Réfugiés au Maroc : entre solidarité et défis

Comme chaque année, la Journée mondiale des réfugiés, célébrée le 20 juin, offre un moment de réflexion et de solidarité internationale. A cette occasion, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) au Maroc rend hommage à la résilience, au courage et à l'espoir de millions de femmes, d'hommes et d'enfants contraints de tout abandonner pour échapper aux conflits, aux violences et aux persécutions.
L'édition 2025, placée sous le thème « Pour un monde solidaire avec les personnes réfugiées », rappelle l'urgence d'agir collectivement pour garantir à ces populations un avenir digne. Au-delà de la sensibilisation, cette journée appelle à promouvoir leur inclusion au sein des sociétés d'accueil et à réaffirmer la responsabilité partagée en matière de protection.
©Mounir Mehimdate
Au Maroc, le HCR et le Centre d'Information des Nations Unies (UNIC) à Rabat ont organisé, ce vendredi 20 juin, une conférence de presse afin de mettre en lumière les réalités vécues par les réfugiés sur le territoire national.
« A cette occasion, nous nous rappelons que derrière les statistiques et les chiffres se trouvent des êtres humains, des enfants, des jeunes filles, des garçons, des adultes, des personnes âgées. Ce sont surtout des personnes qui pourraient être vous ou moi. Ces femmes et ces hommes arrivent dans un pays d'accueil avec leurs bagages, leurs croyances, leurs richesses culturelles, leurs langues et leurs compétences », a souligné le représentant du HCR au Maroc, François Reybet-Degat, dans une déclaration à Hespress FR.
Il a ainsi expliqué que comme chaque année, le HCR publie un rapport mondial sur l'état des mobilités forcées. Le rapport 2024 révèle, pour la 13e année consécutive, une augmentation du nombre de personnes déplacées de force à travers le monde. Ce chiffre atteint un nouveau record de 123 millions de personnes, dont 43 millions sont des réfugiés incluant 6 millions de réfugiés palestiniens.
©Mounir Mehimdate
« Ce chiffre témoigne de l'état alarmant de notre monde, marqué par un nombre croissant de conflits, souvent longs et destructeurs. A cela s'ajoute un contexte extrêmement difficile sur le plan humanitaire. Depuis le début de l'année 2025, le HCR fait face à une grave crise de financement qui a contraint l'organisation à réduire sa taille mondiale d'un tiers », a déploré le responsable.
Et d'ajouter : « Au Maroc, l'équipe du HCR, malgré son engagement remarquable, a vu ses effectifs passer de 50 à 34 personnes. Et cela, alors que nous recevons chaque jour entre 80 et 300 personnes, et que nous menons jusqu'à 20.000 entretiens de conseil chaque année. Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile de poursuivre nos missions d'accueil, d'enregistrement et de détermination du statut de réfugié ».
En outre, Reybet-Degat a fait savoir que les témoignages recueillis font état de belles expériences d'inclusion, rendues possibles grâce à la vision royale, aux politiques nationales en matière d'immigration et d'asile, ainsi qu'à une gestion humanisée des frontières. Ces dynamiques positives, a-t-il souligné, permettent à de nombreux réfugiés de trouver leur place au sein de la société marocaine.
©Mounir Mehimdate
Mais ces mêmes voix, a-t-il poursuivi, expriment également une profonde détresse et une extrême précarité, notamment chez les demandeurs d'asile, souvent marqués par des trajectoires d'exil particulièrement violentes, jalonnées d'abus et de souffrances.
« Dans le cadre de politiques ambitieuses, mais avec les moyens limités dont nous disposons, et grâce à l'implication cruciale de la société civile, nous parvenons à offrir un soutien. Mais ce que nous faisons reste insuffisant face à l'ampleur de la détresse qui frappe chaque jour à la porte du HCR », a noté le représentant.
Pour lui, la situation actuelle, au Maroc comme ailleurs dans le monde, exige un renouvellement des engagements et un sursaut collectif. Il a conclu en rappelant que les personnes en quête de refuge, qu'il s'agisse d'enfants, d'adultes ou de personnes âgées, pourraient être n'importe qui, « vous ou moi ».
Rappelons qu'à ce jour, et selon les données de la même agence onusienne, le Maroc accueillie 19.000 réfugiés et demandeurs d'asile, originaires de plus de 59 pays. Ces personnes vivent dans 81 localités à travers le Royaume, s'intègrent dans les écoles, les universités, les entreprises et les hôpitaux, et contribuent activement à la vie sociale et économique du pays.