En mai 2025, l'indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré un recul de 0,4 % par rapport au mois précédent, selon les dernières données publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP). Ce repli s'explique principalement par la baisse marquée des prix des denrées alimentaires, dans un contexte de détente sur certains marchés mondiaux et d'ajustements internes. Sur le seul mois de mai, l'indice des produits alimentaires a reculé de 0,8 %, entraîné par la baisse des prix des légumes (–2,1 %), des poissons et fruits de mer (–1,7 %), des viandes (–1,5 %) et des produits laitiers (–1 %). Une tendance que la légère hausse du poste "café, thé et cacao" (+0,8 %) n'a pas suffi à inverser. Du côté des produits non alimentaires, le repli est resté modéré (–0,1 %), avec toutefois une baisse notable de 2,7 % des prix des carburants, signalant un ajustement des prix à la pompe après plusieurs mois de volatilité. Les disparités territoriales demeurent fortes. La baisse la plus marquée de l'IPC a été enregistrée à Béni-Mellal (–1,5 %), suivie de Safi (–1,2 %), Tanger (–1,1 %) et Kénitra (–0,7 %). À l'inverse, des hausses modestes ont été relevées à Laâyoune (+0,2 %), Al Hoceïma (+0,2 %) et Marrakech (+0,1 %), illustrant la complexité des dynamiques locales de prix. En glissement annuel, l'indice global affiche une hausse de 0,4 % en mai 2025. Celle-ci est portée par une progression de 0,5 % des prix alimentaires et de 0,3 % pour les produits non alimentaires. Certains secteurs, comme les « restaurants et hôtels » (+3,9 %), « les boissons alcoolisées et tabac » (+3,5 %) ou encore « le logement, l'eau et l'électricité » (+2,1 %), continuent de tirer l'indice vers le haut. En revanche, le secteur des transports accuse une baisse significative (–4,3 %), traduisant les effets cumulés de la baisse du coût des carburants et d'une modération de la demande. Lire aussi : Baisse de l'inflation au Maroc : un soulagement en trompe-l'œil pour les ménages L'indicateur d'inflation sous-jacente – qui exclut les produits à prix volatils et les tarifs réglementés – demeure stable d'un mois à l'autre. Il enregistre toutefois une hausse de 1,1 % sur un an. Cette donnée, scrutée par les autorités monétaires pour évaluer les tendances de fond, confirme que les tensions inflationnistes sont loin d'être totalement dissipées, malgré les mesures d'atténuation mises en œuvre. Sur les cinq premiers mois de l'année, la hausse cumulative de l'indice global atteint 1,4 %. Cette moyenne masque des évolutions sectorielles contrastées : les prix des produits alimentaires progressent de 2,3 %, ceux du logement et des services de base de 3,3 %, tandis que le transport recule de 3,1 %. Les services de restauration (+3,9 %) et les biens et services divers (+1,7 %) participent également au renchérissement général. Vers une accalmie durable ? Ce fléchissement de l'indice des prix en mai intervient après une période marquée par des tensions inflationnistes aiguës au cours des deux dernières années. En 2023 et 2024, la flambée des prix de l'énergie, la sécheresse prolongée et les répercussions post-Covid avaient contribué à une inflation persistante, affectant lourdement le pouvoir d'achat des ménages. Mais les signaux actuels suggèrent une forme d'accalmie, que confirment les projections récentes de Bank Al-Maghrib. L'institution prévoit une inflation globale contenue autour de 2 % en 2025, sous réserve de l'évolution des conditions climatiques et des prix internationaux des matières premières. Malgré cette tendance favorable, les économistes appellent à la prudence. « La baisse observée reste ponctuelle et largement attribuable aux fluctuations des prix agricoles, qui dépendent fortement des saisons », souligne un analyste à Rabat. « La véritable question reste celle de la stabilité des prix des services et des produits manufacturés, qui sont davantage liés à la dynamique de l'offre et à la politique monétaire. »