La cinquième édition du Congrès Mondial du Soufisme a trouvé son apogée à Fès du 12 au 13 août, réunissant trente délégations internationales. Le programme a été articulé autour des enjeux contemporains, avec un accent particulier sur la paix et la préservation des patries. Fidèle à sa vocation spirituelle et intellectuelle, la ville de Fès a abrité la cinquième édition du Congrès Mondial du Soufisme, organisée par le Centre académique international d'études soufies et esthétiques (IACSAS). Sous le thème "Science de la purification : édification de l'Homme et préservation des patries", ce congrès a rassemblé plus de 400 conférenciers venus de 30 pays à travers le monde. Parmi les participants, des érudits en provenance du Maroc, du Nigeria, du Tchad, de l'Ethiopie, du Soudan, de l'Egypte, de la Tunisie, de la Jordanie, du Sénégal, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, ainsi que des pays du Moyen-Orient et d'Asie, ont mis en lumière l'importance du modèle marocain. Un modèle fondé sur un Islam modéré, dans lequel le soufisme joue un rôle clé en tant que rempart idéologique contre la radicalisation. Dans la tradition soufie, purifier l'âme revient à préparer le cœur à recevoir la lumière divine. C'est cette quête intérieure que le thème de cette édition illustre, soulignant l'importance de la Tazkiya comme chemin vers l'élévation de l'être. Le soufisme marocain, rappellent les organisateurs, repose sur une architecture spirituelle harmonieuse, articulée autour de la jurisprudence malékite, de la doctrine acharite et de la voie d'al-Junaid. À l'occasion de cet événement empreint de sacralité, le Cheikh Dr Aziz El Kobaiti, Président du Centre Académique International d'Etudes Soufies et Esthétiques, a déclaré : « Nous organisons ce congrès pour discuter principalement de la méthode de purification de l'âme (Tazkiya). Cette approche permet de construire l'individu de l'intérieur, lui offrant l'équilibre spirituel nécessaire pour être productif, actif et contribuer à l'édification de sa nation ». À propos de la participation féminine, Dr Aziz El Kobaiti a précisé : « Les femmes ont toujours contribué à la diffusion de l'Islam. Aujourd'hui encore, elles continuent de jouer ce rôle. Le soufisme se concentre sur l'âme, indépendamment du genre. La femme, par sa spiritualité, est particulièrement apte à s'élever dans les degrés de la perfection, tout comme l'homme. Au Maroc, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans tous les domaines, y compris dans le soufisme. C'est pourquoi nous avons invité plusieurs femmes d'élite pour partager leur vision sur le rôle des femmes dans le soufisme, la production de la connaissance et la paix mondiale ». Ce congrès, qui s'est déroulé sur deux jours, a été marqué par plusieurs séances consacrées à des thématiques essentielles, telles que "le soufisme et la consolidation des valeurs de la citoyenneté agissante", "les Soufis marocains au service de l'Islam", ou encore "le soufisme et le combat pour la purification de l'âme humaine". D'autres sujets ont également été abordés, parmi lesquels "le rôle de la Tazkiya dans l'équilibre entre le matériel et le spirituel" et "le soufisme à la lumière de la psychanalyse clinicienne". Prévenir la radicalisation La prévention de la radicalisation par l'action spirituelle constitue un enjeu majeur dans le contexte des défis contemporains, surtout au sein de ce type de regroupement capable d'exercer une influence positive. C'est dans ce cadre que le Cheikh Dr. Aziz El Kobaiti a expliqué, dans une déclaration accordée à « L'Opinion », que le soufisme représente un modèle de résilience face à l'extrémisme, en rejetant toute forme de violence et en promouvant une approche éthique, ouverte et respectueuse de l'autre. Il a souligné que le soufisme offre une éducation équilibrée, permettant de comprendre le monde sans excès ni violence, et que cette approche est essentielle pour contrer les idées déviantes. Il a également souligné ses efforts soutenus pour promouvoir ces valeurs essentielles à travers une série de conférences organisées au Maroc, qui rassemblent un public nombreux, notamment parmi les jeunes générations. Lors du congrès, le thème du soufisme et du combat pour la purification de l'âme humaine a été largement abordé, mettant en lumière combien cette méthode spirituelle profonde peut jouer un rôle crucial dans la déconstruction de la radicalisation, tant au Maroc que dans le reste du monde. Cette approche, fondée sur la purification intérieure et l'élévation de l'être, apparaît comme un moyen efficace de prévenir la violence et de favoriser une paix durable à l'échelle globale. Soufisme et réinsertion des détenus En réponse à la question sur les programmes de réinsertion des détenus intégrant le soufisme comme outil d'accompagnement, le cheikh a déclaré au micro de « L'Opinion » : « Nous avons développé un programme complet de purification et avons organisé une série de cours destinés aux détenus au Maroc, afin de les initier à l'éducation de leur esprit à travers le soufisme. Le véritable problème réside dans la perte d'identité et la confusion concernant le but de l'existence, des facteurs qui poussent certains individus à commettre des crimes. C'est pourquoi nous les aidons à redécouvrir un sens à leur vie et à travailler sur cette reconquête, tout en supervisant l'éducation de leur esprit ». Interrogé sur la manière d'initier cette nouvelle génération au soufisme, Duwaiem Al-Shuaili, chercheur en civilisation islamique, a déclaré : « Ma suggestion est de s'intéresser à cette génération en intégrant le soufisme dans les écoles et universités en tant que matière fondamentale ». Il souligne ainsi l'importance de transmettre cette richesse spirituelle et éthique dès le plus jeune âge pour en faire une référence essentielle dans la formation des jeunes esprits.