Pour sauver le reste de son quinquennat, le président français Emmanuel Macron va lancer mardi 15 janvier, le « grand débat national », une consultation nationale pour mettre fin à la crise sociale caractérisée par les gilets jaunes. Dévoilée dimanche au soir, la « Lettre aux français » du président français revient sur plusieurs points qui font ce que la France est, notamment le système social unique qui le caractérise. Sur un ton apaisé, le président montre presque de la compassion et pour une fois, prend le temps de poser un regard réel sur les inégalités sociales et les conditions de vies de certains français qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Cherchant la conciliation, le chef d'Etat a demandé aux Français de se rappeler « qui ils sont » en cette période qu'il a qualifiée « d'interrogations » et « d'incertitudes » et a lancé une série de questions, une trentaine, qui, selon lui devraient animer le « grand débat national » qui doit débuter mardi 15 janvier. « La France n'est pas un pays comme les autres. Le sens des injustices y est plus vif qu'ailleurs. L'exigence d'entraide et de solidarité plus forte. » a-t-il commencé par dire avant d'ajouter, s'adressant aux Français: « je sais, bien sûr, que certains d'entre nous sont aujourd'hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n'offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d'où l'on vient. Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste », indique la lettre. Ce qu'en pensent les éditorialistes français Prévenant que cette lettre et le grand débat national « n'est ni une élection, ni un référendum », le président a cherché à montrer que cette lettre n'était pas un signe de faiblesse et qu'il ne donnait pas raison à ceux qui ont réclamé son départ. Néanmoins, les éditorialistes de l'Hexagone ne le voient pas du même oeil. En effet, la plupart sont d'accord pour voir cette lettre aux français comme un exercice de « rattrapage » risqué dans lequel le président -dont la côte de popularité est en chute libre- s'est lancé, un peu trop tard pour essayer de retrouver la confiance qui lui a été témoignée par les français lors des présidentielles qu'il a remporté en tant qu'outsider. « Avec cette adresse aux Français, le chef de l'Etat est en fait candidat… à sauver les trois ans qu'il lui reste à passer à l'Elysée », déclare l'éditorialiste Paul Quinio de Libération, ajoutant que « l'arrogant Jupiter tente avec ce texte de se mettre à hauteur de rond-point ». Pour Cécile Cornudet des Echos, le président français « se prête à l'exercice du grand débat comme s'il fallait bien en passer par là, mais sans réelle conviction pour le coup », alors que pour le quotidien communiste Humanité, dans cette lettre, Emmanuel Macron a oublié de parler de l'essentiel, « pas un mot sur les salaires, le pouvoir d'achat, mais l'affirmation qu'il ne rétablira pas l'ISF (l'Impôt sur la fortune, ndlr) » a écrit l'éditorialiste Paule Masson. François Ernenwein dans La Croix, estime quant à lui que le président manque de la « crédibilité nécessaire pour convaincre qu'il va vraiment lutter contre les fractures sociales et territoriales en France ». Pour rappel, Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public, qui devait piloter le grand débat lancé par Emmanuel Macron partout en France s'est désistée à cause d'une polémique sur son salaire. Laissant le siège vide pour ce poste important, c'est un duo de ministres qui a été annoncé pour la remplacer. Selon plusieurs sources gouvernementales françaises, ce sont la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la transition écologique Emmanuelle Wargon et le ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu qui assureront l'animation du débat. Lire la lettre intégrale ici.