L'Egypte adopte une position très suspicieuse vis-à-vis de la milice du polisario. Ces derniers mois, Rabat a fermé les yeux sur certaines des pratiques douteuses du régime égyptien, mais il semble que Le Caire cumule les écarts les uns après les autres. L'Egypte fait figure d'exception parmi les pays arabes lorsqu'il s'agit de se mettre à la même table que la milice du polisario représentée par ce qu'elle appelle la « rasd », une pseudo-république installée en territoire algérien. Alors que l'Egypte ne reconnait pas officiellement la « rasd » et soutient l'intégrité territoriale du Maroc, son attitude vis-à-vis de cette entité fantoche qui veut nuire à la souveraineté du Maroc, laisse perplexe. Pour rappel, l'Égypte avait pris part à la conférence ministérielle de soutien au plan d'autonomie sous souveraineté marocaine, organisée sous la présidence marocaine et américaine le 15 janvier 2021. Dans la déclaration finale de cette conférence, les participants se sont engagés « à poursuivre leur appel à trouver une solution basée sur le plan d'autonomie marocain comme seul cadre de résolution du Conflit du Sahara ». De même, dans une interview accordée à Hespress FR, l'ambassadeur égyptien à Rabat avait déclaré fermement que son pays n'avait jamais reconnu la rasd. « Nous en tant qu'Egypte, on a jamais reconnu le polisario, jamais », avait-il déclaré. De manière générale, l'Egypte accepte de partager un événement avec le polisario lorsqu'il s'agit de l'Union africaine puisque l'Algérie avait conspiré pour en faire un membre en 2002 lorsque l'OUA s'était transformée en UA. L'on retrouve encore ce genre de proximités entre Le Caire et le polisario lorsque l'Algérie est mêlée à l'équation et cela a pu être observé lors de réunions militaires. Fin novembre, l'Algérie a accueilli une nouvelle réunion du Comité de Défense de la région d'Afrique du Nord (NARC) qui devait comprendre la participation de plusieurs pays d'Afrique du nord. Par ailleurs, une délégation militaire égyptienne a participé aux côtés d'un groupe de mercenaires du polisario à un exercice militaire organisé par l'Algérie. La Mauritanie et la Tunisie n'ont pas souhaité être mêlées aux activités du NARC deux éditions de suite (la dernière réunion en date remonte à mars dernier), tandis que l'Egypte était présente et a partagé les photos avec les représentants d'une milice. L'Égypte ne trouve aucune gêne à s'asseoir aux côtés du polisario, à participer à des exercices militaires, pire, la dernière manifestation de proximité entre les deux est récente, et remonte aux élections présidentielles égyptiennes qui ont eu lieu entre le 10 et le 12 décembre. Le pays a invité des représentants de la milice à faire partie des observateurs du scrutin dans le cadre d'un groupe d'observateurs de l'Union africaine. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, est attendu au Maroc le 19 décembre pour participer à la 6ème session du Forum arabo-russe, qui se tiendra dans la ville de Marrakech. Le Caire aura certainement l'occasion de discuter, et surtout d'éclaircir sa position officielle sur le sujet.