Josep Borrell Haut représentant de l'Union Européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité depuis 2019 a gazouillé sur son Twitter un message tendant à l'apaisement. « Discussion honnête avec le Ministre Bourita. Notre but est d'adresser ensemble les défis auxquels nous faisons face, de trouver une solution pour surmonter les tensions actuelles et préserver le partenariat solide UE-Maroc que nous avons construit au cours des années ». Josep Borrell Fontelles faut-il le rappeler est membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) actuellement à la tête de l'Exécutif espagnol. En février 2020 alors encore MAE de l'Espagne, Josep Borrell louait encore les relations en déclarant dans un interview lors de la visite officielle du Roi Felipe VI et la Reine Letizia que « les politiques de l'Etat doivent être au-dessus des conjonctures politiques. Ainsi, les relations avec le Maroc constituent une priorité et une politique d'Etat indépendamment des partis politiques qui sont au pouvoir ». C'est la politique adoptée par le Maroc également mais qui n'a pas trouvé échos chez le PSOE au pouvoir en Espagne. Deux ans plus tard et c'est le seul socialiste espagnol apparemment, à le faire Borrell, a également défendu les «bonnes relations» entre l'UE et le Maroc, appelant à préserver les rapports entre le Royaume et l'Institution , notamment dans le cadre de la gestion des migrations «dans un esprit de coopération et de dialogue». Par ailleurs l'Organisation patronale espagnole CEOE, l'équivalent de la CGEM a dit ce jeudi toutes ses préoccupations et ses craintes à La Moncloa quant aux entreprises œuvrant au Maroc. L'Exécutif espagnol n'a toujours pas daigné à lui apporter encore de réponses. La CEOE craint en effet, des représailles du Maroc contre les entreprises espagnoles opérant dans le pays. 21 800 entreprises à capitaux espagnols opèrent avec un stock d'investissement cumulé d'environ 8 454 millions d'euros , selon les données ICEX comptabilisées en 2019 (avant la pandémie). Le volume des exportations espagnoles est en jeu. Il est passé de 1,9% en 2011 à 3,0% en 2019 et 2,6% en 2020. En janvier 2021, les exportations espagnoles vers le Maroc s'élevaient déjà à 601 millions d'euros. Des hommes d'affaires ayant des intérêts n'ont de cesse de contacter le gouvernement ces jours-ci en vain, pour demander de l'aide et une couverture contre la tension qui sévit dans les grandes places financières au Maroc. Les entrepreneurs craignent que la crise diplomatique entre les deux gouvernements ne les conduise à trois scénarios possibles : le ralentissement des investissements espagnols dans les grands projets d'infrastructures et touristiques que le Maroc a en cours; que le financement deviennent plus cher pour les hommes d'affaires espagnols qui veulent opérer dans le pays et, troisièmement, la crainte que le Maroc ait déjà ouvert la porte à de grandes entreprises internationales américaines qui, sans porter atteinte à l'hégémonie française, dévorent les terres des entreprises espagnoles. Le mémorandum d'accord établissant un partenariat stratégique entre le Maroc et l'Espagne expire le 16 décembre 2021 et ne pourra être reconduit automatiquement, selon des sources patronales. Le gouvernement espagnol et le gouvernement marocain étaient en négociation pour signer un nouveau cadre financier bilatéral. Le secrétaire d'Etat au Commerce considère le Maroc comme un pays PASE (Pays d'action sectorielle stratégique), dans le cadre de la Stratégie d'internationalisation de l'économie espagnole 2017-2027, pour donner la priorité aux investissements dans des secteurs tels que l'automobile, l'énergie, l'agriculture et l'alimentation. Si les relations entre nos deux pays n'ont pas été canalisées, adieu, veau, vache, couvée tout ira à la Méditerranée.