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Amal El Fallah Seghrouchni : "L'IA, une affaire de souveraineté et d'équité"
Publié dans Hespress le 01 - 07 - 2025

Dans l'enceinte futuriste de l'Université Mohammed VI Polytechnique, l'atmosphère était électrique ce mardi matin. Devant un parterre d'experts, d'entrepreneurs et de décideurs, Amal El Fallah Seghrouchni, Ministre de la Transition Numérique et de la Réforme Administrative, a pris la parole avec cette conviction qui la caractérise. La responsable gouvernementale ne mâche jamais ses mots, et cette première édition des Assises nationales de l'intelligence artificielle n'allait pas faire exception.
« L'intelligence artificielle n'est plus cette technologie mystérieuse dont on parle dans les films de science-fiction », lance-t-elle d'emblée, captivant immédiatement son auditoire. « Elle est déjà dans nos hôpitaux, nos écoles, nos banques. La question n'est plus de savoir si nous devons l'adopter, mais comment la maîtriser".
©Ayoub Amar
Trois ans après le lancement de la stratégie « Maroc numérique 2030« , la donne a complètement changé. Ce qui semblait alors révolutionnaire paraît aujourd'hui presque dépassé face à l'accélération vertigineuse de l'IA. La ministre ne cache pas cette réalité : « Nous avons pensé digitalisation, mais le monde nous impose maintenant de penser IA native. C'est un saut quantique que nous devons assumer".
Cette franchise, cette capacité à reconnaître que les paradigmes évoluent plus vite que prévu, tranche avec le discours policé habituel des tribunes officielles. Ici, pas de langue de bois : l'administration marocaine doit se réinventer ou risquer de rater le train de l'histoire. L'approche prônée par le ministère rompt avec la logique des silos. Fini le temps où l'on développait des stratégies sectorielles étanches. « L'IA doit irriguer l'ensemble de notre action publique », insiste la ministre. « De la santé à l'éducation, de l'agriculture au tourisme, chaque politique doit intégrer cette dimension algorithmique".
Mais Amal El Fallah Seghrouchni refuse l'angélisme technologique. Son diagnostic est lucide, presque clinique : l'IA peut être notre meilleur allié comme notre pire ennemi. « Cette technologie amplifie tout », explique-t-elle. « Elle peut démocratiser l'accès aux services publics pour un berger de l'Atlas, comme elle peut exclure définitivement celui qui ne maîtrise pas les codes numériques".
©Ayoub Amar
Cette dualité, la ministre la connaît bien. Ancienne universitaire, elle a vu naître ces algorithmes dans les laboratoires avant de mesurer leur impact sociétal depuis les couloirs du pouvoir. Son expertise lui permet de naviguer entre l'enthousiasme nécessaire et la vigilance indispensable.
Pour contrer les risques d'exclusion, son département mise sur quatre leviers concrets. Premier chantier : déployer des interfaces intelligentes jusque dans les douars les plus reculés. « Nous voulons qu'un citoyen d'Ouarzazate puisse accéder aux mêmes services qu'un Casablancais, sans se déplacer, sans paperasserie kafkaïenne".
Deuxième priorité : l'écosystème entrepreneurial local. « Nous avons des pépites technologiques extraordinaires dans ce pays« , s'enthousiasme la ministre. « Des startups qui développent des solutions d'IA pour l'agriculture saharienne, pour l'alphabétisation en tamazight, pour la microfinance rurale. Il faut les accompagner, les financer, les propulser".
L'annonce fait sensation dans l'assemblée : un projet de loi sur la numérisation et l'IA est en préparation. Mais attention, prévient la ministre, « il ne s'agit pas d'un énième texte technocratique pondu dans les bureaux. Nous travaillons main dans la main avec la CNDP, la DGSI, tous les acteurs qui protègent déjà nos données et notre souveraineté numérique".
©Ayoub Amar
Cette future législation promet de bousculer les habitudes. Transparence des algorithmes, droit à l'explication, mécanismes d'objection... « Nous refusons que des boîtes noires prennent des décisions qui impactent la vie de nos concitoyens« , martèle-t-elle. « L'humain doit rester aux commandes, toujours".
Soudain, le regard de la ministre s'illumine. Elle évoque la Coupe du monde 2030, cet événement planétaire que le Maroc co-organisera. « Imaginez : des stades intelligents, des flux de supporters gérés par IA, des traductions instantanées en berbère, en arabe, en français... C'est notre vitrine technologique mondiale".
Cette vision n'a rien d'utopique pour qui connaît les capacités d'innovation du Royaume. « Nous avons six ans pour transformer cette opportunité en démonstration de force technologique« , calcule-t-elle. « Six ans pour prouver qu'un pays émergent peut maîtriser l'IA mieux que certaines puissances établies".
Mais le Maroc d'Amal El Fallah Seghrouchni ne se contente pas de jouer dans sa cour. La ministre revendique un leadership africain assumé : « Nous participons activement à l'élaboration de la stratégie continentale de l'IA au sein de l'Union africaine. Nous contribuons aux travaux de l'UNESCO sur l'éthique algorithmique".
En conclusion de son intervention, la ministre retrouve cette dimension philosophique qui caractérise les grands moments politiques. « Notre réussite ne se mesurera pas au nombre de brevets déposés ou de licornes créées« , confie-t-elle. « Elle se mesurera à l'amélioration concrète de la vie de chaque Marocain, à la confiance restaurée entre les citoyens et leurs institutions". Cette vision humaniste de la technologie, cette volonté de mettre l'innovation au service du bien commun, voilà peut-être ce qui distingue l'approche marocaine dans un monde où l'IA est trop souvent synonyme de disruption sauvage.


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