Rabat continue de renforcer sa nouvelle tendance diplomatique sur le continent asiatique, après avoir choisi de se distancer des alignements régionaux et internationaux à la lumière de l'état d' »incertitude » dans le système mondial, qui l'incite à une prudence certaine. Diversifier ses partenariats avec les grandes puissances tel est la voie tracée du Royaume. Le Maroc n'a plus la tête qu'au pôle européen bien au contraire. Ces dernières années, le pays a noué des ponts de communication avec de nouveaux acteurs émergents, qui ont commencé à imposer leur pouvoir sur la scène internationale. L'acteur chinois qui est en concurrence avec les Etats-Unis d'Amérique pour le leadership mondial, en est un. C'est ainsi que dans ce contexte, le Maroc a intensifié ses démarches diplomatiques vers ce pôle chinois après l'émergence de la pandémie « Coronavirus (Covid-19) », alors même que Pékin démontrait sa maestria à contenir les conséquences sanitaires de l'épidémie du coronavirus (Covid-19). Rabat en se rapprochant de l'Empire du milieu a bénéficié de l'expérience chinoise dans la lutte contre la crise sanitaire. En conséquence, le Royaume a intercepté plusieurs envois médicaux de Pékin, notamment des masques de protection et des tests, en plus d'une coopération accrue au niveau politico-diplomatique qui a réuni les superviseurs diplomatiques des deux capitales au plus fort de la pandémie, sans oublier, récemment l'accord bilatéral de participation aux essais cliniques du vaccin. Dans ce contexte, Abdelouahed Oulad Mouloud, chercheur en relations internationales et affaires africaines, a déclaré à Hespress : « La nature des relations entre le Maroc et la Chine n'est pas le résultat d'aujourd'hui en raison de l'émergence de la Covid-19, mais plutôt des changements internationaux avant même cette pandémie ». Oulad Mouloud a ajouté, que « les événements ont forcé les deux parties à approfondir les liens de coopération. Cela peut être vu à la suite de la visite royale en Chine en 2016, qui a été un succès à tous les égards, car elle a été témoin de la signature du partenariat stratégique global entre les deux pays. Un nouveau départ dans la relation bilatérale entre les deux pays ». Aussi dans ce contexte poursuit notre interlocuteur, « Le Maroc étant l'un des pays leaders en Afrique, l'Etat chinois compte sur l'expérience continentale marocaine pour créer un partenariat économique viable », a déclaré le chercheur en relations internationales. « L'intérêt de la Chine pour le continent noir a été inscrit dans les objectifs de l'Initiative la ceinture et la route de la soie lancée par le président chinois en 2013 au niveau de l'Afrique du Nord ». Oulad Mouloud a ajouté, expliquant que « cela a renforcé la croissance des relations maroco-chinoises, ce qui a poussé le Maroc à prendre la décision de lever le visa pour les citoyens chinois. La Chine est devenue par voie de fait la destination économique des Marocains, ainsi que l'achèvement du parcours scolaire de nombreux étudiants marocains ». Le chercheur marocain a souligné que « parallèlement aux changements internationaux, il est naturel que la politique étrangère marocaine qui est ouverte à de nombreux pays du monde ne diversifie ses relations ». Après que le Royaume se soit limité à ses relations traditionnelles entre certains pays, comme les Etats-Unis et la France, il s'est désormais ouvert à d'autres pays, comme la Chine, qui est une puissance mondiale. Et d'ajouter : « C'est ce que l'on a vu depuis le début de la pandémie à travers le pôle chinois. On notera entre autres, l'aide et l'expertise médicale chinoise au Maroc, jusqu'à la conclusion de deux accords de partenariat avec le laboratoire chinois Sinopharm dans le domaine des essais cliniques sur le vaccin contre le coronavirus Covid-19 ». Ce vaccin, selon le ministre marocain des Affaires étrangères, offrira davantage d'opportunités de coopération générale entre le Maroc et la Chine, et apportera également une valeur ajoutée, ainsi qu'un saut qualitatif pour l'avenir des relations maroco-chinoises. Notre interlocuteur a souligné que « l'approche du Maroc à l'égard de la Chine à ce stade épidémiologique peut être qualifiée de bon choix. D'une part, la Chine a accumulé une expérience importante de l'épidémie, et n'a pas hésité à apporter un soutien continu au Maroc, et la diplomatie marocaine a pris pleinement conscience que l'intérêt de son pays est avant tout quelque chose d'autre, ce qui ne le limitait pas à un partenaire spécifique autant qu'il se concentrait sur la multiplicité des partenariats régionaux et internationaux ». Oulad Mouloud a en outre souligné que, « la nature de ces relations internationales, nous renvoie clairement à une politique étrangère marocaine qui ne se limite pas qu'à des relations avec un pays sans l'autre». Et de conclure, « Cela impactera forcément d'une manière ou d'une autre le système international. Cette consolidation du partenariat économique maroco-chinois aura un contrecoup économique, mais également politique et culturel de par le renforcement de cette relation ».