié d'un four à gaz, et contrairement à son collègue, il l'utilise. "C'est un peu compliqué, pour moi, après tant d'années à utiliser mon four traditionnel", reconnaît-il, pointant du doigt son ancien four. "Ma santé s'est détériorée au fil des années. J'ai consacré toute ma vie à la poterie, je vis de mon savoir-faire depuis 38 ans déjà. Si j'ai bénéficié de ce four, pourquoi je m'en priverais. En plus, il est plus grand, je peux donc y mettre beaucoup plus de pièces en même temps", estime-t-il.
Du travail reste à faire
Rencontré sur place, Driss Sentissi, directeur du complexe artisanal de l'Oulja, nous précise que la question des fours à gaz est d'actualité depuis des années. "Cette histoire de fours à gaz ne date pas d'aujourd'hui, mais de plusieurs années. Ce qui était prévu initialement portait sur la contribution financière des bénéficiaires avec un taux de 20%. Ce n'est plus le cas, aujourd'hui. Les artisans ont reçu ces fours gratuitement, mais, il faut dire que d'autres ont acheté ce four avec leurs propres moyens, estimant qu'il s'agit d'un mode de travail plus sain et plus pratique", nous explique-t-il.
Pour ce directeur, il y a du travail à faire à présent. "Maintenant qu'ils ont reçu ces fours, on est en train de leur faire comprendre qu'il faut les utiliser en les sensibilisant par rapport à la nuisance des matières polluantes utilisées dans la cuisson traditionnelle au niveau du complexe. Les rejets de fumée et cendres épaisses sont toxiques, en raison de la combustion des pneus et de la résine de base pour l'émaillage utilisé dans la poterie culinaire", affirme-t-il.
Du chemin est encore à faire pour adopter les nouveaux fours. Le premier lot a été remis aux potiers du complexe artisanal de l'Oulja en juillet dernier dans le cadre de la mise à niveau environnementale du secteur de la poterie. Sauf que l'utilisation de ce nouvel outil ne semble pas être une tâche aisée pour tout le monde. Parmi les huit bénéficiaires du premier lot des fours à gaz, quelques rares artisans l'utilisent. Une question de temps? Les jours à venir nous le diront.


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