Le Maroc a franchi mardi une étape décisive dans l'édification d'une filière marocaine du jeu vidéo, avec la signature à Rabat de deux conventions de partenariat entre le ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication (MJCC), le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation (MESRSI), et l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Ces accords, adossés à la stratégie nationale «Maroc Digital 2030», traduisent la volonté publique d'ériger l'économie numérique en pilier de croissance et d'innovation. L'objectif affiché est clair : doter le pays des fondations techniques, pédagogiques et industrielles nécessaires à la constitution d'un écosystème du gaming, capable de capter les flux d'investissement et de faire émerger une génération de créateurs marocains. Des Game Labs dans les universités publiques La première convention, paraphée par le ministre Mehdi Bensaïd et son homologue de l'enseignement supérieur, Azzedine El Midaoui, prévoit l'implantation de Game Labs dans les établissements universitaires publics. Ces laboratoires spécialisés permettront l'introduction de cursus universitaires dédiés au jeu vidéo, à travers des formations diplômantes de type DUT, licence et master. «Le lancement de ces formations, prévu dès septembre 2025 dans les universités de la région Rabat–Salé–Kénitra, sera étendu à l'ensemble du territoire national à partir de la rentrée 2026–2027», a précisé M. El Midaoui. Ce dispositif répond, selon lui, à l'impératif d'adéquation entre l'enseignement supérieur et les évolutions du marché mondial de l'emploi, où le secteur du gaming occupe une place croissante. Trois formations qualifiantes via l'OFPPT La seconde convention, conclue entre M. Bensaïd et la directrice générale de l'OFPPT, Lobna Tricha, prévoit la création de trois parcours de formation qualifiante : caster e-sport, streamer e-sport, et technicien en laboratoire de jeux vidéo. Ces formations seront dispensées dans les établissements de formation professionnelle du Royaume. Mme Tricha a assuré que l'Office mobilisera les infrastructures et équipements nécessaires à l'opérationnalisation de ces cursus. «Des espaces adaptés seront aménagés et dotés des technologies les plus récentes afin de garantir une formation conforme aux standards internationaux», a-t-elle affirmé. Une filière aux potentialités économiques considérables Dans une déclaration à la presse, M. Bensaïd a rappelé que le marché mondial du jeu vidéo a franchi la barre des 300 milliards de dollars de recettes. Il a souligné que «le Maroc aspire à capter une part de cette manne économique en s'appuyant sur ses compétences nationales, en attirant les investissements directs étrangers et en favorisant l'émergence d'entreprises innovantes dans ce domaine». Le ministre a défendu l'idée d'une souveraineté créative marocaine dans ce secteur, en faisant valoir que le gaming constitue non seulement un champ de divertissement, mais également un levier stratégique pour la valorisation des talents, la création d'emplois et le rayonnement culturel.